Le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN-Niger) a organisé le mercredi 24 mars 2021 à Niamey un forum national sur l’imprégnation des hommes et des femmes de Médias en droit de la santé sexuelle et reproductive (DSSR). Au cours de ce forum, les participants ont suivi une communication sur la prise en charge des risques liés à l’avortement, la perception jurisprudentielle islamique sur l’avortement et une communication sur le choix de l’angle dans le traitement des sujets sensibles. Ces communications ont été présentées par Dr Mahamadou Garba, Gynécologue-obstétricien au CHR de Niamey, Cheik Oumarou Elh. Mahaman Bachir, membre de l’Association pour le Dialogue Interreligieux et M Harouna Niandou, journaliste, enseignant et ancien ministre de la République du Niger.
Le 1er communicateur Dr Mahamadou Garba a expliqué les différents types d’avortements et les conditions de leurs survenus. Il a précisé qu’avant de prendre la décision pour un avortement, il faut qu’un certain nombre de conditions se réunissent. Il s’agit entre autres de l’état de santé de l’enfant ou de la mère. «Lorsque l’un d’eux présente un risque de survie à l’autre ou lorsque l’enfant présente un handicap et que la prise en charge pourra causer des difficultés à ses parents, lorsque la mère présente d’autres complications sanitaire telles que, les maladies cardiovasculaires. Tout ceux-ci sont des situations qui peuvent conduire à un avortement, parce que dans tous les cas il s’agit de sauver l’une des vies», a-t-il dit. Dr Mahamadou Garba a évoqué d’autres cas en précisant que jusqu’à présent aucune loi n’autorise l’avortement au Niger.
La deuxième communication a porté sur la perception jurisprudentielle islamique sur l’avortement. Selon Cheik Oumarou Elh. Mahaman Bachir, trois positions se dégagent à ce niveau. La première qui soutient que «pendant la première période de grossesse (40 premiers jours), si l’avortement présente un intérêt juridiquement reconnu ou permet de repousser un éventuel préjudice, il est alors permis». La deuxième quant à elle soutient que «l’avortement n’est pas permis au cours des phases d’adhérence «alaqa» et de «modgha» sauf si une commission médicale fiable stipule que la continuité de la grossesse présente un danger pour la santé de la mère, par exemple si l’on craint pour sa vie. Dans ce cas, et après avoir épuisé tous les moyens pour éviter ces dangers, l’interruption de la grossesse est permise». Et la troisième position est celle qui soutient que, «après la troisième période, au terme de quatre mois de grossesse, l’avortement n’est pas permis jusqu’à ce qu’un groupe de spécialistes fiables jugent que la présence du fœtus dans le ventre de sa mère causera la mort de celle-ci et ce, après épuisement de tous les moyens nécessaires pour le sauver». Cheik Oumarou Elh. Mahaman Bachir a soutenu toutes ces positions par des versets coraniques, la sounna et le consensus des oulémas.
Le troisième communicateur, Harouna Niandou, a, quant à lui, entretenu les participants, sur le choix de l’angle dans le traitement des sujets sensibles. Dans cette communication il a rappelé aux journalistes leurs rôles dans la société. Ensuite, parlant des sujets sensibles, le communicateur a édifié les participants sur comment traiter des sujets délicats et quelle communication pour une société. «Il arrive, quelques fois, hélas, que les sujets que le journaliste traite nécessitent une vérification introspective, un examen de conscience, ou, à tout le moins, un exercice d’équilibriste. En effet, certains sujets tabous ou interdits, délicats ou spécifiques, requièrent, pour sauvegarder ou entretenir le «vivre ensemble» des précautions inouïes, un langage raffiné, une précision d’orfèvre et des expressions appropriées pour les exposer au public. C’est ici que l’on est amené à apprécier, à juste titre, la qualité du journaliste. La question qui se pose alors est comment recueillir, traiter et diffuser l’information quelle que soit la nature de celle-ci ? Ou bien comment le journaliste doit-il agir, et que faut-il pour qu’il réussisse à «faire passer la pilule», comme on le dit dans le langage populaire», a-t-il expliqué.
Parlant de la thématique proprement dite de ce forum, M. Harouna Niandou souligne qu’elle pose bien le problème d’éthique religieuse, de morale tout court plus que de qualification professionnelle. «Pour traiter ces genres de sujet, le journaliste devient alors «diplomate», c’est-à-dire qu’il est dans l’obligation d’emprunter un langage plein de souplesse, d’exemples convaincants, d’images rassurantes et d’avoir un talent oratoire et/ou une plume qui ne dérape pas», estime M. Niandou.
A l’issue des travaux, les participants ont recommandé à l’IPAS et au REMAPSEN de multiplier des formations et ateliers regroupant les leaders religieux, la société civile et les hommes des médias sur les questions de la santé sexuelle et reproductive ; d’associer les acteurs de l’intérieur du pays à toutes les formations. A l’Etat, les participants au forum on recommandé de faciliter l’accès des médias à l’information sur toutes les questions de la santé de la population, notamment les DSSR. Aux journalistes et animateurs, le forum a recommandé d’accentuer les productions sur les thématiques préoccupantes et de privilégier les témoignages de spécialistes dans toutes les productions surtout sur des thématiques sensibles.
Ali Maman(onep)