Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
M. Ouhoumoudou Mahamadou a présidé, hier à Niamey, la cérémonie d’ouverture du séminaire régional sur la gestion des conflits locaux et communautaires dans le Liptako-Gourma. L’objectif assigné à cette rencontre de trois jours, organisée par le Médiateur de la République du Niger, en collaboration avec ses pairs du Bénin, du Burkina Faso, du Mali et les Partenaires au Développement, est d’analyser en profondeur le sens de cette insécurité, de partager les visions et les bonnes pratiques et de jeter les bases d’un cadre permanent de suivi de cette situation.
Dans son intervention, le Premier Ministre a souligné que la prolifération des armes à feu de tout calibre rend les conflits plus meurtriers ; les disputes s’expriment en arme automatique et sont très meurtrières et génératrices des conséquences économiques et sociales graves notamment le déplacement des populations, la perturbation de circuit de production et de commerce ainsi que la perte du capital et du revenu des populations affectées. Cette situation, a souligné SE Ouhoumoudou Mahamadou, impacte négativement les efforts de l’Etat et de ses démembrements dans leur lutte pour la paix et le développement durable car, ils sont confrontés à un paysage de crise de plus en plus complexe, caractérisé par une typologie des conflits et impliquant des acteurs aux dimensions transnationales. Pour le Chef du gouvernement, les motivations politiques et économiques de ces acteurs sont, dans bien des cas, instrumentalisées par des idéologies dites religieuses extrémistes, les réplis identitaires ou l’absence de perspectives de développement communautaires.
A cette complexité de la situation liée à l’insécurité, viennent, selon le Premier ministre, se greffer les conséquences du changement climatique avec des répercussions sur l’accès aux ressources naturelles, menaçant ainsi la sécurité alimentaire et entrainant les déplacements des populations. La rencontre se veut un cadre de concertation entre les différents acteurs de la région pour discuter de la problématique de l’instabilité dans cet espace, a expliqué M. Ouhoumoudou Mahamadou. Il s’agit de produire pendant ces trois jours d’échanges un diagnostic permettant de mieux appréhender les facteurs d’instabilité dans cette région du Liptako-Gourma. Pour faire face à cette situation, a-t-il fait savoir, plusieurs actions ont été déjà menées par les Etats et les partenaires au développement en termes d’offre de services et de sécurité pour ces populations victimes de représailles mais, beaucoup reste à faire, a-t-il souligné.
Cette initiative vise à identifier les pistes de solutions aux problèmes de sécurité qui affectent sévèrement les populations du Liptako-Gourma. «Cette rencontre se veut donc un espace d’échanges libres, participatifs et inclusifs entre les participants afin qu’ils fassent part de leurs connaissances, expériences et suggestions. C’est aussi le lieu où chacun en ce qui le concerne prendra conscience du rôle qu’il a à jouer dans le cadre de la stabilisation de cette zone si importante pour l’économie de nos pays», a déclaré le Premier Ministre Ouhoumoudou Mahamadou.
Auparavant, le Médiateur de la République du Niger, Me Ali Sirfi Maïga a rappelé qu’il y a quelques décennies, la Communauté Internationale, s’appuyant sur les multiples crises qui menaçaient la paix mondiale, avait forgé le concept de sécurité collective, concept qui fut un grand référentiel dans les relations internationales et qui a fortement déterminé l’avènement des mécanismes internationaux de prévention et de règlement des conflits réels ou supposés entre les nations ou entre les blocs de nations. La crise sécuritaire qui affecte le Sahel et même au-delà, d’autres pays de la CEDEAO, actualise, selon Me Ali Sirfi Maïga, ce concept. La dégradation de la sécurité dans cette Zone se présente comme une problématique majeure qui met en relief un grand espace, l’Afrique au sud du Sahara, donc l’existence de millions de personnes réparties sur plusieurs pays africains, a-t-il précisé. «Cette crise sécuritaire prend plusieurs formes que l’on peut résumer en conflits inter ou intracommunautaires, radicalisme religieux qui s’exprime sous forme de terreur infligée à d’innocentes populations, banditisme armé…», a indiqué le Médiateur de la République du Niger.
Pour Me Ali Sirfi Maiga, l’épicentre de ces épreuves difficiles et insurpportables se situe dans la zone des frontières des trois pays membres du Liptako-Gourma à savoir le Burkina-Faso, le Mali et le Niger. Il a en effet relevé quelques repères cauchemardesques, comme les attaques d’Inatès et de Shinagoder (au Niger), d’Igosssagou (au Mali) et tout récemment Solhan (au B. Faso) pour rappeler cette cruauté quotidienne que des individus sans foi ni loi, sans cœur et sans âme, infligent aux populations du Liptako-Gourma. «Cette évolution de la cruauté vient interpeller davantage les acteurs sur les mobiles réels de ces terroristes d’un nouvel âge qui, il faut le rappeler, n’ont ni identité, ni revendication», a souligné le Médiateur de la République. Me Ali Sirfi Maiga a enfin invité les Etats à conjuguer les efforts et les énergies, à exploiter les études et les rapports et à renforcer les forces armées et les stratégies militaires, les alliances et les unions, pour non seulement stabiliser ce désastre sécuritaire et humanitaire, mais surtout pour vaincre pour toujours, les ennemis de Dieu.
Aïchatou Hamma Wakasso(onep)