M Kossi Toulassi, quel plus peut apporter le sommet de l’UA sur l’industrialisation et la diversification de l’économie aux pays africains ?
C’est une réunion très stratégique dans le sens qu’elle dessinera notre futur en termes d’industrialisation, de positionnement du continent là où il voudrait être. Ce que j’aimerai dire, ce que nous avons un agenda de développement industriel pour l’Afrique, bâti autour d’une stratégie bien ficelée que nous n’avons pas pu mettre en œuvre ces dix (10) dernières années. Mais aujourd’hui, après la révision de l’Agence de développement de l’Union Africaine, nous sommes capables d’aboutir à cette industrialisation dont le NEPAD joue un rôle clés dans la mise en œuvre.
L’industrialisation est la clé pour la ZLECAF de prendre la relève. Il sera bien pour nous, en tant que pays pris individuellement, et en tant que continent, d’être capable d’avoir un processus qui permet de comprendre à nouveau l’industrialisation, la problématique autour d’elle, et s’assurer que nous pouvons prendre avantage de nos ressources. L’Afrique est riche! Chacun le dit, chacun le comprend! Mais comment transformer notre richesse en développement ? C’est cela la problématique. Pour nous, avoir cette réunion des ministres, après celle des experts, est une étape importante de passer en revue les propositions qui vont atterrir chez les présidents et chefs de gouvernements africains. Les décisions clés de ces derniers nous guideront sur la manière de transformer positivement le continent.
Vous parlez d’industrialisation, mais aussi de diversification. Que signifie la diversification de l’économie africaine pour vous?
Voyez-vous, nous ne pouvons pas seulement nous focaliser sur les industries extractives. De même, nous ne pouvons pas seulement nous focaliser sur le tourisme. Nous devons avoir une variété. Chaque pays, par exemple le Niger, a une belle histoire et un beau pays qui peut être exploité en termes de tourisme, en termes de ressources minières, et l’étendre à tous les secteurs de telle sorte que chaque pays ou chaque Etat membre, sera capable de prendre en charge sa population. Nous parlons d’industries créatives. Avec votre téléphone, votre smartphone, vous pouvez créer votre business. La diversification est très importante, alors on ne peut pas se focaliser sur une seule chose mais chercher et voir ce qui peut apporter une valeur ajoutée à notre économie, ce qui peut la soutenir, et tout mettre en œuvre pour travailler ensemble.
Nous parlons aussi de la femme en termes d’inclusion. C’est très important. La plupart des pays que vous voyez, au moins plus de 50%, sont des femmes. Si vous les oubliez, vous oubliez la majorité des gens. Si vous ignorez les jeunes, vous ignorez entre 40 et 50% de la population. C’est pourquoi la diversification est aussi importante que l’inclusion où les gens sont capables de travailler ensemble, en incluant tout le monde. Et aussi, l’une des plus importantes choses est que notre structure, notre système, doit être revu et ouvert pour que les Africains soient impliqués dans la gestion, dans la transformation, et que l’inclusion soit récompensée de manière à ce que nous nous développons. Si nous n’avons pas d’inclusion, tout ce que nous faisons ici sera alors vain. C’est pour cela il est très important d’en parler.
Tout le monde dit que sans un accès adéquat à l’Energie, les africains ne peuvent atteindre ce rêve d’industrialisation. Que faites-vous pour prendre en compte ce problème?
Nous parlons d’énergie car, selon moi, c’est l’élément principal pour l’industrialisation. Nous nous devons d’avoir une sorte de combinaison entre les énergies fossiles et renouvelables et nous devons nous assurer d’avoir les exigences nécessaires pour avoir ce mix énergétique afin d’accroitre notre capacité de nous développer. Et, nous ne devons pas nous sentir gênés pour cela. Nous devons être borgnes : nous voulons nous industrialiser? Industrialisons-nous et prenons en charge les conséquences alors que nous nous industrialisons. La raison est que nous sommes bons dans tout ce que nous faisons, nous sommes intelligents et nous avons les ressources pour le faire. Ainsi, il est très important pour nous de réfléchir sur la manière de nous industrialiser. L’énergie est la clé. Sans énergie, nous n’y arriverons pas.
Peut-on dire qu’après ces réunions, y compris le sommet, le marché commun en Afrique sera une «vraie» réalité ?
Je vais vous le dire: c’est déjà une réalité! Je bois ici des produits qui viennent d’autres pays, des jus et sucreries. J’achète ici des produits venant d’autres pays. Comment sont-ils venus ici ? Il n’y a aucun doute dessus. Mais nous devons être davantage ouverts et stratégiques. Nous devons comprendre le processus par lequel nous passons. Tous les pays africains doivent être membres de la ZLECAF et adhérer aux traités. Nous pouvons être capables de nous comprendre et dire que la ZLECAF est une réalité, c’est à dire la libre circulation des biens et des services à travers les frontières.
C’est pour cela que nous avons, au NEPAD, ce que nous appelons « une frontière comme stop » qui est un programme qui cherche à améliorer les transactions transfrontalières, qu’il s’agisse des biens ou des services. Comment pouvons-nous nous assurer que, quand vous prenez votre produit à partir d’ici pour l’amener en Côte d’Ivoire, vous ne rencontreriez pas de problèmes sur le trajet. C’est de cela que nous parlons avec la ZLECAF et aussi nous assurer que vous pouvez vendre vos produits à l’international ou localement sur le continent. Les efforts monétaires sont aussi importants dans le cadre du marché commun. Comment pouvons-nous nous stabiliser? Comment est-ce que je peux commercer en FCFA, en Dirhams? C’est très important. Ceux-ci sont des éléments que nous prenons en compte pour nous assurer que la ZLECAF est effective et aussi est une réalité.
Quels sont vos mots envers les jeunes africains qui sont toujours pessimistes et qui cherchent à quitter le continent car ils ne croient pas à l’industrialisation de l’Afrique?
C’est très simple. Il s’agit de rêve, rêve! Il faut l’essayer. Si vous n’essayez pas, vous ne le verrez pas. Il faut essayez plusieurs fois et continuer. Et aussi, C’est un engagement. Je dirai «Ne jamais dire non». Parce que vous devez insister. Il n’y a rien de simple dans ce monde. Vous devez travailler dur car rien n’est gratuit sur terre. Vous devez travailler dur.
Les jeunes africains ont aujourd’hui des opportunités que les générations passées n’ont pas eues. Ils doivent pousser, ils doivent travailler dur, ils doivent demander conseils. Ils y’a plusieurs programmes de tutorat qui leur sont destinés. Ils doivent apprendre. Il n’y a aucun futur dans la traversée des mers et autres. Le futur est ici en Afrique. Ils ne peuvent pas quitter le futur ici et penser à un autre futur sur d’autres continents. L’Afrique est le futur! Ils doivent être ici, ils doivent contribuer au développement du continent.
Par Souleymane Yahaya(onep)