M. Hama Diallo est le secrétaire exécutif de SOS diabétique du Niger, une ONG nigérienne reconnue en 2018, mais qui avait démarré ses activités bien avant cette date. Elle est née justement de la volonté des personnes atteintes de la maladie et même celles bien portantes mais qui ont décidé de participer à la lutte contre cette pathologie. Ces personnes ont décidé de se rassembler en vue de mener la lutte contre le diabète et/ou aider à mieux vivre avec la maladie et promouvoir la prévention.
M. Hama Diallo s’est fait dépister en 2001, à l’issue d’une circonstance malheureuse. « J’avais perdu un oncle qui était très proche de moi. J’ai voulu aller à l’enterrement, mais je me sentais très bizarre. Alors là, j’ai été à la clinique. Quand j’ai fait le test, ça s’est avéré que je souffrais de diabète. C’est dans ces circonstances là que j’ai découvert réellement que j’étais diabétique. Depuis je vis avec», a-t-il confié.
« Je vis mieux avec cette maladie sournoise. Certes, c’est difficile, surtout je n’ai même pas su quand est ce que je l’avais eue. Mais chemin faisant, je m’étais rendu compte que les signes précurseurs étaient là depuis longtemps. Ils étaient là, parce que j’avais tendance à consommer excessivement du sucre. Mais, je me disais que comme je fais beaucoup de marche sportive, je ne pouvais pas l’attraper. Un cousin ayant constaté mon état physique qui dépérissait m’a un jour interrogé si je n’ai pas le diabète. Toute chose que j’ai retorqué aussitôt. Il a attiré mon attention en me rappelant que son père, donc mon oncle, est mort du diabète. Etant parfois héréditaire, il m’a dit que je peux l’avoir aussi. Il m’a invité à faire un test. J’ai négligé. Réellement je sentais que je flottais et c’est en ce moment que j’étais parti faire le test qui a confirmé que j’étais diabétique», a expliqué M. Hama.
Depuis ce jour, M. Hama suit le traitement que lui a été prescrit par le médecin. « Quand on vous dit que vous trainez une maladie à vie, ce n’est pas facile de vivre avec. Et chaque jour, ce sont des comprimés. Un jour j’ai décidé de lâcher, mais c’était l’erreur à ne pas commettre. Ça m’a vraiment beaucoup secoué, et j’ai fini même par être évacué. Cela veut dire qu’il faut prendre les médicaments, respecter le régime alimentaire et faire des exercices physiques réguliers. Notamment la marche, c’est l’exercice le mieux indiqué, de même que la natation. Mais, la natation exige beaucoup plus d’énergie que la marche. Et en la faisant, on craint que vous ne tombiez dans une hypo glycémie. Dans tous les cas lorsqu’on a le diabète, il faut toujours solliciter son médecin pour indiquer l’exercice physique à pratiquer », a-t-il conseillé.
M. Hama Diallo explique que c’est la grande difficulté que rencontrent les diabétiques, c’est le régime alimentaire. Selon lui, la première difficulté est liée au niveau des produits qui coûtent excessivement cher. « Il n’y’ a pas de prise en charge de l’Etat, ni de subvention sur les produits. La deuxième difficulté est liée à l’alimentation. Or, les principales céréales consommées sont le riz, le mil, et le sorgho qui ont une forte teneur en sucre. C’est compliqué pour le nigérien de rééquilibrer son alimentation », a-t-il déploré. « Mais, il reste que nous avons également d’autres possibilités. Parce que Dieu offre des possibilités à chaque environnement de gérer sa survie, et de se développer. Dans ce sens, c’est l’information qui manque aux gens, sinon les légumes sont là, et c’est à la portée de tous. Il n’y a aucun impact sur la santé, c’est-à-dire que cela vous préserve. C’est à vous de poser des questions nécessaires pour équilibrer entre les céréales, les légumes et également les viandes » a ajouté M. Hama. « Nous avons des poulets. La viande blanche est indiquée pour la ration des diabétiques, il y a également du poisson qu’on peut consommer. Mais, la viande rouge est à éviter », a-t-il conseillé.
