Abuja, la capitale fédérale du Nigeria a accueilli, du 20 au 21 juin 2022, une réunion tripartite sur la mise en œuvre du Projet de Gazoduc Transsaharien (TSGP) Nigeria-Niger-Algérie. La réunion a notamment regroupé le Ministre du Pétrole du Niger, M. Mahamane Sani MAHAMADOU, le Ministre de l’Energie et des Mines de l’Algérie, M. Mohamed ARKAB, et le Ministre Délégué aux Ressources Pétrolières du Nigeria, M. Timipre SYLVA. Les Directeurs Généraux des Sociétés Nationales Pétrolières (SONIDEP pour le Niger, NNPC pour le Nigeria et Sonatrach pour l’Algérie), Sponsors du Projet, ont également pris part à la réunion.
La réunion a pour objectifs d’installer une Task-force et de définir le cadre de la réactualisation de l’étude de faisabilité du projet. Elle fait suite, note-t-on, à celle tenue, le 16 février 2022 à Niamey, en marge du 3ème Forum des Mines et du Pétrole de la CEDEAO (ECOMOF 2022), qui avait relancé ce projet dont l’idée a germé dans les années 1980 et qui a conduit à la signature, le 3 juillet 2009 par les Gouvernements du Niger, du Nigeria et de l’Algérie, d’un accord pour concrétiser sa mise en œuvre.
La réunion de Niamey de Février 2022, faut-il le rappeler, avait été axée sur la relance de cet important projet. La rencontre avait été sanctionnée par la signature d’une Déclaration dite « de Niamey », qui avait notamment décidé de la mise en place d’une Task-Force qui se réunira régulièrement pour faire aboutir le projet.
A l’ouverture de la réunion d’Abuja, le Ministre du Pétrole du Niger Mahamane Sani MAHAMADOU s’est réjoui du souffle nouveau impulsé par la réunion de Niamey au Projet du TransSaharian Gas Pipeline (TSGP), « un projet structurant africain, intégrateur et pourvoyeur de grande valeur économique ».
Le Ministre du Pétrole a ensuite fait observer que la réunion d’Abuja, quant à elle, matérialise la volonté des trois pays qui ont « fait le choix de mettre en commun toutes les énergies et les intelligences nécessaires pour redémarrer ce projet et l’amener à bon port ».
Il a, en outre, indiqué qu’il s’agira désormais de « travailler avec la célérité nécessaire pour franchir les paliers importants, qui nous permettront de consolider notre volonté commune de faire aboutir ce Projet », en saisissant notamment « cette opportunité rarissime que nous offrent les mutations en cours dans le monde ».
Le fait est que, a conclu le Ministre Mahamane Sani MAHAMADOU, « ce projet a une importance particulière pour le Niger, où le taux d’accès à l’électricité est bas et l’énergie conventionnelle coûte chère ». Selon lui, il va donc permettre de mettre en valeur le potentiel gazier de notre pays, tout en favorisant un meilleur accès à l’énergie et un abaissement considérable de son coût.
Quant au Ministre de l’Energie et des Mines de l’Algérie Mohamed ARKAB, il a salué la tenue de la rencontre d’Abuja, qui démontre la volonté des trois pays de rendre opérationnel le Projet du Gazoduc TransSaharien » à un moment où le gaz se présente comme l’énergie d’excellence pour assurer la transition énergétique.
Selon lui, le TSGP, en plus de ses nombreux avantages aussi bien pour le développement local que dans la consolidation des infrastructures existantes et la forte intégration du contenu local, sera cette nouvelle source d’approvisionnement pour le mix énergétique futur. En tant qu’infrastructure régionale de portée internationale, il jouera un rôle majeur dans l’émergence du marché africain de l’énergie.
Pour sa part, le Ministre Délégué aux Ressources Pétrolières du Nigeria, Chief Timipre SYLVA, s’est beaucoup attardé sur l’importance de ce projet pour son pays, le Nigeria, qui est un grand producteur de gaz, mais aussi du fait qu’il porte en lui le symbole de l’intégration africaine et internationale.
A l’issue de la première journée de travail, des progrès importants ont été observés
à travers des décisions concrètes, notamment la constitution d’une Task-force sur le Projet, ainsi que la désignation de l’entité chargée de la réactualisation de l’étude de faisabilité. Toutes ces activités vont être chapotées par un Comité de pilotage constitué des Ministres et des Directeurs Généraux des sociétés nationales des trois pays.
La journée du 21 juin 2022 a, elle, été consacrée aux discussions techniques par la Task-force nouvellement installée. Ces discussions ont abouti à dégager une feuille de route sur les étapes à suivre.
Les Ministres se réuniront prochainement à Alger, en fin juillet 2022, pour valider les propositions de la Task-force.
Ce projet a une importance particulière pour le Niger. En effet, il permettra à notre pays de mettre en valeur son potentiel en gaz, et favorisera la création d’industries pétrochimiques et des engrais chimiques. Toutes ces activités vont permettre le développement du tissu économique et la création de plusieurs centaines d’emplois.
Le TSGP est avant tout un Projet viable, qui bénéficie de plusieurs facteurs favorisant l’expertise des pays impliqués, notamment :
– L’Algérie, qui dispose et opère plus de 22 000 km de pipeline, essentiellement du gaz et exploite, depuis des décennies, des terminaux d’exportation de gaz vers l’Europe. En plus de cela, plusieurs de ses terminaux, situés au sud du pays, peuvent servir pour le TSGP ;
– Le Nigeria, qui a le plus grand potentiel du gaz en Afrique et est dans le top 10 mondial, avec plus de 50 ans d’expérience dans le secteur du pétrole et du gaz. Mieux, à travers son Projet intérieur AKK, le Nigeria finalise la construction d’un pipeline de gaz qui reliera Lagos à Kano. Ce tronçon, construit sur le tracé du TSGP, présenterait une option viable pour continuer vers le Niger ;
– Le Niger, enfin, producteur des hydrocarbures depuis plus de 10 ans, présente plusieurs perspectives en gaz. D’ailleurs, depuis sa prise de fonction à la tête de ce Ministère Stratégique, le Ministre Mahamane Sani MAHAMADOU s’est fixé comme objectif, après la consolidation du secteur pétrole brut, de consacrer la décennie suivante comme celle orientée aussi vers la recherche
gazière. A cet effet, plusieurs actions sont en cours
pour rendre cette initiative concrète.
D’une longueur de 4128 kilomètres, ce gazoduc partira de Warri au Nigeria et aboutira à Hassi R’Mel en Algérie en passant par le Niger. Il devrait permettre à l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz naturel, mais aussi à plusieurs Etats africains d’avoir accès à cette source d’énergie à forte valeur ajoutée.
Kaïlou Pantcho MamanResponsable Com MP