L’esprit entrepreneurial s’installe considérablement chez la femme rurale qui, depuis quelque temps, décide de prendre son destin en main. Ne se laissant plus influencée par le fait de ne pas aller à l’école, ces braves femmes se réunissent pour la majorité en groupement, mettant en commun leur capacité et leur créativité, en vue d’atteindre l’autonomisation financière. C’est ainsi qu’elles se battent corps et âme, pour innover, atteindre une masse large et améliorer leurs gains dans diverses activités génératrices de revenus notamment dans la transformation agroalimentaire.
Tout comme sa concitoyenne citadine, la femme rurale a compris la nécessité d’être autonome financièrement. Pour ce faire, l’entreprenariat est désormais inscrit dans la gamme des stratégies que la femme rurale déploie pour accroître ses sources de revenus avec une participation remarquable aux foires, aux expositions et aux salons tel que le salon 100% made in Niger.
Important levier de développement, l’entreprenariat féminin connaît une avancée significative au Niger. Cela est sans nul doute dû à la prise de conscience de la junte féminine qui a décidé de rompre avec le silence pour apporter un plus à l’économie du pays. Subvenir à ses petits besoins sans trop embêter le conjoint, innover pour ne plus se focaliser sur les sempiternels travaux champêtres, la femme rurale voit loin et compte saisir toutes les opportunités qui s’offrent à elle. Parcourir des kilomètres pour faire connaître leurs produits, tel est le slogan de ces braves femmes de la commune de Guidan Idder, dans le département de Malbaza dans la région de Tahoua qui ont apporté leurs touches personnelles au salon 100% made in Niger.
En effet, selon les explications de Hadiza Nomaou, représentante du groupement des femmes transformatrices de Guidan Idder réunies autour du groupement ‘’Scoops Harama’’ composée de 20 femmes, elles sont dit-elle, dans la transformation agroalimentaire depuis plus de 15 ans. C’est ainsi qu’elles offrent au consommateur une multitude de produits soigneusement travaillés, dérivés des matières locales à première disponibilité dont « le gabou » bulbes d’oignon, « gabou » feuilles d’oignon, « dawon bagai », le moringa précuit, l’huile d’arachide, la patte d’arachide, la poudre de « malohiya », la poudre de feuilles de baobab, des pâtes alimentaires à base de haricot et tomate.
« Dans notre village, et même à Niamey ajoute-t-elle, nos produits sont arrachés comme des petits pains. Nos produits sont valorisés. A Niamey aussi nous recevons des commandes de nos clients, après la transformation nous envoyons le colis via les bus », a expliqué Hadiza Nomaou qui ajoute que le travail bien fait paye toujours. « Nous avons beaucoup bénéficié de notre dur labeur. Personnellement, ce business m’a ouvert les portes. J’ai largement profité de ce commerce, j’ai effectué mon hadj dedans, j’ai donné en mariage mes enfants, je satisfais mes besoins et ceux de mes enfants. J’achète également des animaux pour l’embouche », confie la doyenne Hadiza Nomaou.
Ainsi pour mieux gérer les recettes et faire profiter chacune de ses droits, après la transformation et l’écoulement des produits, ces femmes divisent l’argent en trois parties. « On dépose la première partie pour acheter du matériel de travail, la seconde, on partage entre nous et la dernière partie est utilisée pour réparer les anciens matériels », a confié la vielle dame. Leur plus grande difficulté, poursuit-elle, c’est qu’elles travaillent de manière archaïque ; et elles ambitionnent de moderniser leur travail et le faire en tenant compte de toutes les exigences d’hygiène et de propreté. « Nous avons vu certains qui travaillent dans le même domaine que nous, mettre leurs produits dans de bons emballages, nous voulons aussi faire comme eux. Nous cherchons un moyen pour moderniser nos produits », a-t-elle indiqué.
Pour Hadiza Nomaou, la participation au salon 100% made in Niger, est une opportunité pour faire connaitre leurs produits, gagner en expertise et se faire voir à travers le pays. « J’ai beaucoup aimé notre participation au salon car, nous avons bénéficié de beaucoup de choses. Nos produits sont valorisés ; nous avons eu droit à des encouragements, les autorités aussi ont apprécié l’initiative » a-t-elle conclu.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)