Malgré les dégâts considérables provoqués par les fortes pluies, la production céréalière et fourragère ressortirait excédentaire selon les prévisions des services du Ministère de l’Agriculture. Une bonne nouvelle, en particulier pour les éleveurs et leur bétail qui ont fait face ces dernières années à des crises pastorales sévères.
Mais pour que ces ressources fourragères soient préservées durablement, il est essentiel d’éviter certains événements fâcheux dont les plus à craindre sont les feux de brousse. La question est d’autant plus actuelle que nous sommes dans la période de froid. Dans certaines zones notamment pastorales et dans nos villages, le froid est intense, et est souvent accompagné de vent fort et glacial. Même le soleil manque souvent au rendez-vous pendant toute la journée dans ces contrées où l’habitat est précaire.
Face à une réalité climatique, la seule option pour les populations est de se réchauffer autour du feu. Mais, une seule minute d’inattention peut se transformer en catastrophe. Une braise ou une étincelle emportée par le vent peut provoquer des incendies ou des feux de brousse difficilement maîtrisables.
D’où l’appel à la prudence chez tous les acteurs. Si au niveau des éleveurs, le réflexe d’éteindre soigneusement le feu existe parce que le bien-être de leurs animaux en dépend, il n’en est pas toujours ainsi chez les voyageurs, les transporteurs et autres campeurs de dimanche. Certains jettent de leurs véhicules des mégots de cigarettes, d’autres éteignent négligemment le feu après avoir pris leur thé ou leur barbecue. Des négligences qui débouchent souvent sur des catastrophes pour les éleveurs et même pour l’environnement.
C’est du reste pourquoi, à l’occasion du lancement de la campagne de lutte contre les feux de brousse le 02 octobre 2024 à Mazababou dans la commune d’Ingall (région d’Agadez), le ministre en charge de l’Environnement, le Colonel Maizama Abdoulaye, a rappelé certaines statistiques des services de l’Environnement. Ainsi, apprend-on, 253 cas de feux de brousse ont été enregistrés en 2021, 85 cas en 2022 et 112 cas en 2023. En moyenne, 150 cas sont enregistrés chaque année détruisant au moins 465448 ha de pâturage.
Les principales causes de ces feux sont, selon les services de l’environnement, les feux de cuisine mal éteints (48 %) ; les mégots de cigarettes (15 %) et d’autres causes non déterminées (30 %). C’est la raison pour laquelle une vigilance accrue s’impose à tous ceux qui utilisent le feu pour quelque usage que ce soit en cette période, notamment en rase campagne.
Il est tout aussi essentiel de rappeler les dangers de certaines façons de se chauffer comme celle consistant à allumer un feu au charbon dans une chambre hermétiquement close. En effet, la combustion du charbon libère du dioxyde de carbone, un gaz toxique. Ainsi, une telle pratique dans un espace clos provoque la saturation de l’air par ce gaz qui peut se révéler mortel si l’exposition est prolongée.
En somme, se réchauffer fait du bien en cette période de froid, mais il faut le faire avec conscience.
Siradji Sanda (ONEP)