Les travaux en séance plénière de la 1ère session ordinaire au titre de l’année 2022, dite session des lois de l’Assemblée nationale se poursuivent à l’hémicycle, Place de la Concertation. La plénière du samedi, 11 juin 2022 a été réservée au contrôle de l’action gouvernementale à travers les questions d’actualité, avec l’interpellation de quatre (4) membres du gouvernement sur des questions relatives à la santé animale, à l’indemnisation des propriétaires terriens de Tillabéri, à l’interdiction des titulaires de DAP aux examens du BTS d’Etat 2022 et à la pénurie du gasoil. La séance plénière a été présidée par le 5ème Vice-président de l’Assemblée nationale, M. Oumarou Yahaya en présence du ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions, M. Mahamane Lawaly Dan Dano.
Les questions d’actualités sont organisées deux samedis sur quatre au cours desquelles, les députés nationaux interpellent des membres du gouvernement pour être éclairés sur l’action gouvernementale. Chaque député a trois (3) minutes d’horloge pour poser sa question et le ministre interpelé dispose de cinq (5) minutes pour répondre. Les questions d’actualité sont précises et concises avec un caractère spontané et ne sont ni déposées au préalable, ni publiées au journal officiel.
Ainsi, au cours de la plénière du samedi, la première question d’actualité a été posée par le député national Mahaman Bachir Abdou au ministre de l’Elevage, M Tidjani Idrissa Abdoulkadri relativement à l’attribution d’un marché sur l’achat des vaccins et des diluants qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive au Niger.
Dans sa réponse, le ministre de l’Elevage, porte-parole du gouvernement a indiqué qu’au Niger, l’élevage représente une part importante de la valeur des productions agricoles. Selon lui, les maladies des animaux par les pertes directes et indirectes qu’elles engendrent, réduisent la valeur les productions et constituent un véritable obstacle au développement de l’élevage. C’est pourquoi, la santé animale est donc un important facteur de compétitivité de l’élevage, mais aussi un enjeu pour le Niger, tourné vers la conquête des marchés régionaux et internationaux. «Le Niger a priorisé la lutte contre la péripneumonie contagieuse des bovins et la peste des petits ruminants, maladies ayant un fort impact sur la productivité du cheptel», a-t-il déclaré.
Pour protéger l’élevage, l’Etat du Niger procède chaque année, avec l’appui de ses partenaires, à une campagne de vaccination contre ces deux maladies. A titre illustratif, «le taux de vaccination pour la campagne 2021-2022, est de 74% chez les bovins pour la PPCB et 78% chez les petits ruminants. Il était au cours de la campagne 2020-2021 respectivement de 63% chez les bovins et 65% chez les petits ruminants», a-t-il relevé.
Ainsi pour la mise en place de la stratégie nationale de lutte contre la peste des petits ruminants et de réduction de l’incidence de la PPCB, la fourniture des vaccins pour les deux maladies citées
ci-dessus, pour la période 2021-2024, un processus de l’acquisition de vaccin a été lancé par appel d’offre international en octobre dont quarte opérateurs avaient postulé. Selon le ministre Tidjani Abdoulkadri, à l’issue du processus, c’est l’offre de CAMAVET qui remplissait les conditions conformes au marché. Ainsi, «le processus d’acquisition a été interrompu par mon département ministériel pour vice de procédure, du fait que le dossier n’avait pas été publié sur le site Web du bailleur en l’occurrence la Banque Mondiale qui devrait le faire. Et c’est pour cela que la banque avait demandé à ce que le processus soit interrompu», a-t-il précisé.
Après cette interruption du fait précisément que la campagne avait déjà démarré, selon le ministre Tidjani Abdoulkadri, le Ministère de l’Elevage avait exprimé sa préoccupation à la Banque Mondiale qui a décidé selon une procédure interne à elle, de procéder par entente directe à l’octroi du marché, s’élevant à plus d’un milliard de francs CFA qui a été objectivé par l’appel d’offre international N° 002/VACCINS PPRPPCB/PIMELAN/2021 pour l’acquisition de 7 millions de doses de vaccins contre la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), 22 millions de doses de vaccins contre la peste des petits ruminants (PPR), et 29 millions de doses de diluants, pour protéger notre cheptel de ces maladies récurrentes, financés par le gouvernement nigérien avec l’appui des partenaires. «Tous les documents internes de la banque qui ont autorisé l’unité de coordination du processus itératif du projet sont disponibles», a-t-il affirmé aux parlementaires.
Le député Nouhou Arba quant à lui a interpellé le ministre des Finances au sujet de l’indemnisation des populations des villages de Sakoira, de Tillakaina et de Tillabéri sur l’expropriation de leurs terres dans le cadre de la construction de l’aéroport de Tillabéri. Après plusieurs explications, le ministre Ahamat Jidoud a rassuré les parlementaires que les bénéficiaires seront très bientôt indemnisés. Il a en outre précisé que la question de dédommagement dans le cadre des investissements publics pose une problématique assez large en ce sens que cela est souvent une entrave à la réalisation de ces investissements au regard du poids ou de l’importance énorme que ces dédommagements prennent. Au regard de cette problématique, «le débat doit être posé en toute sincérité et de manière dépassionnée dans l’intérêt de nous tous parce que ces investissements viennent améliorer les conditions de Vie de nos populations», a-t-il souligné.
