La mendicité est une pratique blâmable qui a pris, dans un passé récent, des proportions inquiétantes. Pour mettre fin à cette pratique que certains, à la recherche du gain facile, ont transformée en fonds de commerce, le Gouverneur de la région de Niamey, le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna, a pris des mesures lors d’un point de presse tenu le 13 août 2024. Ces mesures nécessaires qui ouvrent la voie à une résolution définitive de ce problème ont été saluées par tous les Niaméens.
Dès lors, les mendiants présents à Niamey ont été regroupés et rapatriés vers leurs villages d’origine. Le message du Gouverneur envers ces derniers est très clair : ceux qui prennent cette mesure à la légère se verront directement envoyés dans les zones de grande irrigation, où ils seront soumis à des travaux obligatoires, mais non forcés. « Nous avons décidé de les renvoyer dans leurs villages respectifs. Ils seront regroupés, nourris, et acheminés vers leurs villages avec des moyens mis en place par l’État. La mendicité ne reflète pas les valeurs de dignité et de travail que nous prônons », a déclaré le Gouverneur de la région de Niamey lors de son point de presse.
Cependant, malgré cette interdiction sans réserve des autorités, et malgré l’efficacité du suivi et du système de surveillance, certains récalcitrants continuent de vadrouiller dans les rues de la capitale, pratiquant ainsi cette activité dégradante en bravant la décision du Gouverneur. Leur nouveau mode opératoire est de s’éloigner des grands carrefours en privilégiant ainsi les mosquées et les quartiers périphériques.
Un combat de longue haleine !
Le vendredi, jour de prédilection pour ces mendiants où les fidèles offrent des aumônes, semble échapper à toutes les mesures contre la mendicité. Le vendredi 8 novembre dernier, des mendiants ont refait surface à la mosquée du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, malgré la présence des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) dans la zone. Conscients d’être sous surveillance, les mendiants multiplient les stratégies pour contourner les contrôles. En apercevant les agents sur place, certains se sont mis à fuir, tandis que d’autres se sont dissimulés parmi les fidèles réunis pour la prière du vendredi. Pendant ce temps, d’autres encore, plus malins, tentaient de se fondre dans la foule à la grande mosquée du Petit Marché. Malheureusement pour eux, les éléments de la Garde Nationale étaient omniprésents. Lorsqu’ils ont réalisé qu’ils n’avaient aucune chance de s’échapper, certains ont commencé à crier : « Nous ne sommes pas des mendiants. Nous sommes venus pour la prière. S’il vous plaît, pardonnez-nous, nous ne recommencerons plus ».
Les Nigériens sont unanimes sur la décision des autorités de ne plus tolérer une pratique qui porte atteinte à l’honneur, à la dignité et à l’image du pays. En effet, la lutte contre ce phénomène est un combat de longue haleine. C’est pourquoi, M. Ammani Chaibou, fidèle musulman, témoin du jeu de cache-cache des mendiants de ce vendredi 8 novembre 2024, encourage les autorités à maintenir le cap, tout en prônant la réinsertion des mendiants dans des métiers qu’ils peuvent exercer. « Maintenant, il est difficile de distinguer le mendiant du citoyen ordinaire. Ils sont présentables et ils ne s’exposent pas comme avant. Ceux qui sont bien portants inventent des handicaps et l’exposent, affichant une vulnérabilité afin d’attirer la sympathie des autres. Ils ont développé de nouvelles tactiques pour poursuivre clandestinement la mendicité. C’est surtout à l’intérieur des mosquées qu’ils tendent la main. Une fois au dehors, ils ne sont pas des mendiants. Mais l’on constate quand-même que la pratique de la mendicité a drastiquement régressé. Et nous encourageons les autorités de notre pays à maintenir ce rythme afin d’éradiquer complètement cette pratique et de réhabiliter l’image de notre pays, tout en préservant la dignité de ces citoyens qui veulent coûte que coûte s’adonner à une pratique condamnée même par leur religion », explique Ammani Chaibou.
Pour accompagner cette initiative de lutte contre la mendicité à Niamey à travers les mesures dissuasives, des partenariats solides avec des associations locales et des ONG sont nécessaires pour une réinsertion des concernés, en leur offrant des formations et des opportunités de reconversion professionnelle. Déjà, certains se sont lancés dans des activités honorables pour vivre dignement, c’est-à-dire vivre de la sueur de leur front.
Abdoul-Aziz Ibrahim (ONEP)