Le ministre de l’Elevage, Porte-Parole du Gouvernement, M. Tidjani Idirissa Abdoulkadri a présidé, le 27 mai 2021, une rencontre du Rassemblement des Eleveurs de la Sous-région, à Niamey. Cette rencontre vise à échanger sur les difficultés que traversent les communautés d’éleveurs et pasteurs de la sous région dans un contexte sécuritaire préoccupant. Il s’agit principalement d’échanger sur les résultats de l’étude portant sur le pastoralisme et l’insécurité en milieu pastoral. Elle a regroupé des autorités coutumières, des députés nationaux et élus locaux, des organisations pastorales, d’éleveurs et de producteurs et des chercheurs venus de plusieurs pays de la sous-région. Les participants sont venus des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Tchad, la Mauritanie, le Sénégal, le Nigéria, la Centrafrique et le Niger.
Dans son discours d’ouverture, le ministre Tidjani Idrissa Abdoulkadri, a, au nom du gouvernement nigérien et des pays du G5 Sahel, salué cette initiative qui, dit-il, vise à échanger sur les voies et moyens permettant de renforcer la paix et la cohésion sociale entre les communautés de notre sous-région. Il a saisi cette opportunité pour exprimer tout «l’intérêt qu’accordent les autorités de nos pays à la présente rencontre qui traite d’un sujet d’une importance capitale pour la stabilité socio-économique de notre pays en particulier et des pays du Sahel en général», a-t-il dit. Le ministre a souligné que le développement de l’extrémisme violent dans plusieurs pays de la région s’est traduit par la multiplication des attaques meurtrières dans de nombreuses zones géographiques, notamment celles situées à l’Est et à l’Ouest du Niger. Cette situation, précise-t-il, est d’autant plus préoccupante que l’insécurité est transfrontalière et affecte également les pays limitrophes du Niger, en l’occurrence le Nord-Est du Nigeria, l’Ouest du Tchad, le Nord et le Centre du Mali, ainsi que la région de l’Est et celle du Sahel au Burkina Faso.
Pour le ministre Tidjani, cette expansion de l’insécurité intervient dans un contexte où la mobilité pastorale doit faire face à d’autres facteurs de vulnérabilité, à savoir la pression humaine croissante sur les ressources pastorales, la privatisation des ressources naturelles communes et l’application de nouvelles réglementations contraignantes dans les pays côtiers. Il s’est réjoui cependant de cette ingénieuse initiative de RBM et a salué les partenaires qui ont bien voulu l’accompagner. Aussi, le ministre de l’Elevage, Porte Parole du gouvernement a exprimé les attentes des autorités des pays du G5 Sahel par rapport aux conclusions de la rencontre.
Pour sa part, le Secrétaire permanent du réseau du RBM M. Boureima Dodo a présenté le tableau combien sombre sur la situation des communautés éleveurs et pasteurs dans ce contexte d’insécurité. L’étude, objet du présent atelier, est une recherche-action qui vise à favoriser d’une part une meilleure compréhension de l’incidence de l’insécurité sur l’économie pastorale et la mobilité des éleveurs et du bétail et, d’autre part l’identification des facteurs contribuant à la vulnérabilité et la résilience à l’extrémisme violent des jeunes issus du milieu pastoral et agropastoral. Conduite en 2020, l’étude a recueilli la perception que les éleveurs ont de leurs rapports avec les groupes armés non étatiques, les forces de défense et de sécurité et les autorités administratives, mais aussi sur la manière dont ils appréhendent l’avenir de l’élevage mobile.
Selon M. Boureima Dodo, les informations collectées s’articulent autour de plusieurs axes dont le risque de conflits liés à l’accès aux ressources naturelles; l’exposition au vol du bétail et au kidnapping des personnes; la présence des groupes terroristes et ses incidences sur le terrain; les abus imputés aux forces de défense et de sécurité; les stratégies d’adaptation développées par les populations pastorales face à l’insécurité et les facteurs de résilience existants ; l’impact économique et social engendré par l’insécurité; l’attractivité des discours djihadistes auprès des éleveurs (hommes et femmes) ; les besoins exprimés par les éleveurs; l’efficacité des réponses institutionnelles.
Ainsi, après trois jours d’intenses et riches échanges, les participants ont rendu public un communiqué final intitulé «Appel De Niamey du 29 mai 2021» en vue de faire entendre la voix des éleveurs au Sahel et en Afrique de l’Ouest, face aux multiples crises du pastoralisme et à l’insécurité dans la sous-région. Les participants à l’atelier ont suggéré un engagement ambitieux de l’ensemble des parties prenantes en vue de l’amélioration de la perception du pastoralisme sahélien par les populations en tant que système adapté aux conditions écologiques de la zone sahélo-saharienne ; le renforcement de l’attractivité du pastoralisme pour les jeunes ; la restauration de l’entente entre les communautés et un climat général de cohésion sociale ; la sécurisation de manière durable du foncier pastoral et la consolidation de la citoyenneté des éleveurs dans l’espace sahélien.
En outre, les participants ont aussi proposé à ce que le G5 Sahel et la CEDEAO accordent une attention particulière au respect de la circulation des populations pastorales dans l’ensemble de l’espace sahélien et ouest africain selon le principe de la libre circulation des biens et des personnes ; l’identification précise dans l’ensemble de l’espace sahélien et de la CEDEAO de référents et interlocuteurs au sein des ministères de l’élevage (et / ou de l’élevage et de l’agriculture) chargés de l’application des lois et règlements en matière de mobilité des pasteurs et l’élaboration d’une approche globale sécuritaire qui respecte les droits des pasteurs et restaure la confiance avec les institutions nationales, communautaires et les Forces de Défense et de Sécurité.
Ali Maman(onep)