Né le 14 avril 1982 à Niamey, Abdoulaye Segda, de son nom d’artiste Djingri Lompo, est un animateur de radio télévision mais aussi un compositeur et un humoriste. Après avoir effectué, les études primaires à l’école Yantala 1, il a poursuivi ses études secondaires au CEG 6 de Niamey, qu’il a quitté de façon précoce en classe de 6ème. Doté de talent exceptionnel depuis sa tendre enfance, Djingri Lompo a entamé sa carrière d’artiste en 2000 en s’investissant dans la musique jusqu’en 2007. De par son attachement aux choses culturelles, il continue à servir et défendre la culture Nigérienne à travers ses œuvres humoristiques qui sont diffusées au cours des émissions Radios et Télévisions.
Dites-nous qui est Djingri Lompo ?
Je me nomme Abdoulaye Segda. Je suis connu avant sous le pseudonyme de Segda Boys quand j’étais artiste rappeur dans les années 2000-2007, mais aujourd’hui, je suis connu sous le nom de Djingri Lompo. Après 2007, je me suis tourné vers l’humour.
Comment êtes-vous arrivés à la musique d’abord et ensuite à la comédie ?
De 2000 à 2007, je faisais le rap et je peux dire qu’à cette époque, j’étais le seul rappeur à produire un album comprenant 12 titres. Je vous rappelle qu’il y avait des artistes chevronnés qui nous ont précédés comme les Lakal Kaney, Djorro Dj, Kamikaz, DLM Out Low, Black Daps, etc. Pour etre précis, j’ai débuté ma carrière de rappeur en 2000 où j’ai produit mon premier et dernier album (donc le seul) composé de douze titres intitulé ‘’Tchi I Sé’’ qui veut dire ‘’Dis Leur’’. C’est un album de dénonciation, instructif, et de sensibilisation. Le concert de vernissage de l’album s’est déroulé le 3 Novembre 2007 au CCFN. Notons qu’à la demande du public, j’ai joué à nouveau à la MJC Diado Sékou. Après avoir animé ces concerts, j’ai compris que la jeunesse aimait Segda Boys.
Malgré le succès enregistré lors de mes concerts, mon objectif visant entre autres à apporter ma modeste contribution à la promotion de la culture, de la paix, et de l’émergence de la jeunesse, est loin d’être atteint. Si j’ai choisi l’humour, c’est une façon pour moi de contribuer à la consolidation de la paix, à la cohésion sociale, et à l’unité nationale au Niger, en Afrique et dans le monde en général.
Vous savez qu’aucun développement ne peut se concrétiser sans la paix. La paix est le socle de l’existence de l’homme. C’est une des raisons qui m’ont motivé à créer le concept Djingri Lompo. En prenant part au Festival Mouve Art en 2008, j’ai remporté le premier prix intitulé « Prix du meilleur rappeur », organisé par des français en partenariat avec Marie Adji qui fut la représentante de tous les artistes nigériens de l’époque à Tillabéry. Ce sont des artistes venus de plusieurs contrées qui y ont participé. C’est à partir de cet instant que j’ai suspendu mes activités musicales afin de me consacrer à une tournée de recherches. Au cours de cette tournée, j’ai sillonné près de 52 villages du Niger. Cela m’a permis d’apprendre 309 proverbes et adages nigériens. Grace à cela, j’ai aussi découvert que le Niger et l’Afrique en général disposent d’énormes richesses culturelles.
Quelles sont les raisons qui vous ont motivés à passer de la musique à l’humour ?
J’ai laissé le rap après avoir effectué une tournée à l’intérieur du pays. J’ai décidé d’exploiter les principales richesses culturelles collectées sur le terrain. C’est pourquoi j’ai créé le groupe théâtral « Les cousins du Niger » qui vise d’abord à amener les populations à s’intéresser à la culture, puis à la revaloriser. Pour moi, le cousinage à plaisanterie, contient beaucoup de valeurs dans nos sociétés, car il peut nous aider à promouvoir la paix, à lutter contre l’ethnocentrisme, etc. Je connais la valeur de la paix et les atrocités de la guerre.
