Le président de l’Assemblée nationale, SE. Ousseini Tinni, a présidé, hier à l’hôtel Radisson Blu de Niamey l’ouverture du forum parlementaire de sensibilisation sur la migration en Afrique de l’Ouest. L’objectif est de réfléchir sur les mécanismes de leur intervention dans les Etats membres de la CEDEAO. Il s’agira également de connaitre et de s’approprier la politique de la CEDEAO dans le domaine de la migration, de sensibiliser les Etats membres sur les conséquences socioéconomiques de la migration illégale, d’identifier et proposer des pistes de solutions au niveau communautaire. La cérémonie s’est déroulée en présence du président du parlement de la CEDEAO, SE. Moustapha Cissé Lo, de la ministre déléguée auprès du ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des
Nigériens à l’Extérieur, Mme Lamido Ousseini Salamatou Bala Goga, du premier président du parlement de la CEDEAO, M. Ali Nouhoum Diallo, des ambassadeurs et représentants des organisations internationales
accrédités au Niger et de plusieurs invités.
Ce forum intervient après la mission d’information parlementaire de la CEDEAO sur la situation de la migration effectuée du 15 au 19 octobre 2018 dans la région d’Agadez au Niger, constituant le carrefour de passage des migrants, conduite par le président du parlement, SE. Moustapha Cissé Lo.
Dans son intervention, le président du parlement de la CEDEAO a tout d’abord adressé ses remerciements aux plus hautes autorités du Niger avant d’indiquer que, le thème du forum sur la migration qui se tient à Niamey est d’une importance capitale, car il touche à la fois la vie des Etats et de leur population mais surtout la jeunesse africaine. Selon lui, le phénomène migratoire qui chaque jour fait des ravages et crée des victimes sur le continent doit être considéré comme un fléau qui freine le développement des économies des Etats. « Nous devons unir nos forces et redoubler d’efforts pour faire face à cette situation persistante devant une communauté internationale qui, malgré tous ses efforts se trouve souvent désarmée », a-t-il déclaré.
Pour lui, de nombreuses solutions ont été proposées notamment à travers les forums et séminaires de sensibilisation sur les conséquences de la migration auxquels s’ajoutent les accords et traités internationaux mais jusqu’ici la situation est loin d’être définitivement résolue. Cependant SE. Moustapha Cissé Lo, a demandé s’ils doivent se taire ou bien quelles approches novatrices ils devraient tenter. Pour lui, les parlementaires doivent prendre sérieusement cette question en main pour sensibiliser davantage les populations quelque soit le coût.
En ouvrant les travaux, le président de l’Assemblée nationale du Niger, SE. Ousseini Tinni, a expliqué que, la rencontre de Niamey, se propose de débattre de la migration, sujet éminemment pertinent pour son pays, pour les pays de la sous-région et pour l’ensemble des pays du monde. Il a ensuite souligné que, depuis bientôt trois décennies, le fait migratoire, particulièrement son aspect irrégulier, se maintient invariablement à l’agenda des pouvoirs publics. En raison notamment de la charge émotionnelle qu’il charrie et surtout à cause de son impact économique aussi bien pour les pays d’accueil que pour ceux de départ et de transit.
Selon lui, au niveau parlementaire c’est la toute première fois que les députés de la CEDEAO se retrouvent pour réfléchir sur la problématique de la migration. Il était grand temps, en raison de l’ampleur du phénomène qui existait déjà à l’époque de la création de l’institution. « L’Afrique de l’Ouest est la zone qui accueille le plus grand nombre de migrants internes en Afrique, ils seraient ainsi de l’ordre de huit millions. C’était pourquoi, dès le départ, la CEDEAO avait fait de la libre circulation des personnes et des biens l’un de ses principes majeurs, décision grâce à laquelle la gestion des mouvements internes des populations est globalement sous contrôle », a-t-il souligné.
- Ousseini Tinni devait en outre signaler que ce sont près de 7000 migrants par semaine qui passaient par la ville d’Agadez entre 2015-2017, il s’était créé dans cette ville d’Agadez une économie de la migration difficile à reconvertir. Il a rappelé qu’avant l’intervention de la loi criminalisant le trafic de migrants, cette économie parallèle pouvait générer près de 6 milliards de francs CFA par mois. Quant aux passeurs, ils réalisaient en moyenne un chiffre d’affaires d’environ six mille euros par semaines et par personne.
Il a appelé ses collègues de définir les meilleures gouvernances permettant d’éviter que les migrations ne deviennent une nouvelle source d’insécurité pour les pays de provenance, de transit et d’accueil. « La problématique migratoire comporte des enjeux et des défis de divers ordres. Conjuguons donc diplomatie et coopération judiciaire pour mieux l’encadrer. Dans cette occurrence, le député et le parlement se doivent d’être aux avant-postes et jouer de leurs prérogatives et leur leadership pour agir en complément des efforts des gouvernements, au niveau national comme dans un cadre multilatéral», a-t-il dit. (Lire ci-dessous l’intégralité du discours du Président de l’Assemblée du Niger)
Seini Seydou Zakaria(onep)