Vue d’un atelier de ménuiserie
Les grandes vacances sont en quelque sorte ‘’la saison des mariages’’ célébrés en grande pompe à Niamey. Une aubaine pour le secteur de la menuiserie qui y trouve son compte. En effet, depuis quelque temps, la créativité et l’innovation dans la menuiserie locale séduisent de plus en plus les Nigériens qui, autrefois étaient obnubilés par les meubles et accessoires importés. Avec les améliorations apportées par les artisans menuisiers pour satisfaire une clientèle exigeante, la population converge de plus en plus vers la production locale. Ainsi, des chefs-d’œuvre de qualité, sophistiqués et raffinés sont proposés à la clientèle. Ce qui attire les parents des jeunes couples.
La confection des meubles et accessoires d’intérieur n’est plus un secret pour Mohamadou Alkeirou, un meublier du marché karam karam. Assis dans son atelier de travail au milieu de fauteuils en tissu et en fer forgé, des lits en bois, des tables et tabourets en bois, il explique les différentes innovations entreprises pour attirer les acheteurs. Selon lui, la confection des meubles nécessite un savoir-faire moderne qui met en exergue la qualité des produits. Il souligne, que la réalisation de ce métier est la somme conjuguée de plusieurs années d’expériences. « J’ai huit ans de carrière dans ce domaine. Nous avons connu une période de non consommation car beaucoup de Nigériens préfèrent les produits importés aux produits locaux. Mais, nous avons innové notre savoir-faire pour répondre aux besoins des consommateurs afin de mieux vendre nos produits », a-t-il dit.
L’atelier de Mohamed offre à la population des articles variés, entièrement confectionnés à la main avec des produits locaux modernes qui satisfont la clientèle peu importe les moyens ou les demandes. L’atelier propose également un système de rechange. « Nous offrons aux clients la possibilité d’échanger leurs anciens meubles contre de nouveaux meubles c’est-à-dire faire des ‘’trocs’’. On renouvelle les meubles avant de les remettre sur le marché à des prix abordables. Ainsi avec 200.000, 250.000 voire 300.000 FCFA, l’intéressé peut le reprendre. Pour les fauteuils, c’est le même cheminement que les lits. Leur prix varie de 75.000 à 100.000 FCFA », a-t-il ajouté.
S’agissant des meubles nouvellement fabriqués, leurs prix varient de 400 000 FCFA à 700 000 FCFA l’ensemble. « Grâce à nos innovations, nous fabriquons des modèles à la demande du client », a mentionné le meublier.
Toutefois cet artisan se plaint de quelques désagréments en particulier avec les femmes. « Le plus grand souci que j’ai avec les clientes c’est l’annulation de la commande non pas par mécontentement mais parce que le mariage a été annulé. La cliente réclame dans l’immédiat son argent alors même qu’il faut vendre le produit avant de pouvoir lui remettre l’argent de la commande », a dit le menuisier.
Mohamed attire l’attention des femmes sur les risques liés aux importations. « Les femmes doivent comprendre que la fabrication locale est meilleure que les meubles importés car, en dehors des frais de transport des produits, le billet et la douane, les autres désagréments routiers peuvent altérer la qualité du produit acheté. Des produits avec des composantes en vitres ou en miroirs, très fragiles peuvent être endommagés. En outre, la qualité du bois utilisé pour la confection n’est pas comparable à la nôtre », a-t-il expliqué.
Des designs originaux, des prix fascinants, tout pour séduire comme le témoigne Halimatou, mère d’une amarya ‘’ jeune mariée’’. « Pour le mariage de ma fille, je n’ai pas eu besoin de m’orienter vers l’extérieur pour avoir les meubles. A quelques jours de la cérémonie, j’ai soumis le modèle au meublier qu’il va reprendre comme tel. Il m’a été conseillé par ma voisine et j’ai aimé le travail fini sur ses meubles », a-t-elle dit.
Contrairement à Halimatou, la jeune Mariam reste insatisfaite. « Je ne suis pas trop emballée par les meubles fabriqués localement. Je préfère les meubles importés car ils sont beaucoup plus travaillés et raffinés à mon goût », a-t-elle dit.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)
