Le médaillé d’argent aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro 2016, Abdoul Razak Issoufou Alfaga, continue sa saga chevaleresque sur les grands tatamis mondiaux de Taekwondo. Et cela, en dépit d’une série de blessures, qui depuis deux ans, tente de perturber son agenda international. Il a récemment donné la preuve en Russie, en se hissant dans le Top 5 des meilleurs combattants du monde, décrochant ainsi sa qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder il évoque sa préparation pour les JO et ses ambitions pour le Niger.
Vous vous êtes qualifiés pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Quels sont les efforts que vous avez fournis depuis la dernière olympiade pour assurer cette qualification?
Je me suis qualifié pour les Jeux Olympiques de Tokyo parmi le Top 5 au monde. C’est un travail qui a commencé depuis décembre 2016, jusqu’en 2017 où j’ai décroché la médaille d’or du championnat du monde. Et après, j’ai participé à de nombreuses compétitions partout dans le monde, les Opens G1 et G2 qui me permettent d’avoir des points pour pouvoir me classer sur le plan mondial. Après le championnat du monde de juillet 2017, je me suis classé 1er mondial jusqu’en décembre 2017, où j’ai été victime d’une blessure au Grand prix final en Côte d’ivoire. Je me suis fait opérer en Allemagne, en février 2018. Et jusqu’en fin 2018, je n’ai pu participer à aucune compétition parce que j’étais en train de me rétablir pour revenir dans la compétition. En février 2019, j’ai repris la compétition en Turquie où je me suis classé troisième. Après cela, j’ai participé à l’Open de Luxor en Egypte, et j’ai remporté la médaille d’or; ensuite j’ai été à l’Open de Grèce et au championnat d’Europe des clubs, où j’ai décroché des médailles d’or. Après cela j’ai fait l’Open d’Allemagne où j’ai aussi décroché la médaille d’or. On s’est par la suite rendu au Maroc pour la Coupe, et c’est là où je me suis blessé à nouveau sur l’autre genou. Cette blessure m’a empêché de participer au championnat du monde. Pour moi, les Jeux Africains sont très importants pour mon pays. Mon centre a tout fait pour que je sois en forme pour ces jeux, à l’occasion desquels j’ai doublé ma médaille d’or. Et Ismael, mon compatriote a également remporté une médaille d’or. Après ces jeux, je n’ai fait que participer à des grands prix. Je n’étais pas en forme pour remporter des médailles mais il me fallait continuer à participer à ces compétitions pour garder mon rang qui va me permettre de me qualifier parmi les cinq meilleurs au monde. Au Grand prix final, je me suis blessé à nouveau, mais j’ai pu décrocher ma qualification pour Tokyo en me classant 4ème malgré mes deux années de blessure. Je me suis battu pour me qualifier parmi le Top 5 mondial. Le champion olympique ne s’est pas qualifié. Sur le podium de Rio de Janeiro, je suis le seul athlète qui a pu se qualifier parmi le Top 5 mondial. Et cela grâce aux prières des Nigériens.
Quel sera votre objectif à Tokyo 2020?
Pour moi l’essentiel est fait parce que si je ne me suis pas qualifié on ne parlera même pas de Tokyo. Je me suis battu corps et âme pour me qualifier pour mon pays, et pour montrer à la jeunesse nigérienne que quand on veut, on peut. J’ai pu avoir cette qualification sur le plan mondial, et Incha-Allah, je me donnerai encore plus à fond pour décrocher la médaille d’or qu’on a manquée à Rio.
Vous avez bénéficié d’un programme de préparation spécifique pour les Jeux Olympiques de Rio de Janeiro en 2016; comment se passe votre préparation pour les prochains jeux olympiques de Tokyo ?
