
Dans un studio d’une radio communautaire
Au Niger, notamment dans les zones rurales situées loin des bruits de la ville et des échos de ce qui se passe, un seul moyen permet aux paysans de s’informer et de rester au diapason des changements de politiques publiques et de toutes autres mesures engageant la nation. Les radios communautaires constituent les moyens d’information privilégiés et prisés dans ces zones et jouent un rôle capital dans l’information et la sensibilisation de la population. C’est également aujourd’hui, un moyen phare dont se servent les partenaires aux développements et les ONG pour passer leurs messages qui tendent la plupart du temps à un appel, à un changement de comportement.
Selon Mounkaila Aboubacar, responsable de la radio FM Jeunesse de Goudel, la radio communautaire permet la population d’être informée à la minute près des évènements qui se passent dans sa zone surtout en matière d’insécurité. En plus les radios communautaires sont gérées par les communautés elles-mêmes. « La radio communautaire est accessible plus que les radios classiques ou privées puisque c’est la communauté qui l’anime et c’est elle même qui la gère », a-t-il expliqué. L’autre importance de la radio communautaire dans une communauté ce qu’elle contribue à unir les voix dans l’objectif d’informer, d’éduquer et de sensibiliser cette même communauté.
Ainsi, dans le souci de la cohésion sociale surtout en ces temps, la radio FM Jeunesse de Goudel anime chaque vendredi soir 21h-22h une émission interactive sur la contribution et l’implication de la population. « Nous avons le journal hebdomadaire en langue Zarma qui est réalisé et diffusé chaque dimanche et dans lequel on revient sur les actualités de la semaine afin d’éclairer la communauté sur l’actualité », notifie le responsable de la radio FM Jeunesse de Goudel. Dans le cadre de la santé, la radio sensibilise la population sur un certain nombre de questions en faisant appel à des spécialistes de la santé. « Des ONG peuvent s’intéresser à cette émission en nous appuyant en termes de formation et aussi en terme financier ne serait-ce que pour payer les frais d’électricité », a-t-il souligné. Cette radio diffuse également et régulièrement des programmes qui prennent en compte l’actualité avec des échanges interactifs sur comment manifester sa citoyenneté, son appartenance à la mère patrie, des émissions sur la liberté d’expression, l’utilisation des réseaux sociaux en période de crise. « De nos jours, les technologies de l’information et de la communication font partie intégrante de notre quotidien, elles peuvent être sources de désinformation, de violences en ligne, et d’atteintes aux droits humains », souligne le responsable de la radio jeunesse de Goudel.
Mounkaila Aboubacar a par ailleurs ajouté que l’Etat est le premier partenaire des radios communautaires du fait que la fréquence de la radio est donnée par l’Etat, Aussi la loi sur la création des radios communautaires est adoptée par l’Etat. Aussi, il existe des partenaires qui ne sont pas étatiques mais qui appuient les radios à travers l’État. « Nous avons pas mal d’ONG avec lesquelles nous entretenons de partenariats dans le cadre de la production des émissions radiophoniques. Ce sont des gens qui nous apportent un coup de main techniquement et financièrement parfois dans nos productions. », a-t-il ajouté.
Toutefois, Mounkaila Aboubacar explique les radios communautaires rencontrent des difficultés. « L’Etat nous oblige à payer des frais sur nos prestations, sur le peu qu’on gagne avec les partenaires et cela handicape les radios. Et il n’y a pas un fonds d’appui aux radios communautaires mis en place par l’État », a-t-il évoqué. L’autre difficulté majeure rencontrée se situe au niveau des interférences puisqu’il arrive que deux radios communautaires se voient attribuer la même fréquence à Niamey. « C’est actuellement ce problème que nous avons au niveau de la radio FM Jeunesse de Goudel. On a la fréquence 99 qui a été attribuée aussi à la radio Boukoki. On a tellement d’interférence qu’on ne peut même pas servir convenablement notre communauté. » a-t-il dénoncé
Malheureusement un grand nombre de radios communautaires ont aujourd’hui fermé, parce qu’elles n’arrivent plus à payer même les frais d’électricité, à plus forte raison certaines dépenses liées à leur bon fonctionnement. C’est pourquoi Mounkaila Aboubacar demande à l’Etat de voir comment exonérer les radios communautaires et au Conseil Supérieur de la Communication d’essayer de voir dans la mesure du possible comment gérer le problème d’interférence.
Salima Hamadou Mounkaila (ONEP)