Le Niger dispose d’énormes potentialités dans divers domaines, à même de soutenir une industrialisation bénéfique à la fois pour les investisseurs, les populations et pour l’économie du pays. Outre, le traditionnel secteur minier, le pays a un énorme potentiel dans le secteur de l’Agriculture. Pays à vocation agropastorale, le Niger possède l’un des plus importants cheptels de la sous région, auxquels il faut ajouter des produits agricoles à forte valeur ajoutée s’il y avait de véritables industries de transformation. Du célèbre Violet de Galmi, au sésame en passant par la gomme arabique, le souchet, le niébé, les dattes, le sel, la matière première est disponible pour le développement de l’agro-industrie.
D’après le Rapport terminal sur le RGAC présenté par la FAO au gouvernement, Rome 2008, trois produits dominent les exportations du Niger. Il s’agit de l’uranium avec 55% des exportations, les produits de l’élevage avec 22% et ceux de l’agriculture avec 16%.
Le cheptel nigérien est estimé à 52.693.000 têtes en 2022 (Sources : INS, le Niger en chiffres 2020), pour une valeur estimée à 2000 milliards de FCFA (selon le recensement du cheptel de 2008). Toutefois, le Niger ne tire pas le meilleur profit de l’exploitation de ce secteur du fait de l’absence d’industries de transformation. En effet, le pays n’exporte que du bétail sur pied, les cuirs et peaux conditionnés. La valeur des produits d’élevage exportés dans la sous région est estimée en moyenne à quelques 23,910 milliards de F CFA, soit l’équivalent de 12,000 T de viande au maximum selon le document présenté au Forum National sur l’élevage tenu en Décembre 2008 à Tahoua.
Pourtant, ce secteur présente de fortes opportunités de croissance. Et cela ne fera que s’accroître avec la mise en œuvre de la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf). En effet, selon une étude du Projet «Innovation pour les Données sur l’Elevage en Afrique», la croissance de la consommation des produits d’origine animale se développera plus rapidement en Afrique que sur d’autres continents. En 2050 on estime que le marché de la viande en Afrique atteindra 34,8 millions de tonnes et celui du lait sera de l’ordre de 82,6 millions de tonnes soit une augmentation respective de 145% et 155% par rapport aux niveaux de 2005/07, précise la même étude.
A cela, il faut ajouter la place qu’occupe l’élevage dans la vie quotidienne des populations africaines et dans les économies des pays. Les statistiques disponibles indiquent que le cheptel de l’Afrique, représente une valeur de plus de 65 milliards de dollars. Il est également établi, au plan mondial que 1,3 milliards de ruraux dépendent de l’élevage qui, est la source de protéine et d’oligo-éléments pour 830 millions de personnes souffrant de malnutrition. Au Niger, l’élevage emploie plus de 87% de la population et 20% vivent exclusivement des activités pastorales (‘’les statistiques sur l’élevage au Niger : Situation et perspectives’’, novembre 2013).
L’Etude CEDEAO/OCDE/CSAO intitulée ‘‘Elevage et marché sous-régional au Sahel et en Afrique de l’Ouest’’ réalisée en 2008 estime les besoins du marché régional en produits d’origine animale à quelques 3,5 millions de tonnes de viande et 4,5 millions de tonnes de lait. En plus de la demande extérieure émanant notamment du Nigeria, il faut compter avec une demande intérieure non négligeable. En 2002, les quantités consommées tournaient autour de 62.400 tonnes.
Cependant, malgré son important cheptel, le Niger reste un gros importateur de lait en raison de l’insuffisance de la production locale. En effet, le Rapport provisoire du Revue du Secteur de l’élevage au Niger réalisé en février 2010 par la FAO/SFW, souligne que le Niger importe des quantités massives de lait et produits laitiers d’une valeur de plus de six (6) milliards de FCFA par an, principalement des pays de l’Union européenne. Cette fuite massive de capitaux pourrait être réduite si le pays disposait d’industries dans le secteur de l’élevage.
En outre, l’alimentation du bétail surtout dans le contexte de changement climatique marqué par des campagnes agricoles déficitaires aussi bien en bilan céréalier que fourrager, constitue un véritable défi. Mais, c’est aussi une réelle opportunité pour les investisseurs et industriels en matière de production d’aliment «bétail». Il en va de même dans le domaine de la production des produits zootechniques (vaccins, traitement) pour couvrir le besoin en santé animale.
En plus de l’élevage, la valorisation des produits agricoles présente de réelles opportunités de croissance. D’après l’Institut national de la statistique (INS), le Niger a engrangé 36.245 millions de FCFA pour l’exportation des produits de l’Agriculture. Il s’agit principalement de l’oignon, du souchet, de l’arachide, du niébé, des dattes, de la gomme arabique, du sésame, du piment, du poivre, etc.
A cela, il faut ajouter les autres produits comme le poisson, le sel, le sucre, les objets d’art et d’artisanat, etc., qui ont rapporté au pays quelque 42.729 millions de FCFA, tandis que les produits de l’élevage (bétail sur pied, cuirs et peaux) ont rapporté 13.119 millions de FCFA.
Malgré ce potentiel, la balance commerciale du Niger enregistre un déficit important. En effet, selon l’annuaire statistique 2016-2020 publié par l’INS, le pays a exporté pour une valeur de 372.014 millions de FCFA pour des importations d’une valeur de 1.639.722,9 millions de FCFA, soit un déficit de 1.261.709,1 millions de FCFA.
Avec une population en constante croissance, le Niger verra sa demande en produits alimentaires croître d’année en année. D’où la nécessité d’une industrialisation dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage, pour non seulement contribuer à l’atteinte de la sécurité alimentaire de sa population, mais aussi créer des emplois, générer des revenus pour les jeunes et des femmes et lutter contre la pauvreté.
Par Siradji Sanda(onep)