Le ministre de l’Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes, M. Laouan Magagi, a animé hier matin, une conférence de presse à son cabinet. Il s’agit à travers cette sortie médiatique, de parler d’un nouveau concept celui de l’assurance agricole qui est un mécanisme de partage de risque (entre Etat et producteurs) de catastrophes résultant des phénomènes climatiques extrêmes. Si tout se passe bien, le gouvernement compte ainsi mettre en place ce mécanisme d’ici la fin du premier trimestre 2023, selon le ministre Laouan Magagi.
Au cours de cette conférence de presse, le ministre de l’Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes a d’abord décliné les raisons qui ont poussé le gouvernement du Niger à opter pour l’assurance agricole. En effet, de 1973 à 2013 le Niger a enregistré plus de 3700 catastrophes avec des pertes estimées, en moyenne, à quarante (40) milliards de franc CFA par an. «Ce qui fait que, l’Etat et ses partenaires sont obligés de débloquer d’énormes ressources pour venir en aide aux populations impactées. C’est donc ce qui a amené l’Etat du Niger a organisé un processus de mis en place d’une assurance agricole» a déclaré M. Laouan Magagi. Des rencontres ont été organisées avec des pays où ce mécanisme existe en vue de s’inspirer des expériences réussies.
A travers cette assurance agricole, le gouvernement veut permettre aux producteurs d’être à mesure de s’assurer afin de réduire le risque et aussi parallèlement leurs permettre d’avoir accès à des intrants à travers des projets, des banques. Notons que, depuis 2022, un comité national sur l’assurance agricole indicielle (CNAAI) multi acteurs a été créé. Ce comité a pour charge de conduire le processus de création. D’après le ministre Magagi, plusieurs partenaires veulent accompagner le Niger dans ce cadre. Aussi, une étude de faisabilité a été engagée pour que d’ici février 2023 (fin du premier trimestre 2023) le Niger puisse disposer d’une forme d’assurance agricole. A ce niveau, il faut préciser qu’il existe plusieurs types d’assurance agricole dont l’assurance agricole traditionnelle, l’assurance agricole climatique et l’assurance agricole indicielle.
L’assurance agricole indicielle est considérée comme une branche d’activité spéciale de l’assurance. En effet, c’est un mécanisme de protection des personnes à faible revenus contre les risques en échange de paiement de primes d’assurance adaptées à leur besoin et niveau de risque. Et les contrats d’assurance portent sur des aléas spécifiques affectant la production agricole, sylvicole et halieutique (sécheresse, inondations, épidémies, épizooties, etc.). Cette assurance vise à supporter un risque précis auquel le producteur fait face et à proposer ce service à un cout supportable. «L’assurance rembourse un assuré du tout ou partie d’une perte financière due à un événement imprévisible ou à un risque sur la base du ou des indices convenus. Cette protection s’exerce par le biais d’un mécanisme de mise en commun basé sur la mutualisation des risques d’un grand nombre de producteurs vulnérables à un même risque», a expliqué M. Laouan Magagi. Et le ministre d’ajouté, «C’est comme ça que le gouvernement va partager les risques avec les producteurs. Il y’aura moins de familles qui seront affectées par les dégâts qui devient de plus en plus récurrent».
Ce mécanisme d’assurance agricole est tres bien accueilli par la plateforme paysanne du Niger. Pour son président, M.Djibo Bagna, elle constitue une vraie préoccupation pour les producteurs vue l’instabilité météorologique. «C’est pour cela que, nous adhérons à cent pour cent à cette question d’assurance», a déclaré avec force le président de la plateforme paysanne. Toutefois, il a souligné que, les producteurs veulent un modèle d’assurance qui va pousser les producteurs à dire oui parce qu’ils trouvent leur compte. « On va se battre pour qu’il soit un mécanisme très souple et que nous puissions aussi respecter nos engagements», a martelé M. Djibo Bagna.
Cette conférence de presse a également permis au Secrétaire du comité exécutif des assureurs du Niger, M. Djibrilla Talatou d’apporter plus de précisons par rapport à cette assurance qui, a-t-il dit, n’est pas destinée à apporter quelques chose aux poches du producteur. Mieux, elle va permettre à ce que, l’assureur se substitue aux producteurs pour assurer ces poches.
Plusieurs partenaires accompagnent le gouvernement dans ce processus de mise en place de l’assurance agricole. Il s’agit entre autres du Fonds International de Développement Agricole (FIDA), du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), de la Banque Mondiale, du Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN), la BAGRI, etc. Beaucoup d’autres partenaires qui sont intéressé, en train d’être fédérés par le comité.
Pour ce qui est de la garantie, il faut noter que l’Etat à travers la BAGRI a prévu d’accompagner les producteurs afin qu’ils obtiennent un crédit avec un taux d’intérêt faible. Le FISAN a également beaucoup de guichets qui vont accompagner les producteurs en intrant et en formation.
Rahila Tagou (onep)