Le Cadre de concertation sur la migration (CCM) a tenu, le mercredi 12 juin dernier, sa 5ème réunion à Niamey. L’ouverture des travaux a été co-présidée par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires coutumières et religieuses, M. Mohamed Bazoum, et SE. Dr Denisa-Elena IONETE, ambassadeur de l’Union européenne au Niger, en présence des différentes parties prenantes à ce cadre.
La migration en général et celle irrégulière en particulier est, de nos jours, un sujet de préoccupation mondiale avec des répercussions sécuritaires et humanitaires. Pays de transit, le Niger est au centre des initiatives multilatérales pour solutionner ce problème. A l’échelle du pays, le CCM se veut un cadre de dialogue permanent regroupant tous les acteurs impliqués dans la recherche de solution à la problématique migratoire. Il s’agit notamment les services techniques de l’Etat, les partenaires techniques et financiers, les collectivités territoriales, les organismes internationaux et les ONG intervenant sur cette question. L’objectif de ce cadre est de faciliter la gouvernance du phénomène migratoire à travers un dialogue franc et constructif devant aboutir à un engagement mutuel en faveur de solutions consensuelles au problème.
Depuis plusieurs années, le Niger déploie des efforts pour faire face à la situation. En effet, le pays a, ces dernières années, fait face à des vagues migratoires importantes venues de plusieurs pays au sud du Sahara et cherchant à rejoindre les pays du Magrheb et l’Europe. On peut noter parmi ces efforts l’adoption d’un programme et de mesures législatives et réglementaires contre la migration irrégulière ainsi que la mise en place d’institutions chargées de la lutte contre ce phénomène. Des efforts qui ont produit des ‘’résultats impressionnants dans des délais très courts’’ selon les termes du ministre d’Etat en charge de l’Intérieur.
En effet, précise M. Mohamed Bazoum, le Niger a réduit de 90% le nombre de potentiels migrants entrant dans la ville d’Agadez qui est la plaque tournante de la migration irrégulière. « De 100 000 migrants en 2015, le flux a chuté à 22.000 en 2017 et à moins de 10.000 en 2018», souligne le ministre d’Etat avant de rappeler que la question de la gestion migratoire est inscrite au rang des priorités du Gouvernement. M. Bazoum s’est félicité de l’intérêt mutuel que les différents acteurs accordent à la question migratoire qui dit-il « est devenue par la force des choses un sujet central de notre coopération».
Le ministre d’Etat a saisi cette occasion pour réaffirmer la constante détermination du gouvernement à faire face aux enjeux et défis que pose le phénomène de la migration irrégulière. Cependant, cette détermination nécessite aussi beaucoup d’efforts que le Niger assume par devoir et par solidarité. C’est pourquoi, « ce cadre de partenariat doit aider à faire en sorte que les partenaires au développement du Niger, s’engagent davantage à créer les conditions pour une synergie d’actions avec l’Etat pour une prise en compte effective des aspirations profondes des populations qui sont impactées par toutes les mesures mises en œuvre afin d’atteindre les résultats que nous connaissons», a soutenu M. Bazoum Mohamed avant d’exprimer la gratitude du gouvernement à l’UE et tous les partenaires qui accompagnent le Niger dans la prise en charge de ce phénomène.
Pour l’ambassadeur chef de la Délégation de l’Union européenne au Niger, des progrès substantiels ont été faits depuis la dernière réunion du CCM qui a eu lieu en juin 2018. C’est pourquoi, SE Dr Denisa-Elena IONETE a tenu à féliciter les équipes techniques qui ont travaillé, souvent à huis clos pour mieux se concentrer sur l’ampleur des sujets et qui ont produit les documents techniques qui ont été débattus au cours de cette 5ème réunion. Toutefois, l’ambassadeur de l’UE a tenu à mentionner certains éléments importants relatifs au phénomène de la migration. Ainsi Dr Denisa-Elena IONETE a souligné l’évolution continue du contexte des migrations. Ce qui, estime-t-elle, implique le besoin de s’adapter, tant au niveau des politiques mais aussi au niveau opérationnel en s’appuyant sur les nombreux acquis qui ont été déjà mis sur pied depuis quelques années.
En outre, l’ambassadeur de l’UE a également noté ce qu’elle a qualifié d’ « efforts considérables que les autorités nigériennes font en terme de moyens déployés avec l’appui des partenaires dont l’Union européenne». «Nous apprécions le leadership qu’assume le gouvernement et l’appropriation des différentes interventions et ceci, malgré le fait que beaucoup d’activités sont mises en œuvre pas uniquement avec les structures gouvernementales, mais par un large nombre de partenaires opérationnels y compris les organismes du Système des Nations Unies créant ainsi ce que nous appelons dans l’Union européenne, la dimension externe des migrations», confie Dr Denisa-Elena IONETE. Elle a enfin estimé que les efforts vont se baser sur l’amélioration continue de la collecte et du partage des données pour que les interventions puissent être mieux adaptées et que les différents projets auxquels l’UE contribue financièrement puissent être pertinentes.
Pour rappel, le CCM a été institué depuis 2016 en vue d’un dialogue politique qui tienne compte des aspects complexes du phénomène de la migration.
Siradji Sanda(onep)