
Le centre ‘’Association des Handicapés Locomoteurs de Téra’’ a été créé depuis 1999 par l’ancienne Première Dame Clémence Ibrahim Baré Mainassara en collaboration avec le Ministère en charge de la Santé publique. A sa création cette infrastructure avait coûté 200.000.000 de FCFA et a pour but d’aider toutes les personnes en situation de handicap. Malheureusement le centre a été abandonné à son propre sort.
D’après M. Ali Issa, témoin de la naissance de ce centre et actuel directeur, ledit centre exerçait des activités de formation en maroquinerie, en menuiserie et aussi en couture. Mais à la suite du constat que ces disciplines ne sont pas très considérée par la population de locale, ces initiatives ont été remplacées par le tissage des chaises. «Ce centre donne aussi la chance aux non handicapés, non scolarisés d’apprendre un métier», a-t-il dit. M. Ali Issa a souligné que les matériaux destinés à la confection des chaises, des lits, des tables et des tabourets sont à leurs propres charges. Les objets ainsi confectionnés sont ensuite revendus selon leurs catégories. «Les lits sont vendus à 50.000 FCFA parfois 30.000 F ou 25.000 F et les chaises de 7.500 FCA à 15.000FCFA. Et quant aux femmes handicapées, elles font uniquement de la couture», a-t-il relevé. Ali Issa assure n’avoir jamais eu de problème avec ses clients sauf les fois où ces derniers se plaignent de la cherté des produits. «Ce travail nous permet d’entretenir nos familles, nous donnons l’opportunité à toutes les personnes de venir se former. Ce métier a permis à certains jeunes de se marier et de gérer leurs familles», a-t-il précisé.
Le centre abrite aujourd’hui une quinzaine d’hommes qui travaillent chaque jour, une dizaine de femmes non handicapés viennent pour apprendre la couture sous l’encadrement de deux formatrices handicapées. Cette formation a pour but d’éradiquer la mendicité qui prend de plus en plus de l’ampleur. Ali Issa déplore ce fléau qui gangrène notre société. Il regrette le non suivi des initiatives créées par l’Etat. Ce projet, dit-il, a été abandonné depuis 2006. «L’ancien patron feu Boureima, de son vivant, trouvait quelques financements de gauche à droite. Depuis son décès en 2016, il a fallu en 2022 pour réceptionner une tonne de riz envoyée par la Première dame Khadidja Bazoum» ajoute Ali Issa.
Le centre avait bénéficié, dans un premier temps, de quelques formations. Par la suite faute de moyens, elles ont été arrêtées. Les nouvelles recrues se sont finalement fait former par les anciens pensionnaires du centre, ceux qui étaient au centre depuis sa création. «Nous voyons beaucoup de mendiants qui peuvent venir apprendre un métier au lieu de quémander. Certains vont jusqu’à mentir dans les mosquées. Ne serait-il pas mieux de venir apprendre un métier noble pour subvenir à leurs besoins? Nous encourageons les handicapés à venir apprendre un métier pour leur autonomie», a-t-il dit. Il invite la population de Téra à orienter les handicapés qui mendient dans les rues vers le centre pour qu’ils puissent apprendre un métier bénéfique pour eux et pour qu’aucun handicapé ne devienne un fardeau pour sa famille. Ali Issa plaide aussi pour que les autorités compétentes puissent trouver au centre de nouveaux formateurs dans d’autres disciplines, pour créer plus d’emplois aux jeunes handicapés.
«Le centre désire varier les disciplines comme par exemple la confection des ballons de football, la tapisserie, la confection des grillages, la réparation de télévision ou de frigo et le jardinage. Je suis convaincu qu’avec un peu d’aide les handicapés excelleront dans ces domaines», ajoute- t-il. Le centre a aussi besoin des matériels de travail pour continuer à bien former les apprenants. «S’il n’y a pas de matériel, il n’y a pas de travail et les jeunes ne restent pas. Et s’ils ne restent pas dans le cantre, il y aura forcément de la mendicité qui va augmenter. Les jeunes sont très intelligents ; certains ont même le BEPC, d’autres ont le niveau et nous souhaitons que l’Etat pense à les aider», a souhaité M. Ali Issa. Pour l’instant Ali et ses collègues ont institué une cotisation journalière obligatoire pour chaque travailleur en vue de solutionner les préoccupations les plus urgentes. Mais pendant combien de temps tiendront-ils en l’absence d’une réponse structurelle aux difficultés que connaît ce centre ?
Assad Hamadou (Stagiaire)