Un projet d’identification unique pour l’intégration régionale et l’inclusion en Afrique de l’Ouest (WURI-Niger) a été lancé hier matin à Niamey. L’objectif de ce projet est d’augmenter le nombre de personnes au Niger qui disposent d’une preuve d’identité unique reconnue par le gouvernement et qui facilite l’accès aux services. Ce projet veillera aussi à mettre des mécanismes de gestion des plaintes et de réclamations afin de s’assurer que les droits des personnes seront respectés. Ainsi, avec le projet WURI, le Niger va disposer d’un outil qui va permettre d’obtenir des statistiques de populations actualisées, crédibilisant ainsi les politiques et stratégies de développement du pays dans les secteurs sociaux de base. Le système, il faut le préciser, va aussi favoriser une gestion plus efficiente des filets sociaux, des flux migratoires, des refugiés et des déplacés. C’est le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation M. Hamadou Amadou Souley qui a procédé au lancement officiel de ce projet financé par la Banque Mondiale.
WURI-Niger est un projet qui vise avant tout à faciliter l’accès aux services pour toutes les personnes présentes sur le territoire national, quels que soient leur statut juridique, leur nationalité ou encore les papiers ou documents d’identité qu’elles possèdent.
Le projet a une couverture nationale et sera mis en œuvre à travers trois composantes. La première composante vise à renforcer le cadre juridique et institutionnel. Elle permettra d’identifier et de combler les lacunes du cadre juridique et institutionnel et financera la préparation, le développement et la mise en œuvre des éléments juridiques et institutionnels nécessaires pour soutenir des systèmes d’identification robustes.
La composante 2 quant à elle, vise à mettre en place des systèmes d’identification robustes et inclusifs. Elle permettra de financer la conception, le développement et la mise en œuvre du système d’identification qui attribuera des numéros uniques d’identification à chaque personne enregistrée en lien avec ses données biométriques. Elle soutiendra également la production de justificatifs d’identité reconnus par le gouvernement, qui seront délivrés gratuitement aux bénéficiaires.
Enfin, la composante 3 vise à faciliter l’accès aux services grâce aux justificatifs. Elle financera le cadre d’interopérabilité et d’échange sécurisé des données avec les systèmes des prestataires de services publics et privés, les systèmes des autres pays WURI, permettant la vérification et l’authentification de l’identité via le système d’identification qui sera mis en place.
Selon le ministre de l’Intérieur, plusieurs organes publics et privés participeront à la mise en œuvre du projet et seront aussi des bénéficiaires des réalisations du projet. A cet égard, M. Hamadou Amadou Souley, a exhorté tous les acteurs de l’identification et de l’enregistrement des personnes au Niger à adhérer à l’initiative et à apporter tout l’appui nécessaire pour son succès. Car, le gouvernement fonde beaucoup d’espoir sur ce projet.
Présente au lancement du projet, la représentante de la Banque Mondiale, Mme Aissatou Dicko a notifié que, le Niger fait partie de la deuxième phase du programme WURI. Cette phase, a-t-elle précisé, concerne le Niger, le Bénin, le Burkina Faso et le Togo pour un montant total de 273 millions de dollars américains, soit plus de 170 milliards de FCFA d’ici 2026. «Le Niger joue un rôle central dans ce programme et reçoit à ce titre la plus grande allocation financière parmi tous les pays participants, soit 81 millions de dollars américains, ce qui équivaut à plus de 50 milliards de FCFA, dont un tiers sous forme de don» a nuancé la représentante de la Banque Mondiale. Mme Aissatou Dicko d’ajouter que, ce financement devrait contribuer à l’identification de toutes les personnes qui se trouvent sur le territoire national.
Selon la représentante de la Banque Mondiale, les principales caractéristiques de WURI-Niger est d’accompagner le gouvernement dans la mise en place d’un système d’identification de base capable d’identifier et d’attribuer un numéro unique sécurisé auquel est lié des données biométriques collectées pour garantir l’unicité de chaque individu. Il s’agit aussi d’appuyer l’état civil et de renforcer les capacités de la Haute Autorité à la Protection des Données à caractère Personnel (HAPDP) et enfin d’assurer la reconnaissance mutuelle des justificatifs d’identité, ainsi que l’interopérabilité des systèmes FID des différents pays membres, facilitant ainsi la vie des migrants et des populations nomades à l’étranger. A ce titre, le projet sera un important vecteur d’intégration régionale, permettant la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO.
Par ailleurs, il faut noter que, le projet WURI n’a pas pour vocation de se substituer au système national d’état civil, mais plutôt de le renforcer en créant un système d’identification de base interopérable au niveau régional soutenu par des cadres juridiques , politiques et techniques communs permettant la reconnaissance mutuelle des justificatifs d’identification de base. Ainsi, les justificatifs d’enregistrements qui seront délivrés gratuitement dans le cadre du projet ne remplaceront pas les titres d’identités nationaux, mais seront reconnus par l’Etat du Niger et par tous les pays adhérents de l’initiative WURI.
Le projet WURI a un réel potentiel de transformation socioéconomique. Au terme du projet, en 2026, environ 22 millions de personnes au Niger auront accès à un identifiant unique et un justificatif d’identité reconnu au niveau national et dans l’espace CEDEAO.
Rahila Tagou(onep)