Au deuxième jour des travaux du premier forum des médias sur la santé infantile, la vaccination et la nutrition, les inquiétudes persistent encore sur la situation sanitaire des enfants de l’Afrique de l’ouest et du centre. Cette région qui héberge 14% des enfants de moins de cinq ans dans le monde, mais qui, selon la représentante de l’Unicef Togo, supporte une part disproportionnée du fardeau de la mortalité et de la morbidité infantiles. En effet d’après certaines sources de l’Unicef, un enfant meurt toutes les 17 secondes souvent de causes évitables ou traitables. Pendant ce temps, 6,3 millions d’enfants dans la région n’avaient pas reçu toutes les doses de vaccins permettant de les protéger de maladies ou de décès évitables par la vaccination. En somme, les défis auxquels ils font face sont accentués par le contexte socioéconomique, l’insécurité, le changement climatique et les effets de la covid 19.
Au cours de la journée du mercredi, les participants au premier forum des médias sur la santé infantile, la vaccination et la nutrition ont suivi plusieurs présentations sur notamment les soins de santé primaires et la santé communautaire pour l’accès équitable et la qualité des soins. Dans son exposé, Dr Alexandre Boon du bureau régional Unicef Dakar, a clairement fait ressortir le rôle de la santé communautaire dans la réalisation de la couverture sanitaire universelle, il a fait l’état des lieux de la santé communautaire en Afrique de l’ouest et du centre. Pour Dr Alexandre, les activités de la santé communautaire sont la promotion de la santé, l’allaitement maternel, l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, y compris la surveillance de la croissance. Les soins pré et post natals, l’enregistrement des naissances, la santé scolaire, sont les autres activités à mener en matière de santé communautaire.
En ce qui concerne la prévention des maladies, les activités nécessaires sont la vaccination, l’eau, l’hygiène et l’assainissement. Parlant de l’institutionnalisation de la santé communautaire, Dr Alexandre Boon pense qu’il faut la volonté politique, le leadership, la redevabilité, un financement durable, des paquets de services et des actions multisectorielles intégrées.
S’agissant du rôle des médias relativement à la santé communautaire, Dr Alexandre demande aux journalistes de plaider auprès des gouvernements pour qu’ils institutionnalisent à l’échelle nationale pour maximiser l’impact. Les médias doivent travailler de manière à ce que les gouvernements et les autres partenaires puissent capitaliser le travail des agents communautaires grâce à un solide système d’information sur la santé communautaire.
Dr Claude N’gabu du bureau régional Unicef Dakar est ensuite intervenu pour entretenir les participants sur les enjeux de la vaccination contre les maladies infantiles en Afrique de l’ouest et du centre. Il a d’abord expliqué que par rapport à la santé publique, la vaccination est une question de souveraineté nationale donc les gouvernements doivent prendre des dispositions nécessaires. Selon lui, il y a de gros efforts qui sont fournis mais certains pays peinent à financer la vaccination. La vaccination ajoute-t-il, est un chapeau dans les soins de santé primaire.
L’introduction des nouveaux vaccins dans les programmes élargis de vaccination est un autre thème abordé par le conférencier. Faisant le point sur les nouveaux vaccins, Dr N’Gabu a évoqué le cas des pays comme le Ghana qui est déjà en train d’expérimenter le nouveau vaccin contre la malaria. Un autre vaccin contre le cancer est également en cours d’expérimentation, de même que le vaccin contre la rougeole.
La préparation et la réponse aux urgences en santé publique en Afrique de l’ouest et du centre a été aussi débattu au cours des travaux, mercredi dernier à Lomé. Après avoir donné le contexte des urgences de santé publique en Afrique de l’ouest et du centre, le conférencier a donné la situation des épidémies dues aux maladies évitables par la vaccination à savoir la polio, la rougeole, la méningite, la fièvre jaune. Il a enfin abordé les autres urgences en santé publique. En santé publique, selon Dr N’Gabu, on parle de santé d’urgence lorsqu’on a dépassé notre capacité à gérer la réponse. Il a ensuite énuméré les quatre maladies qui sont évitables par la vaccination et qui sont la polio, la méningite, la rougeole et la fièvre jaune. S’agissant de la polio deux pays (le Nigéria et la RDC) sont concernés. Par rapport à la fièvre jaune, trois pays dont le Niger sont concernés par cette maladie en 2023. S’agissant de la méningite, 16 pays dont le Niger ont notifié des cas en 2023. Relativement à l’éradication de ces maladies, Dr N’Gabu relève un certain nombre de contraintes liées au financement, à la déclaration, à l’insécurité dans les pays concernés.
Fatouma Idé (ONEP)