La Semaine de la presse et des médias dans les Écoles qui est à sa 33ème édition est célébrée du 22 au 25 mars 2022 à Niamey à travers une série d’évènements. Les élèves des lycées La Fontaine, Olinga; de l’école de formation en journalisme, IFTIC se sont mobilisés pour cette célébration placée sous le thème « S’informer pour comprendre le monde ».
Pour comprendre le monde qui les entoure, les élèves doivent plus que jamais apprendre à s’informer en exerçant leur esprit critique. Ce qui justifie les activités initiées par le SCAC et co-organisées par le LAF et le CCFN dans le cadre de la Semaine de la presse et des médias dans les Écoles, célébrée pour la première fois au Niger avec autant de mobilisation. Il s’agit, entre autres, d’amener les élèves à comprendre comment les médias fonctionnent, de la collecte, au traitement jusqu’à la diffusion de l’information ; à distinguer les différentes sources qui concourent à produire une information ; à former un jugement critique sur les informations qui sont données par les medias ; à s’intéresser à l’actualité ; à comprendre les enjeux culturels et démocratiques,….
La table ronde de lancement de la Semaine au lycée français La Fontaine le 22 mars s’inscrit bien dans cet esprit. Pour cette activité inaugurale, trois journalistes, notamment, Maimouna DIADO, journaliste indépendante; Moussa AKSAR, journaliste d’investigation; et Souley MOUTARI, journaliste-rédacteur en chef adjoint du quotidien public Le Sahel ont animé un panel sur le thème: S’informer aujourd’hui, quelles évolutions du métier de journaliste ? Face à des lycéens très enthousiastes les panelistes ont parlé de la liberté d’expression et de presse, de leur travail, sa complexité, des règles sacro-saintes qui régissent le métier de journaliste ; des questions d’éthique et de déontologie ; la responsabilité du journaliste ; les opportunités et les défis du métier de journaliste dans le contexte des nouveaux médias et réseaux sociaux. Les questions des élèves étaient « sans filtre » et les panélistes leur ont apporté des réponses sans langue de bois ; mais aussi conseillé ces jeunes quant à la consommation des informations ou l’utilisation des réseaux sociaux. Ces échanges à bâton rompu pendant environ deux heures d’horloge ont pris fin sur une note de satisfaction des participants et des organisateurs qui ont applaudi les panélistes.
Dans le même élan, une conférence de presse autour de l’exposition numérique «Dessine-moi l’Afrique», a été animée le 23 mars au CCFN Jean Rouch par Willy Zekid, dessinateur de bande dessinée, infographiste, scénariste et dessinateur de presse. De son vrai nom Willy Mouélé qui foule pour la première fois le sol du Niger, est un des pionniers de la bande dessinée au Congo-Brazzaville son pays d’origine, qu’il a fui en 1999, à cause du contexte politico-militaire très tendu. Après la Côte d’Ivoire où il a continué à exercer son métier avec des médias tels que le journal satirique Gbich, il rejoint en 2002 Paris en France où il vit actuellement. Il est ambassadeur de l’association Cartooning for peace regroupant plus de 250 dessinateurs et dessinatrices dans un combat pour la liberté d’expression à travers l’humour. Sous la modération du secrétaire général de la Maison de la presse, Issoufou Tsahirou, les échanges entre Willy Zekid et l’assistance composée essentiellement de lycéens, ont été très interactifs. Les questions révèlent le désir de ces jeunes à tout savoir sur ce travail d’artiste et de journaliste qui consiste à croquer l’actualité, avec humour, humeur et finesse, en faisant émerger du sens.
Comme dans une salle de classe les élèves ont donné libre cours à leur curiosité, interrogeant le conférencier sur ses motivations, ses sources d’inspiration, les risques, liés à son métier, les allusions à certaines caricatures, etc. «Le Dessinateur de presse est un tout petit peu, un journaliste ; il s’informe, vérifie et traite l’information», explique Willy the Kid. «À Travers le dessin de presse on peut toucher beaucoup plus de gens, même ceux qui ne savent pas lire; le dessin est universel», soutient le dessinateur, justifiant ainsi son choix pour cette démarche à la fois artistique et journalistique. Un travail, qui dit-il, est appelé à s’adapter au contexte du numérique et des nouveaux médias. «Je veux que mon dessin passe partout, sans être injurieux, respectueux de la liberté de l’autre ; que l’on dise : son dessin me dérange, mais il n’a pas tort», résume Willy ZeKid, estimant qu’il faut savoir se mettre des limites, même si on a le droit de tout dire. Une position personnelle sur ce à quoi on a droit théoriquement et ce que dicte la responsabilité. Aussi, conseille-t-il au jeune public de faire preuve de beaucoup de prudence en cette ère de nouveaux médias.
Des messages qui participent bien de l’éducation aux médias, un des objectifs visés à travers la célébration de cette Semaine dédiée à la presse dans les écoles. Les autres activités au programme sont des ateliers de création avec des lycéens et des étudiants en journalisme ; une revue de presse théâtralisée mise en scène par Alichina Allakaye.
Par Souley Moutari(onep)