Agadez, la cité de l’Aïr, regorge de cultures et traditions diverses parmi lesquelles « kouskous », une cérémonie culturelle qui se pratique généralement à la veille d’un baptême. Elle est organisée par la famille paternelle, qui est considérée comme ayant tous les droits sur l’enfant, dans l’objectif de préserver la maman et son bébé du mauvais œil et des djinns. C’est une occasion pour la famille et les amis de se retrouver dans la joie et la gaieté pour renforcer la cohésion sociale.
Il est important de savoir qu’il y a une différence entre le « couscous » qui est un plat culinaire très prisé dans la zone, et le « Kouskous » qui est une cérémonie culturelle. Comme l’a notifié la traditionnaliste Ghaicha, « le kouskous est une pratique cérémoniale ancrée depuis des lustres dans la tradition agadezienne. Les Agadéziens la pratiquaient depuis la nuit des temps ». Ainsi, lorsque la femme accouche, les anciens de la famille préparent comme de coutume le kouskous la veille du baptême. « La cérémonie est organisée entre 16 h et 17h chez la nouvelle maman au cours de laquelle cette dernière se prépare et s’assoit sur un lit en bois ou un matelas pour recevoir la famille du mari», souligne Ghaicha.
Par ailleurs, elle a expliqué que les deux familles exercent chacune des tâches spécifiques. La famille de la mère de l’enfant se charge d’apporter tout le nécessaire contribuant ainsi aux préparatifs du kouskous ; les femmes viennent toutes en habits traditionnels. Quant à la famille du mari, elle prépare à manger pour les invités. En effet, Ghaicha explique qu’on prépare le bébé en le parfumant, puis on choisit une femme du côté du père qui se charge de le prendre dans ses mains tout en exécutant des pas de danse. « Deux femmes prennent un encensoir en argile contenant de l’encens pour parfumer tous les lieux de la cérémonie jusqu’à la chambre de la parturiente », a-t-elle expliqué. On désigne ensuite sept (7) autres femmes toujours de la famille paternelle, qui vont partager un balai en sept (7), chacune prend une partie et elles exécutent les pas de danse en chantant en Tamasheq, dans une procession, mettant ainsi celle qui porte le bébé au-devant, suivies des deux femmes ayant les encensoirs et puis viennent dernièrement les sept tenant les balais.
Quant à la jeune maman, elle couvre son corps et s’installe sur un lit en bois ou un matelas dans sa chambre ; une fois que ces femmes arrivent devant elle, les sept femmes tenant le balai, toujours en chantant différentes chansons tamasheqs, frappent sur le matelas avec le balai, puis retournent dehors en effectuant cela sept fois de suite. Après ces sept tours, elles rassemblent le balai et prennent place pour le repas familial. Il est également essentiel de savoir que cette pratique coutumière, dans son intégralité, se passe chez les Agadéziens exclusivement. « Si le père du bébé est natif d’Agadez, il se doit de faire revivre cette pratique du kouskous et si c’est la mère qui est d’Agadez, cela se fait chez ses parents. Mais bien sûr, il ne manque pas des exceptions. Car, on voit des non-Agadéziens qui tombent sous le charme de cette coutume du kouskous et demandent aux Agadéziennes de leur faire de même la veille du baptême de leurs enfants », a conclu la traditionnaliste Ghaicha.
Iro A. Hadiza (Stagiaire)