Avec une population de plus de 20 millions d’habitants selon certaines sources, le pays compte 288 établissements privés qui sont principalement orientés vers les activités curatives et sont concentrés dans les centres urbains.
Selon le site web du ministère de la Santé Publique (sante.gouvne.org), on dénombre 36 cliniques et polycliniques, 257 cabinets médicaux et salles de soins, 5 hôpitaux privés à but non lucratif et un centre privé spécialisé en ophtalmologie (MAKKA).
C’est surtout à Niamey, dans la capitale que l’on trouve le plus grand nombre d’établissements privés. Tenez bien ! Dans presque chaque quartier même dans les quartiers périphériques on trouve soit une clinique, soit un cabinet médical ou une salle de soins. On dénombre à Niamey plus de 80 centres privés toute catégorie confondue- Clinique, polyclinique, salle de soins, cabinet médical, salle d’accouchement… La fréquentation semble être bonne. Certains centres de soins sont même en travaux de réhabilitation pour élargir leurs locaux afin d’améliorer leur capacité d’accueil.
Ces centres de soins privés ont comme personnel le plus souvent les mêmes agents de santé qui travaillent dans les établissements publics. On dénombre aussi un nombre important d’étudiants en médecine qui sont tantôt en instance de soutenance ou en cours de rédaction de leurs thèses de fin d’études pour l’obtention du diplôme de docteur en médecine.
Une chose qui a marqué notre attention pendant ce reportage au niveau des centres de soins privés et la différence des prix des prestations de soins d’un centre à un autre. C’est dire que le prix des soins varie d’une clinique ou cabinet à une autre. En cherchant à avoir des explications sur ce fait qui est souvent incompréhensible pour certains citoyens, des médecins qui ont bien voulu garder l’anonymat nous ont expliqué que cette différence de prix des prestations de soins est bien justifiée.
Par exemple, renseigne un médecin, après avoir hésité à se confier à nous tout en demandant de ne pas prendre des images, « un patient qui est admis dans une clinique quelconque pour cause de paludisme va recevoir des traitements selon la gravité du palu. Aussi, au cours du traitement, d’autres pathologies peuvent être déclenchées auxquelles il faut trouver de remèdes. Il faut le noter, plus on soigne des pathologies, plus la facture s’élève ».
Un autre patient qui est admis dans une clinique B pour cause prenons toujours l’exemple du paludisme peut se faire soigner à un coût moindre. Qu’est ce qui explique cela ? C’est peut-être tout simplement la forme de son paludisme n’est pas grave et aussi d’autres pathologies n’ont pas été détectées pendant son traitement.
Selon notre confident médecin, cela est au moins un des facteurs qui justifie la différence du prix des prestations d’un centre privé à un autre. D’autres facteurs s’ajoutent également : Il s’agit des infrastructures qui diffèrent d’une clinique à une autre. Il y’a aussi le plateau technique qui n’est pas du tout le même d’une clinique à une autre. Les équipements et le personnel qualifié ne sont pas les mêmes dans toutes les cliniques.
La clinique X dispose d’une machine sophistiquée et d’un agent de santé spécialiste pour faire l’échographie. C’est d’ailleurs pour cette raison que les femmes viennent en grand nombre chez lui de part toute la ville de Niamey. Dans cette clinique l’échographie est facturée à 7500 F or dans la clinique Y d’à côté, c’est à 4000 FCFA. Vous voyez bien de par cet exemple que la différence des prix des prestations est bel et bien justifiée d’une clinique à une autre à cause du matériel et du personnel qualifié.
Il y’a autant de facteurs qui peuvent expliquer le coût élevé des prestations des soins dans les centres privés. Selon un autre agent de santé qui a aussi voulu garder l’anonymat, beaucoup de ces centres payent les produits au grand marché. Dans les normes, les produits doivent être payés au niveau des pharmacies ou des centrales pharmaceutiques. Il y’a des cliniques qui le font mais d’autres s’approvisionnent sur le marché où les prix sont moindres.
Un centre privé qui s’approvisionne avec les produits du marché fait ses prestations à des coûts moindres par rapport à celui qui paye les produits dans les pharmacies ou auprès d’autres dépôts pharmaceutiques formels.
En effet, pour vérifier ce fait, nous nous sommes rendus au grand marché pour constater de visu l’engouement autour des produits. Ce dimanche 19 décembre aux environs de 11h, toutes les boutiques de vente des produits médicaux sont ouvertes. Pour un visiteur étranger, c’est vraiment une découverte. Des passages étroits, des petites boutiques avec des commodités. Il y’ a vraiment du monde autour des boutiques.
Pour collecter des informations dans ce lieu, nous nous sommes assimilés à un client pour pouvoir être en contact avec quelques commerçants. En payant les produits nous posâmes nos questions. Ils sont très vigilants. Les réponses sont courtes :
D’où proviennent ces produits ?
Nigeria, Burkina, Cameroun…
Avez-vous fréquentez une école de santé pour pouvoir lire les ordonnances vu la manière dont écrivent les médecins ?
C’est l’habitude, nous connaissons par cœur presque tous les noms des produits?
Est-ce que c’est la qualité ?
Même les pharmacies et les cliniques viennent payer chez nous ?
Nous voulons continuer à poser des questions mais ça commence à gêner. Du coup nous avons arrêté nos questions pour discuter du premier des produits. Les prix sont très abordables.
Les produits coûtent 2 fois moins cher que ceux des pharmacies selon les quelques-uns que nous avons payés. Un agent de santé nous confie que c’est ce qui pousse les gens à payer les médicaments du marché. Et c’est aussi pour cette raison que certains établissements privés payent les produits au Grand marché. Pour lui, les conditions de stockage ne sont pas adéquates. Du coup, les produits perdent leurs principes actifs, la molécule qui possède l’effet thérapeutique.
Retenez bien ! Tout s’est passé en quelques minutes en payant une plaquette de comprimés. Pour pouvoir se renseigner davantage nous demandons un autre produit. Notre ‘’pharmacien’’ n’en dispose pas mais il nous réfère chez un autre qui en a. Nous faisons le tour du quartier de vente des médicaments avant de nous rendre chez le prochain boutiquier. Pendant ce tour, un autre fait a aussi marqué notre attention. Les hommes et les femmes qui viennent se procurer les produits le font discrètement. On les voit dans les boutiques sans la moindre discussion longue comme pour l’achat des autres produits par exemple les habits et autres articles divers. Les clients et clientes sont sceptiques à tout témoignage. Nous avons tenté mais en vain. Concernant l’approvisionnement des cliniques ou cabinets de soins sur le marché, nous avons constaté de visu des agents de santé qui sont venus acheter des lots de divers produits.
Certains ne doutent point de la qualité des produits médicaux qui sont en vente sur le marché. Ils en a achètent assez pendant le pic du paludisme et ils trouvent satisfaction. Pour Ibrahim, un père de famille, il n y’a pas de différence entre les produits en vente dans les pharmacies et ceux du Grand marché. C’est la raison pour laquelle, dit-il, il n’a jamais hésité à se faire soigner et soigner ses enfants avec ces médicaments. Ibrahim témoigne que l’accès à ces produits est facile à tout moment et à moindre prix aussi, car on trouve des points de vente dans les quartiers de Niamey, généralement non loin des CSI.
Par Oumar Issoufou(onep)