Niamey abrite du 24 au 26 Août 2024, la première édition du Forum des Journalistes en Langue Hausa d’Afrique. Présidée par le Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, M. Ali Mahaman Lamine Zeine, cette initiative du Réseau Africain des Journalistes en Langue Hausa vise à échanger, entre professionnels des médias sur l’importance et la place de cette langue dans la sensibilisation des communautés, la promotion des valeurs culturelles endogènes et sa participation à déconstruire le narratif occidental. Ce dernier est basé sur la désinformation et les informations mensongères pour aliéner et maintenir les Etats africains sous domination.
Placé sous le thème « Promouvoir la paix, la cohésion sociale et la quiétude sociale à travers la langue Hausa, pour la sauvegarde de la souveraineté des Etats Africains », ce forum a enregistré la participation des journalistes haoussaphones issus de onze (11) pays d’Afrique. L’ouverture des travaux s’est déroulée en présence de plusieurs membres du CNSP, ceux du gouvernement, les présidents des Institutions, les ambassadeurs et représentants du corps diplomatique accrédités au Niger, des délégations venues des pays membres de la Confédération des Etats du Sahel, des chefs traditionnels du Niger, du Nigeria ainsi que des leaders religieux.
Durant trois jours, les journalistes vont s’appesantir sur des thématiques pertinentes notamment la promotion de l’objectivité et la rigueur professionnelle pour la cohésion et le développement de l’Afrique ; la diffusion des fake-news à travers la propagande, la désinformation ; la part de responsabilité du journaliste en tant qu’acteur de la société et les informations mensongères du journalisme de bas-étage et les informations à diffuser en période de guerre.
Ainsi, les journalistes devront, sur la base de ces thématiques, donner de nouvelles dimensions aux contenus des informations présentées en langues nationales et garder à l’esprit, en tant qu’africains, que le continent s’est désormais engagé dans un combat révolutionnaire dans lequel les journalistes ont un rôle prépondérant à jouer. Il s’agit de déconstruire les fausses informations que les médias occidentaux déversent sur notre continent principalement sur les pays membres de la Confédération des Etats du Sahel qui se sont soulevés avec honneur, détermination et bravoure contre l’impérialisme. Les journalistes de ces pays doivent inscrire leurs actions dans ce combat de survie, de restauration de notre dignité et souveraineté car les hommes de médias sont les chevaliers de cette lutte pour la libération du continent.
Notons également qu’au cours de cette rencontre, les participants ont suivi une projection d’un film sur le bilan d’un an du CNSP au pourvoir, réalisé en Hausa.
A l’ouverture des travaux, le Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, M. Ali Mahaman Lamine Zeine a, au nom du gouvernement, transmis les salutations et le soutien du Président CNSP aux organisateurs de ce Forum pour le choix porté sur le Niger pour accueillir cet événement. Pour le Premier ministre, le journaliste tout comme les autorités ou le citoyen lambda, est responsable et il sera interrogé, un jour, à propos de cette responsabilité comme le précise bien le noble Coran. A cet effet, M. Ali Mahaman Lamine Zeine a invité les journalistes à s’en tenir au fait, au respect des règles qui régissent leur profession et à accompagner le choix de leurs autorités. Citant un cas de fausse information diffusée récemment, le Premier ministre a expliqué qu’un média étranger parlant des dispositions prises par le gouvernement nigérien a diffusé que ledit gouvernement compte mettre deux milliards de FCFA au lieu de 12 milliards prévus initialement par l’Etat du Niger pour gérer les crises causées par les inondations.
Evoquant le lien linguistique qui unit le peuple nigérien et nigérian, le Premier ministre a rendu un hommage à la République Fédérale du Nigéria qui, à travers sa population, a su conserver les liens ancestraux entre nos deux pays avant d’adresser les condoléances de l’Etat du Niger à la délégation nigériane suite à l’assassinat de l’honorable sultan du Gobir du Nigéria. « Nous espérons renforcer davantage la coopération sécuritaire entre nos deux pays pour mieux lutter contre l’ennemi commun (le terrorisme) et protéger nos populations », a dit M. Ali Mahaman Lamine Zeine.
Auparavant, le ministre de la Communication, des Postes et de l’Economie Numérique, M. Sidi Mohamed Raliou a souligné que les journalistes doivent, dans le traitement des informations, privilégier les intérêts supérieurs de nos Etats. « Une information minime soit-elle, si elle est fausse doit bénéficier d’une réplique totale et immédiate de votre réseau. Le Niger sous la conduite des autorités du CNSP réaffirme son engagement à vous accompagner dans ce noble combat visant à amener les journalistes haoussaphones à tracer une voie africaine devant permettre de contrecarrer les informations mensongères et le journalisme de bas étage tel que pratiqué par certains journalistes occidentaux avec la bienveuillance de certains africains », a-t-il assuré.
Par ailleurs, le ministre Sidi Mohamed Raliou a annoncé l’ouverture prochaine des filières en langue nationale à l’Ecole Supérieure des Sciences de la Communication et des Médias (ESSCOM), tout en se réjouissant de la tenue à Bamako du 22 au 23 Août 2024 d’une réunion des experts des Etats du Sahel pour l’élaboration d’une plate-forme pour déconstruire le narratif occidental.
Quant au Gouverneur de la région de Niamey, le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna, il a salué le rôle primordial que jouent les journalistes dans la société, soulignant que la langue Hausa, avec ses millions de locuteurs dans le monde, est l’une des langues les plus parlées en Afrique. « Elle est utilisée dans l’éducation et les médias. Elle joue un rôle prépondérant dans des dimensions comme la paix et la cohésion sociale », a-t-il déclaré.
De son côté, la présidente du Réseau Africain des Journalistes en Langue Hausa a indiqué que ce forum entre les journalistes vise à échanger sur les défis que les journalistes africains rencontrent afin de contribuer au développement du continent. « Le but, c’est également de lutter contre la désinformation diffusée à travers les réseaux sociaux », a ajouté Mme Maryam Laouali Sarkin Abzin.
Invités d’honneur de ce forum, Hajia Najaatou Mohamed et Dr Hamza Al-Mustapha ont souligné que l’esclavage commence dès lors qu’on prive l’individu de sa langue et de facto de sa culture. « Toutes les autres nations dites développées y compris les occidentaux font la promotion de leurs langues. C’est seulement en Afrique qu’on observe le contraire tout en rêvant de se développer », a fait remarquer Hajia Najaatou Mohamed.
Abdoulaye Mamane (ONEP)