En effet, dans le cadre des fêtes tournantes, certains investissements, comme l’aéroport de Tillabéri n’ont pas encore connu le remboursement ou le payement total des indemnisations qui reviennent aux propriétaires terriens. Cela ne concerne pas Tillabéri seulement, beaucoup d’autres projets sont concernés au-delà des programmes des villes. «Nous sommes sur un programme d’apurement et ces dossiers connaîtront un niveau d’avancement. Concernant le payement, il a été transmis au Ministère des Finances, une allocation de presque 20 milliards au titre du budget 2022. Le dédommagement n’est pas un projet, c’est un préalable à un investissement. Donc, nous accordons une importance particulière à ces dédommagements comme je l’ai déjà promis à la population de Tillabéri, avec qui j’ai eu des entretiens sur le sujet», a conclu le ministre Jidoud.
Quant au ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Phd Mamoudou Djibo, il est allé répondre à la question du député Moutari Ousmane sur l’interdiction de la candidature aux étudiants au Brevet de Technicien Supérieur (BTS d’Etat) avec le Diplôme d’Aptitude Professionnel (DAP). En réponse, le ministre Mamoudou Djibo a déclaré avec aisance et dans un franc-parler qu’on doit respecter les textes de la République. Il a rappelé qu’en 1999-2000, il était ministre au même poste, il avait lancé la réforme du BTS d’Etat dont la mise en œuvre a été effectuée par le ministre Mahamadou Salissou Habi en 2003. Dans les textes, «il a été clairement dit que, le BTS est un diplôme post-Baccalauréat, Bac + 2 ans. Mais pourquoi, le laxisme a fait que, le texte n’est pas respecté en accordant des dérogations au lieu de l’appliquer et que les fondateurs des établissements privés recrutent des candidats qui ne détiennent pas de Bac pour passer le BTS d’Etat», a-t-il regretté.
Pour rappel, a-t-il dit, en 2011, le problème a été posé, le Ministère avait demandé d’arrêter et les fondateurs ont sollicité à ce que ceux qui sont déjà dans le système puisse finir et la dérogation avait continué jusqu’à 2017. «Je suis fier d’intervenir en tant que fondateur d’une école privée, donc ça me concerne également», a-t-il retoqué. Pour lui, les chefs d’établissements trompent l’Etat, les étudiants et les parents d’élèves parce qu’ils veulent se faire de l’argent. «Ils demandent aux enfants de venir s’inscrire sous réserve du Bac et enfin ils n’obtiennent pas le diplôme. Une fois qu’ils réussissent au BTS, ce dernier devient le ‘’grand frère’’ du Bac de 4 à 5 ans. Aujourd’hui, sur mon bureau, vous trouverez des Masters (Bac+5) qui étaient obtenus 2 ans après le Bac», a dénoncé le ministre Phd Mamoudou Djibo.
Du moment où l’Etat doit mettre en ordre les textes et les faire respecter, le ministre pense qu’on ne peut plus continuer à faire deux poids deux mesures. Il n’est pas normal que des Nigériens se battent pour avoir le Bac pendant plusieurs années et d’autres prennent le raccourci, de la fausseté et se voient délivrer des diplômes. «Il faut arrêter et nous avons pris la responsabilité de mettre en œuvre les textes. Celui qui n’a pas le Bac ne peut pas faire le BTS d’Etat. Le Bac s’appelle le Bac, il n’y a pas d’équivalence en terminale», a-t-il martelé.
Enfin le ministre du Pétrole M. Mahaman Sani Mahamaou, a été interpelé par le député Omar Hamidou Tchiana sur les dispositions prises par le gouvernement pour juguler la pénurie du gasoil au Niger. Dans sa réponse, le ministre du Pétrole a dit que cette situation est justement liée au prix très attractif que le Niger pratique et aussi à la disponibilité du stock. «Depuis le début de la guerre en Ukraine, nous observons à travers le monde une flambée sans précédente des prix du pétrole et des produits raffinés. Le Niger avec sa raffinerie d’une capacité de 20 mille barils jour a toujours réussi à satisfaire la demande domestique à travers la commercialisation sur le marché national de la moitié de cette production. Le reliquat est destiné jusqu’à tout récemment à l’exportation vers les pays de la sous-région tels que le Nigeria, le Mali, ou encore le Burkina Faso», a expliqué le ministre du Pétrole.
«C’est grâce à nos capacités nationales que nous pratiquons aujourd’hui des prix à la pompe qui figurent parmi les plus bas de la sous-région. Certains pays de la sous-région sont quasiment en rupture de gasoil. A titre de comparaison, au Burkina Faso voisin, le Gasoil est vendu à 655 francs, au Benin 668 francs, au Ghana 975 francs, au Nigeria 1072 francs le litre, ici au Niger, il est vendu à 538 francs. Notre pays est victime de son succès», a affirmé le ministre Mahamadou Sani Issoufou. Pour lui, cette différence de prix aiguise les appétits et encourage certains individus de part et d’autre de la frontière à exporter frauduleusement le gasoil nigérien et à s’enrichir sur le dos du peuple nigérien. C’est pourquoi, le gouvernement a, depuis le mois de mai, adopté plusieurs mesures dont notamment l’arrêt de l’exportation du carburant afin de juguler cette fraude et préserver le bien-être des populations.
Selon le ministre du Pétrole, les nouvelles mesures ont commencé à produire de les effets escomptés et que la situation en approvisionnement de gasoil s’améliore de jour en jour. «Nous allons maintenir cette dynamique avec comme objectif la maitrise de la consommation domestique, de l’accroissement du stock de sécurité. Peut-être si la situation devient favorable, nous allons reprendre l’exportation pour que l’Etat bénéficie des recettes», a-t-il conclu.
Les travaux en séance plénière reprendront ce lundi 13 juin 2022 à partir de 09h avec la tenue de deux journées d’informations parlementaires.
Seini Seydou Zakaria(onep)