L’industrialisation au Niger fait face à de nombreuses contraintes d’ordre structurel. La première, et peut être la plus importante est la non disponibilité d’énergie en quantité suffisante pour soutenir l’installation de grandes entreprises. Notre pays doit donc relever d’importants déficits de production et de distribution de l’énergie.
La Constitution du Niger à son alinéa premier est assez explicite : «L’Etat s’attelle à développer son potentiel énergétique en vue d’atteindre la souveraineté énergétique, l’accès à l’énergie et la mise en place d’un secteur industriel, minier, pétrolier et gazier dynamique et compétitif, orienté vers la satisfaction des besoins nationaux et des exigences du développement ». Cela veut dire que l’énergie est au centre du futur de notre nation. Les coupures intempestives et prolongées d’électricité nuisent aux activités économiques ; et donc une mauvaise fourniture d’énergie, est synonyme d’un sous-développement permanent. Partout dans le monde, l’électricité et le gaz sont les leviers de la croissance économique.
Notre pays ne fera pas exception à cette constatation générale. Cette assertion se démontre aisément lorsqu’on jette un regard sur l’historique du développement de toutes les nations émergentes. Il y a donc lieu de tendre vers la diversification des productions énergétiques et la modernisation des unités de productions existantes. Nos autorités ont à cœur de résoudre cette terrible équation. Et pour ce faire, elles ne cessent de multiplier les initiatives.
Au mois d’août dernier, le Président de la République, Chef de l’Etat, SE. Bazoum Mohamed a posé la 1ère pierre pour la construction d’une centrale thermique de 22 mégawatts à Zinder. Cette centrale qui fonctionnera au pétrole brut, au fioul lourd et au diesel sera réalisée dans le cadre d’un partenariat public privé (PPP) avec une société mauritanienne ISTITHMAR West Africa. La cérémonie de pose de 1ère pierre s’est déroulée sur le site Nigelec Zinder 2.
Le coût total du financement est de 66 milliards 251 millions 657 mille francs CFA. D’après le Président Directeur général de ISTITHMAR West Africa, sa société compte terminer les travaux avant le prochain mois du ramadan. Les moteurs, les équipements, toute la logistique et les équipes étaient déjà sur le site de Zinder au lancement. « Le Niger a pour ambition d’accroître sa capacité électrique installée afin de soutenir sa croissance économique et de faciliter l’accès des populations à l’électricité. Dans cette perspective, le recours à l’énergie solaire sera déterminant», a déclaré Mahamane Sani Mahamadou, Ministre du Pétrole, de l’Énergie et des Énergies Renouvelables à l’époque à l’occasion du lancement de l’initiative Scaling Solar.
Le programme Scaling Solar permettra au Niger de se procurer plus rapidement, à faible coût de l’énergie solaire à l’échelle commerciale auprès de producteurs d’électricité indépendants réputés. L’initiative Scaling Solar facilite l’organisation d’appels d’offres et la passation de marchés pour la construction de centrales solaires à l’échelle commerciale, raccordées au réseau et financées par le secteur privé. L’objectif est de produire de l’électricité à des prix compétitifs. Ce qui permettra d’accroitre l’offre en énergie au Niger.
Le Sénégal et la Zambie ont déjà mis en service avec succès des centrales solaires dans le cadre de ce programme. Il ya également le projet régional d’interconnexion électrique Dorsale Nord de Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain (EEEOA-CEDEAO). Il vise à relier cinq pays de la CEDEAO par une ligne de transport à haute tension 330 KV, afin de faciliter le commerce de l’électricité dans la sous-région et d’étendre l’accès à l’électricité aux populations situées le long de la ligne de transport.
Ce projet permettra également un échange d’énergie initiale estimée à environ 430 MW, qui pourrait atteindre plus de 600 MW, cinq à dix ans après sa mise en service. Cet important projet régional est initié par le Projet Régional d’Interconnexion Electrique ou West African Power Pool (WAPP), avec l’appui financier de plusieurs partenaires techniques et financiers, à savoir la Banque Africaine de Développement (BAD), l’Agence Française de Développement (AFD), la Banque Mondiale (BM), l’Union Européenne, le Gouvernement Fédéral du Nigeria et le NEPAD-IPFF. La mise en œuvre de ce projet va coûter 692 millions USD et aura plusieurs impacts socio-économiques dans la région. Les travaux seront achevés en 2024.
Le ministre du Pétrole, de l’Energie et des Energies renouvelables, M. Mahamane Sani Mahamadou a indiqué lors de la cérémonie de lancement au mois de février dernier, que le WAPP s’efforce d’intégrer les réseaux électriques nationaux dans un marché régional unifié de l’électricité. Ces démarches ont pour but d’assurer aux populations des Etats membres de la CEDEAO un approvisionnement en énergie électrique régulier, fiable et à un coût compétitif à moyen et long terme.
Si l’on ajoute à toutes ces belles initiatives la centrale électrique de Kandadji, qui doit produire plus de 130MW, on peut dire que notre pays n’est pas loin d’assurer son indépendance énergétique et donc de fournir à l’industrie un vrai potentiel énergétique pour son développement.
Par Oumarou Moussa(onep)