Le foyer féminin est un établissement éducatif et social dont les prestations visent à renforcer les capacités des jeunes filles et femmes en vue de faciliter leur insertion socioéconomique. Ces dernières années au Niger, ces foyers d’apprentissages accueillent de plus en plus de femmes et jeunes filles afin de les initier aux travaux manuels que sont la broderie, la cuisine, la coupe et la couture, la transformation agro-alimentaire. C’est le cas du foyer féminin Djamila.
Au niveau de ce centre, Mme Ouma Djamila Dicko, Directrice Générale et fondatrice, explique que le foyer Djamila est créé il y’a 35 ans pour aider les filles et femmes vulnérables et orphelines. «Mon foyer est une entreprise sociale, je récupère des filles et femmes de 14 à 35 ans, déscolarisées et non scolarisées et celles qui sont en difficultés financières dans leur foyer pour les former et leur trouver un nouvel emploi afin qu’elles puissent subvenir à leurs besoins et contribuer ainsi au développement économique du pays». Situé au quartier Soni, ce foyer, explique t’elle, dispose d’un programme adéquat à chaque catégorie, la formation comprend deux volets notamment une formation théorique qui comprend plusieurs thèmes tels que les bonnes manières, l’hygiène de la femme, santé sexuelle et reproductive, maladies sexuellement transmissibles…
Aussi, une formation pratique en différentes activités génératrices de revenus à savoir le tricotage, arts ménagers (confection d’objet de décoration intérieure), la coupe et la couture, la cuisine et la transformation agro-alimentaire. Il y’a également des cours d’alphabétisation qui sont dispensés régulièrement aux femmes et filles dans le but d’améliorer leur niveau de savoir et de connaissances, afin de leur donner une base pour qu’elles puissent s’en sortir une fois sur le terrain. Tous ces programmes sont dispensés par 4 formateurs dont un homme et 3 femmes. Selon Mme Djamila, en temps normal, l’inscription est à 10 mille F CFA, mais pour celle qui n’a pas les moyens, a-t-elle précisé, « je la prends également ». Cette année, elles sont au total 195 filles/ femmes et 15 anciennes.
En partenariat avec le FAFPA, des séances pratiques de courte durée sont souvent organisées dans d’autres quartiers, a expliqué la fondatrice.
L’apprentissage au niveau de ce foyer dure 2 à 3 ans et est sanctionné par un diplôme « mais aujourd’hui il y a des filles intelligentes, qui en deux trois mois déjà et maximum 4 savent déjà tout faire », a-t-elle dit. Aussi, a-t-elle ajouté, la plupart des filles ne restent pas jusqu’à la fin de la formation, certaines pressées de gagner leur pain quittent à trois ou quatre mois de formation parce qu’elles préfèrent se lancer. « Comme nous avons compris cela, nous avons adapté une stratégie : celle de leur donner la base, on leur apprend des choses faciles, les techniques pour apprendre rapidement pour qu’elles puissent s’en sortir même si elles quittent », a soutenu la fondatrice.
La fondatrice du Foyer Féminin Djamila a évoqué quelques difficultés auxquelles le foyer fait face, qui sont entre autres, le manque de matériel de travail et le manque d’accompagnement des filles en fin de formation : « j’ai actuellement une promotion qui sortira le 02 février prochain, et nous n’avons aucun accompagnement pour ces filles », a-t-elle déploré avant d’ajouter « Nous lançons un appel à l’endroit de l’Etat et des bonnes volonté afin qu’ils puissent doter notre foyer de machines à coudre ».
Mme Hadiza Abdou, âgée de 36 ans et apprenante au foyer, a indiqué qu’elle est venue apprendre afin qu’elle puisse gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa famille. « Lorsque j’étais venue dans ce foyer il y’a trois mois, je ne savais rien faire ; aujourd’hui grâce à la formation, je couds des habits pour moi et pour les enfants », a-t-elle soutenue. Mariama Moussa, une autre apprenante au Foyer Djamila a quant ’a-t-elle remercié la fondatrice et tous les autres formateurs qui lui ont appris à coudre ; « je ne dépense plus de l’argent chez les tailleurs car depuis que je suis dans ce foyer, je fais mes coutures moi-même », s’est-elle réjouie.
Un autre foyer qui contribue à lutter contre l’oisiveté des filles et femmes et à favoriser leur autonomisation économique voire même leur indépendance financière est le foyer féminin Garba Hassan.
Le foyer Garba Hassan est dirigé par Mme Halima Mamane. Situé dans la caserne Garba Hassan ( camp 6eme), ce foyer a été créé en 1962, dans le but de contribuer à l’autonomisation des familles des militaires en général, des filles, femmes mariées, veuves et orphelines du camp ainsi que des filles des quartiers environnants (Gamkallé, Saga, Talladjé, etc.) à travers l’apprentissage des activités génératrices de revenus. « Nous formons des jeunes filles et femmes à la couture, au tricotage, broderie des draps, en cuisine et en puériculture », a expliqué la directrice.
Selon elle, l’inscription au niveau de ce foyer est de 15000f par an. Avec une tenue exigée tous les jours, jupe bleu marine et une chemise blanche sauf les jours de cuisine puisque c’est salissant, là, chacune est libre de porter ce qu’elle veut, a-t-elle expliqué. La formation est d’une durée de trois ans et est sanctionnée par un diplôme reconnu au niveau national qui est délivré à l’issue d’un concours organisé par le ministère de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant. Aussi, a-t-elle poursuivi, l’année dernière, 55 élèves se sont inscrites de la première année à la troisième année dont 11 élèves en troisièmes années admises au concours de fin de cycle. Les encadreurs sont au nombre de 8 qui sont payés par l’intendance militaire. La principale difficulté de ce centre, selon Mme Halima, c’est le manque de matériels de couture et de cuisine, à savoir des machines de couture, des cuisinières et des mixeurs. « Tous les matériels sont défectueux et ont été payés par le foyer parce que nous n’arrivons pas à avoir des financements auprès des ONG », a déploré la directrice du Foyer Féminin Garba Hassan.
Par Aminatou Seydou Harouna(onep)