On ne saurait évoquer la question environnementale au Niger sans parler de la désertification, dans la mesure où le pays est désertique au 2/3 de son territoire. Pour freiner l’accélération de la désertification, les politiques publiques mises en œuvre depuis des années 70 à nos jours mettent l’accent sur le reboisement du pays à travers la célébration de la fête de l’indépendance ou fête de l’arbre commémorée le 3 Août de chaque année. Plusieurs actions ont été entreprises dans le sens de sauver des terres arables confrontées à la menace irréversible de la désertification. En plus de la désertification, s’est invité depuis quelques années le problème de changement climatique qui impacte négativement aussi bien les écosystèmes que l’équilibre social en affectant l’existence des humains à travers des inondations et des sécheresses.
Il n’est un secret pour personne aujourd’hui que le changement climatique est un phénomène réel et planétaire, affirme la Directrice du Renforcement de la Résilience et de l’Atténuation au Changement Climatique, Colonel Harouna Ramata Abba Kiari. Ses conséquences ont suscité une prise de conscience à tous les niveaux, notamment politique, stratégique et opérationnel. L’Afrique subsaharienne est soumise à une forte variabilité climatique, caractérisée par des modifications des régimes pluviométriques, des températures extrêmes, des sécheresses récurrentes avec des effets perceptibles sur les terres agricoles, les pâturages et la disponibilité en eau. Cela a pour corollaire la dégradation des écosystèmes et la fragilisation des conditions de vie des populations.
Pour le cas spécifique du Niger, explique Colonel Harouna Ramata Abba Kiari, le changement climatique s’est traduit au cours des dernières années par l’exacerbation de certains aléas tels que les sécheresses cycliques et les inondations qui affectent aussi bien l’état du potentiel forestier que la capacité d’adaptation des espèces forestières et leur productivité. Elles engendrent ainsi la fragmentation des écosystèmes et la perte de la biodiversité.
Il faut rappeler que la désertification n’est pas synonyme de transformation de la terre en désert ou de déplacement des dunes de sable, mais plutôt la dégradation des terres en zones arides, semi-arides et subhumide sèche résultant de divers facteurs notamment les activités anthropiques et le changement climatique. Elle est due à la surexploitation des ressources naturelles, la déforestation, la mauvaise conception des systèmes d’irrigation. Elle est également accélérée par certains événements climatiques extrêmes tels que les sécheresses ou les inondations.
S’agissant de la résilience des populations exposées aux dures réalités du changement climatique, Colonel Harouna Ramata Abba Kiari a souligné que la lutte contre les effets néfastes du changement climatique passe par la planification et la mise en œuvre de mesures d’adaptation et d’atténuation. L’adaptation est un processus d’ajustement au climat réel ou prévu, à ses effets qui peut améliorer ou éviter les dommages ou exploiter les opportunités bénéfiques. Quant à l’atténuation, elle fait référence aux interventions qui visent à réduire les émissions des gaz à effet de serre, à les réduire ou à renforcer leur absorption par des puits.
Il faut noter que le Niger a opté pour les mesures d’adaptation à co-bénéfice fort en faveur de l’atténuation dans les secteurs AFAT (Agriculture, Foresterie et Autres utilisations des Terres) et Energie. Ces mesures sont consignées dans le document de la Contribution Déterminée au niveau National (CDN). Elles portent essentiellement sur la promotion de l’Agriculture Intelligente face au Climat ; la valorisation des données météorologiques par les producteurs ; le développement de la gestion durable des terres et des eaux ; le renforcement de la gestion participative et numérisée des massifs forestiers ; l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan décennal de reboisement ; le développement de la Foresterie urbaine et périurbaine ; la subventions des kits d’utilisation des énergies fossiles et solaires ; et le développement de Partenariat Public Privé (PPP) pour la mise en valeur des énergies nouvelles et renouvelables.
La lutte contre la désertification et le changement climatique nécessitent la mobilisation des ressources financières conséquentes.
A ce niveau, la part de financement de l’Etat du Niger doit être importante pour espérer la contribution financière des partenaires techniques et financiers et répondre éventuellement aux engagements auxquels il a souscrit librement. Pour y arriver, la directrice du Renforcement de la Résilience et de l’Atténuation au Changement Climatique estime que la mise en œuvre des actions de lutte contre la désertification et le changement climatique nécessitent un financement conséquent. A titre illustratif, le financement attendu de l’Etat pour la mise en œuvre de la CDN, est évalué à 2,571 Milliards USD, soit 13% du montant global pour la période 2021-2030 en deux quinquennats. Ce montant est reparti en 2,40 Milliards USD pour l’adaptation et 171,8 millions USD pour l’atténuation. En ce qui concerne la contribution du financement attendu des partenaires techniques et financiers, il est à préciser qu’elle représente 87% du montant global de la CDN et se chiffre à 7,161 Milliards USD dont 4,343 Milliards USD pour l’adaptation et 2 818,7 millions USD pour l’atténuation.
En définitive, lors de la COP 15 qui s’est tenue à Abidjan, en Côte d’Ivoire du 09 au 20 mai 2022 sous le thème « Terre, Vie, Héritage : de la rareté à la prospérité », le Niger a pris activement part aux travaux de cette rencontre avec le vœu ardent d’aboutir à des solutions outillées en vue de : la concrétisation de l’Initiative de la Grande Muraille Verte à travers la plantation de cinq cent (500) millions d’arbres chaque année et la restauration d’un (01) million d’hectare de terres dégradées qui permettra de séquestrer 2,5 millions de tonnes Equivalent carbone ; l’accompagnement des Partenaires Techniques et Financiers pour la formulation de projets bancables et la mobilisation des dix-neuf (19) milliards de Dollars annoncés lors du Sommet de la Planète , tenu en janvier 2021, à Paris ; partager l’expérience du Niger en matière de lutte contre la désertification et les changements climatiques afin de susciter l’adhésion des bailleurs de fonds pour la mise à l’échelle des pratiques retenues. Celles-ci se résument à la promotion de la Régénération Naturelle Assistée (RNA), la restauration, chaque de 213 000 hectares de terres dégradées et l’organisation régulière d’un concours national de lutte contre la désertification primant les meilleurs producteurs ruraux.
Par Hassane Daouda(onep)