Dans un contexte où la pollution de l’environnement et de l’écosystème aquatique par les eaux usées gangrène tous les pays de la planète, parmi lesquels le Niger, la gestion durable des ressources en eau devient une priorité mondiale. Pour mieux comprendre les enjeux et les avancées dans ce domaine, nous avons rencontré Dr. Hassane Saley Abdel Kader, hydrogéologue et hydro-géochimiste, enseignant chercheur à l’université Abdou Moumouni de Niamey. Il partage ici ses perspectives sur les défis actuels, les innovations technologiques et les solutions potentielles pour améliorer l’efficacité du traitement des eaux usées.
L’épuration des eaux usées, relève docteur Hassane Saley, revêt une importance capitale pour l’écosystème aquatique et pour l’environnement en général pour plusieurs raisons. Elle permet d’éliminer ou de réduire les polluants (métaux lourds, matières organiques et nutriments) avant que les eaux ne soient rejetées dans les rivières, les fleuves, bref dans la nature. Cela contribue à maintenir la qualité de l’eau et à protéger la vie aquatique. L’épuration des eaux usées permet également de récupérer l’eau recyclée qui peut être réutilisée pour l’irrigation, l’industrie ou même pour des usages domestiques après purification. Ceci va favoriser une gestion responsable et durable des ressources en eau face aux défis du changement climatique et à la pression croissante sur ces ressources.
Les eaux des industries les plus polluantes, qui devraient subir des traitements avant l’évacuation, sont celles qui génèrent des effluents liquides contenant des polluants nocifs pour l’environnement et la santé humaine. L’on note parmi les exemples énumérés par l’hydrogéologue, les industries chimiques qui émettent souvent des déchets toxiques qui peuvent contaminer les cours d’eau et les sols. A cela s’ajoutent les industries métallurgiques générant des effluents contenant des métaux lourds tels que le plomb, le mercure et le chrome, qui sont toxiques pour l’environnement. Il y a aussi les industries alimentaires (abattoirs, fromageries et brasseries) qui produisent des eaux usées riches en matières organiques et en nutriments. Ces dernières peuvent aussi entraîner une pollution organique. Enfin, il y a les industries pétrolières qui libèrent des eaux usées contenant des hydrocarbures et des substances chimiques nocives qui doivent être traitées avant leur rejet dans l’environnement.
Dr Hassane Saley a fait savoir que les grandes industries du Niger peuvent poser plusieurs risques de pollution pour les eaux qu’elles utilisent. Il souligne que ces industries rejettent souvent des produits chimiques toxiques tels que des métaux lourds, des solvants, des pesticides, des microplastiques ou d’autres déchets solides dans les cours d’eau. Ce qui, selon lui, peut contaminer les sources d’eau potable et nuire à la faune et à la flore aquatiques. Il insiste sur le fait que la gestion de ces risques nécessite une réglementation stricte, des technologies de traitement de l’eau usée efficaces et des pratiques de gestion durable de l’eau pour minimiser leur impact sur l’environnement.
Pour ce qui est du traitement des eaux usées, le chercheur précise que la méthode classique inclut plusieurs techniques. « D’abord, il y a la collecte et le transport de l’eau usée par un réseau de canalisations vers la station d’épuration. À ce niveau commence le prétraitement qui comprend la filtration et la décantation pour enlever les gros débris et les solides en suspension. Ensuite, le traitement primaire consiste à éliminer une partie des matières solides et des polluants par décantation, ce qui permet de réduire la charge polluante avant les étapes suivantes », explique l’hydrogéologue.
Quant au traitement secondaire, il est, précise le spécialiste, généralement basé sur des procédés biologiques. Il utilise des micro-organismes pour dégrader les matières organiques restantes dans l’eau usée. « Ces micro-organismes consomment les matières organiques, les transforment en biomasse et en gaz, ce qui réduit la pollution organique de l’eau », explique-t-il.
Enfin, le traitement tertiaire permet d’éliminer des nutriments comme l’azote et le phosphore, qui peuvent provoquer l’eutrophisation des cours d’eau, ainsi que d’autres polluants spécifiques. Ce traitement peut également inclure des procédés de désinfection pour éliminer les agents pathogènes, rendant l’eau suffisamment propre pour être rejetée dans l’environnement ou réutilisée pour certaines applications.
Dr Hassane Saley Abdel Kader a exhorté les autorités de la Ville de Niamey à mettre en place des réseaux de collecte et de transport des eaux usées vers des stations d’épuration au niveau de chacun des cinq arrondissements communaux de la Ville. Il a souligné l’importance de cette initiative pour améliorer la gestion des eaux usées et réduire la pollution de l’eau.
Bachir Djibo (stagiaire)