En effet, avant d’aller à Rio, j’étais en Allemagne. Le COSNI m’a donné une bourse qui m’a emmené en Allemagne pour préparer les jeux olympiques. Donc c’est là que je me suis qualifié pour la première fois. Après je n’ai fait que remporter des compétitions partout dans le monde. Le Président de la République a envoyé le ministre de la Jeunesse et des Sports en Allemagne pour s’enquérir de mes conditions de préparation et d’entrainement. Et c’est à partir de là que le Chef de l’Etat m’a pris en charge jusqu’aux Jeux Olympiques de Rio. Dès mon arrivée de Rio, le Président de la République a annoncé que le gouvernement va m’accompagner jusqu’à Tokyo. Donc c’est grâce à ces prises en charge que je me suis classé parmi les cinq meilleurs au monde. Parce que j’ai tous les moyens qu’il me faut pour faire les déplacements partout dans le monde, et représenter dignement mon pays. C’est vraiment ce soutien du Président de la République, qui m’a donné le courage, et qui m’a permis d’être dans le Top5 mondial.
Est-ce que vous avez le sentiment que votre pays vous soutient dans le cadre de toutes ces grandes compétitions mondiales ?
Vraiment mon pays me soutient. C’est cela même ma force. Quand j’ai une compétition dans le monde, je regarde dans les réseaux sociaux comment les gens sont mobilisés derrière Alfaga; parfois j’ai même peur parce que je me dis que pour eux Alfaga va gagner tout le temps. Et je mets ça dans ma tête. Et comme mes concitoyens veulent et pensent qu’Alfaga va gagner, il faut que je gagne pour rendre mon peuple heureux.
Vous êtes victime de plusieurs blessures depuis deux ans, pensez-vous que vous que cela va entamer votre moral ?
C’est ce que mon coach me dit tout le temps. Je n’ai jamais baissé les bras parce que les blessures font partie de notre sport. Les grandes stars se blessent aussi tout le temps. Je sais pourquoi je me blesse ; c’est parce que je me suis sacrifié pour que je puisse être parmi le Top 5 mondial. Quand je me suis blessé la première fois, mon coach m’a dit qu’on doit prendre le temps pour me guérir. J’ai dit non; pour moi, avec la prise en charge que le Président de la République m’a donné, je n’ai pas droit à l’erreur. Je dois me qualifier sur le plan mondial pour montrer au Chef de l’Etat qu’on a pu atteindre notre objectif. Donc je me suis sacrifié, malgré les blessures pour être dans le Top5. Après les Jeux Olympiques je prendrai mon temps pour me soigner et continuer ma carrière. Jusqu’aux Jeux Olympiques de 2028, je ne ferai que hisser le drapeau du Niger partout dans le monde.
Vous avez initié le Tournoi international dénommé «Coupe Alfaga» de Taekwondo. Quel était l’objectif que vous visiez à travers ce tournoi? Etes –vous satisfait du chemin parcouru depuis la première édition?
Pour moi depuis la tenue de la première édition de la Coupe Alfaga à Maradi, c’est de faire une compétition qui va réunir les Nigériens entre eux, et leur permettre de s’affronter. Parce qu’il n’ya que les athlètes de Niamey qui ont le niveau. Donc je voulais vraiment les rassembler chaque année pour qu’ils puissent s’affronter entre eux. Après, les athlètes de la sous région m’ont dit qu’eux-mêmes, ils souhaitent participer à cette compétition. Je me suis alors dis pourquoi ne pas faire une compétition internationale qui va réunir la sous région au Niger, et qui va permettre aux Nigériens d’avoir le niveau africain. C’est pour cela que dès la deuxième édition, la Coupe Alfaga est devenue une compétition internationale. J’ai beaucoup apprécié ces différentes éditions, car j’ai vu des jeunes, des cadets qui ont vraiment le niveau international. En tant qu’athlète de haut niveau, je me suis dit que nous avons le championnat d’Afrique cadet, nous avons le championnat du monde cadet, pourquoi ne pas appuyer les enfants pour qu’ils puissent représenter le Niger comme nous le faisons actuellement. C’est cela qui m’a poussé à organiser la Coupe Alfaga. Et dès la troisième édition, les techniciens ont apprécié les cadets. Avec la Fédération Nigérienne de Taekwondo, et le Ministère en charge des Sports, nous allons essayer de voir comment appuyer ces cadets et les amener au championnat d’Afrique cadet et au championnat du monde cadet pour représenter dignement notre pays.
Réalisée par Oumarou Moussa(onep)