Le lundi 05 janvier 2025, devant les ambassadrices et ambassadeurs de France, le Président français, Emmanuel Macron, grincheux et paternaliste comme à ses habitudes, a cru bon de tancer violemment et d’admonester publiquement, tous les pays de la sous-région qui, au moment où les trois Etats membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) décidaient sans fioriture ni tergiversation de prendre rigoureusement leur destin en main en dégageant hors de leurs frontières les soldats de l’armée française stationnés sur leur sol et dénoncer en même temps les accords léonins et conventions d’un autre âge, eux, étaient quelque peu hésitants et par trop attentistes.
Devant les représentants de la France à l’extérieur, le Président français a aussi cru dire des vérités à ces pays qui, à leur tour, instantanément, sans perdre du temps, ont réagi en déconstruisant totalement les propos de ce dernier, confirmant, de ce fait, l’adage français qui dit « Vérité au-delà des Pyrénées, mensonge en deçà », en termes simples et clairs, « ce qui semble être une vérité en France et pour la France n’est que mensonge hors de la France ».
C’est en tout cas la conclusion à laquelle on parvient en suivant les vigoureuses et énergiques réactions du Tchad et du Sénégal après le One Man Show d’Emmanuel Macron.
Pour le Premier ministre sénégalais, « Le Président français a affirmé, aujourd’hui, que le départ annoncé des bases françaises aurait été négocié entre les pays africains qui l’ont décrété et la France. Je tiens à dire que dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée. Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté en tant que pays libre, indépendant et souverain ».
S’agissant des allégations du Président français selon lesquelles « aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain si la France ne s’était pas déployée », le Premier ministre sénégalais réagit : « Bien au contraire, elle (la France) a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Lybie avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel ».
Et, le Premier ministre sénégalais de conclure : « C’est enfin le lieu de rappeler au Président Macron que si les soldats africains, quelques fois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis ne s’étaient pas déployés lors de la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut-être, aujourd’hui encore, Allemande ».
Au Tchad, le gouvernement a exprimé sa vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le Président de la République française Emmanuel Macron qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains.
« L’Histoire atteste que l’Afrique, y compris le Tchad, a joué un rôle déterminant dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales, un fait que la France n’a jamais véritablement reconnu. Les sacrifices immenses consentis par les soldats africains pour défendre la liberté ont été minimisés, et aucun remerciement digne de ce nom n’a été exprimé », regrette le gouvernement tchadien.
Le communiqué poursuit : « la France n’a jamais doté l’armée tchadienne de manière significative, ni contribué à son développement structurel. En 60 ans de présence marquée par des guerres civiles, des rebellions et une instabilité prolongée, la contribution française a souvent été limitée à des intérêts stratégiques propres, sans véritable impact durable pour le développement du peuple tchadien ».
La conclusion du communiqué du gouvernement tchadien est sans équivoque : « le peuple tchadien aspire à une souveraineté pleine et entière, à une véritable indépendance et à la construction d’un Etat fort, autonome, acquis au prix de sacrifices inestimables. Nous invitons la France à intégrer cette aspiration légitime dans son approche des relations avec l’Afrique ».
Ainsi donc, l’Histoire vient une fois encore de donner raison au Général d’Armée Assimi Goita du Mali, au Général de Brigade Abdourahamane Tiani du Niger, au Capitaine Ibrahim Traoré du Burkina-Faso et au peuple de la Confédération des Etats du Sahel (AES) qui, très tôt, ont compris la nécessité absolue de se débarrasser du carcan délibérément placé par la France pour obstruer le développement de l’espace sahélien.
Alou Moustapha(onep)