Pourquoi le choix de Djingri Lompo ?
Djingri Lompo est un nom du terroir Gourmantché comme il en existe d’autres noms locaux de certaines localités du Niger. J’estime que pour que mon message relatif au cousinage à plaisanterie puisse être transmis et atteindre mon objectif, il est important de garder mon identité culturelle qui celle de Gourmanthé. Cette ethnie qui est présente au Niger et au Burkina Faso, est perçue comme une des ethnies qui entretient le plus de cousinage avec d’autres ethnies.
Qu’est-ce-qui explique le choix des enfants comme cible privilégiée ?
Si je me suis approché des enfants, c’est parce qu’ils ont aussi la capacité d’écoute, et à travers eux, je peux toucher un grand public et éventuellement sensibiliser les grandes personnes du fait que la parenté à plaisanterie dépasse l’entendement des enfants. Notons que ce sont surtout les adultes dans beaucoup de circonstances qui sont à l’origine des guerres, et les enfants sont seulement victimes. Je transmets des messages sur l’importance de la parenté à plaisanterie afin de contribuer à l’équilibre social entre les principales ethnies du pays, et promouvoir la paix.
Qu’est-ce qui explique le silence de Djingri Lompo sur la scène artistique ?
Mon silence ne veut pas dire que j’ai cessé de produire. Cela se justifie entre autres par des tournées effectuées à l’intérieur du pays et dans des pays de la sous-région. Je peux vous confier que je suis en train de créer une surprise aux populations du Niger et celles de Niamey en particulier à travers les prestations que je compte faire le 31 Décembre et le 1er Janvier prochain. Je n’ai pas terminé ma mission, je cherche à perpétuer mes œuvres et mes pensées, à promouvoir la paix au-delà du Niger, partout dans le monde
Parlez-nous des albums que vous avez réalisés ainsi que les thématiques qui sont développées dans ces albums ?
En ce qui concerne mes albums, j’en ai produit deux, dont le premier est intitulé ‘’Unité Africaine’’, et le deuxième est en gestation. Il sera bientôt diffusé avec non seulement des bonnes chansons, et contient aussi plusieurs diversités musicales entre autres le RNB, la musique Wassoulou, de l’Afro bit, du Coupé décaler, etc. Les thèmes qui sont développés dans ce prochain album sont relatifs à la sensibilisation sur l’éducation, l’unité nationale, la promotion d’une paix durable. Cet album comprend une chanson intitulé ‘’Maman Africa’’. C’est avec ce morceau que j’ai remporté un concours international.
Pourquoi cherchez-vous de plus en plus à vous reconvertir dans la publicité ?
Je peux vous rassurer que la publicité me permet de mobiliser des ressources afin de financer mes autres prestations sachant que la production demande des moyens. Sinon le choix de la publicité n’est pas une option aberrante, c’est aussi un moyen d’exprimer son talent.
Quels sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de votre métier ?
Les difficultés sont énormes, mais mon plus grand souhait, c’est d’endiguer l’ethnocentrisme, les guerres, les crises politiques, pour que la paix règne davantage dans notre pays, en Afrique et partout dans le monde. Les obstacles ne finissent jamais, mais peu importe, mon plus grand obstacle est l’ethnocentrisme, les guerres, les crises politiques. Ma seule vision c’est que la paix règne au Niger et partout dans le monde.
Quel message souhaitez-vous passer à l’endroit du peuple Nigérien ?
Je souhaite et je veux que tous les Nigériens comprennent que je ne fais pas la comédie pour juste faire rire, mais plutôt pour passer un message relatif à la paix. Je veux aussi que les Nigériens continuent à apprendre et à cultiver la tolérance et la patience. Je profite de vos colonnes pour lancer un vibrant appel non seulement aux autorités compétentes en vue de soutenir les artistes dans leurs activités, mais aussi à l’endroit des populations nigériennes de tout mettre en œuvre pour consolider davantage la paix dans notre pays et partout dans le monde.
Propos recueillis par Moumouni Idrissa Abdoul Aziz