Le secrétaire exécutif de l’ONG SOS diabétique conseille ses compatriotes vivant ou pas avec le diabète de se faire dépister régulièrement afin de connaitre leur statut. Une fois que le dépistage est fait, il faut obligatoirement une prise en charge rapide. Aussi, a-t-il ajouté, le diabète entraine beaucoup de complications, parce qu’il agit pratiquement sur certains organes comme les yeux, le foie et puis il invalide la personne assez rapidement. M. Diallo insiste beaucoup sur le dépistage car, « une fois connu son statut, c’est de suivre les prescriptions du médecin, c’est très important », a-t-il souligné.
M. Hama Diallo a estimé qu’il faut que l’Etat s’implique davantage dans à la prise médicale, même s’il fait de son mieux. Aucun engagement ou investissement n’est jamais de trop pour lutter contre cette maladie persistante, considère-t-il. Et cela, en soutenant les acteurs intervenant dans la lutte, qu’il s’agisse des malades, des médecins ou des organisations. « Quand nous faisons nos activités, nous sommes obligés de faire recours aux cotisations internes, et nous cherchons les moyens par nos propres efforts. Il n’y’a pas d’aide directe de l’Etat. Nous demandons à l’Etat de subventionner au moins les produits de base. Ce n’est pas donné à tout le monde d’acheter la boîte de l’insuline à 70.000 FCFA, connaissant le niveau de vie de la majorité de nos compatriotes. Si vous devez faire le test de dépistage et que vous n’avez pas d’appareil pour le dépistage, dans les cliniques ça coûte au moins 2.500 FCFA. Ce sont des sommes énormes. Souvent aussi, il n’y’a pas la disponibilité soit des bandelettes, soit des lancettes. Vraiment, y a des éléments qui manquent », a-t-il dit.
Le secrétaire exécutif de l’ONG SOS diabétique du Niger a enfin demandé de valoriser le savoir traditionnel, la médecine traditionnelle que les Chinois, les Indiens et même les pays asiatiques utilisent. « Il faudrait que nous aussi, nous regardions dans notre patrimoine les produits qu’on a ici au niveau de notre environnement qui peuvent nous aider à toucher le maximum de personnes atteintes de cette maladie. Ou des produits qui peuvent procurer le bien-être à une personne qui est saine. On peut être en bonne santé et on a besoin de se nettoyer le foie, les reins pour booster l’organisme. On a tous ces produits locaux sur place, mais on n’a pas de structures pour s’en occuper. Et, tout nous tombe dessus. Or, les produits pharmaceutiques sont chers. Il faut trouver des mécanismes pour aussi subventionner la recherche locale, c’est important. », a-t-il affirmé.
M. Tankoano Diassibo vivait avec la maladie depuis novembre 2012. Il témoigne de son cas et de sa vie au quotidien. « Ce n’est pas évident de voir les symptômes, le diabète s’installe au fil des ans. Il y’a certes des alertes comme une grande soif ; la fatigue en permanence, la lenteur de la cicatrisation d’une plaie », explique M. Tankoano Diassibo. Ce patient dit qu’il s’est rendu compte de son statut sérologique concernant le diabète, depuis novembre 2012. « Au début c’était stressant, mais avec le temps j’ai appris à vivre avec en faisant attention à mon alimentation et en prenant régulièrement mes médicaments », a-t-il confié, même s’il dit qu’il n’a pas un régime alimentaire spécifique. « Tout simplement, j’évite le sucre et les aliments à forte teneur en sucre. Si non, je mange les mêmes repas que tout Nigérien moyen », a-t-il témoigné.
M. Tankoano exhorte les autres malades et même aux personnes saines de contrôler leur alimentation. « Ne pas manger très sucré si possible, bannir le sucre blanc qu’on voit partout. Pour les diabétiques, il faut contrôler régulièrement sa glycémie, surtout avant d’aller au sport pour ceux qui en font », a-t-il soutenu.
M. Tankoano Diassibo a lancé un cri de cœur à l’endroit de l’Etat afin de sensibiliser régulièrement la population sur toutes les maladies notamment le diabète, la tension artérielle. « Il ne faut pas attendre seulement les journées mondiales pour le faire. Il faut aussi subventionner les produits pharmaceutiques liés à ces maladies et penser à fabriquer ces produits sur place avec l’aide des pays amis », a-t-il conclu.
Farida Ibrahim Assoumane (ONEP)