Au Niger, la production annuelle du manioc est estimée à 371.135 tonnes, avec un rendement moyen de 23, 5 t/ha selon les données du Réseau National des chambres d’agriculture du Niger (MAG-RECA ; 2018). En cette saison, les régions de Tillabéri, Tahoua, Dosso, et Zinder constituent les principaux bassins de production. A Niamey, la vente du manioc à l’état cru ou bouilli prend de plus en plus d’ampleur. Il n’est pas rare de croiser sur les grands boulevards et les ruelles des quartiers des charretiers avec des récipients remplis de manioc bouilli en vente. Qu’il soit cru ou bouilli, le manioc fait l’objet d’une grande transaction commerciale à Niamey et les consommateurs apprécient ce tubercule à sa juste valeur.
Cultivé dans les zones spécifiques telles que les dallols, les vallées, les bas-fonds, les cuvettes et les abords des points d’eau permanents et semi permanents, le manioc est un aliment consommé par les Nigériens. Aussi bien la racine que les feuilles du manioc sont comestibles. C’est dire que c’est un aliment qui contribue beaucoup dans l’autosuffisance alimentaire. C’est la période de récolte du manioc et on en trouve actuellement partout dans la ville de Niamey. Les vendeurs ambulants sillonnent à longueur de journée les différentes artères de la ville de Niamey à la recherche des clients.
Cependant, le ravitaillement connait ces derniers jours des difficultés sans précèdent en raison des récentes précipitations qui ont endommagé plusieurs infrastructures routières du pays.
Selon les explications de M. Mahamadou Kabirou, un revendeur ambulant rencontré dans une ruelle du petit marché de Niamey, le ravitaillement est devenu une véritable préoccupation pour les commerçants. Le manioc provient de la zone de Balleyara et du Nigéria voisin. « Avant, nous prenons le sac de 50 kg à 10. 000 FCFA, mais ces deux jours, avec le problème des voies d’accès lié à la coupure des routes, c’est à 15.000 FCFA qu’on nous vend le sac de 50 Kg. Nous nous ravitaillons au marché dolé chez les grossistes pour venir revendre dans les différents quartiers », a-t-il expliqué.
Ce revendeur ajoute par ailleurs que ce commerce lui apporte beaucoup de revenus. « Avec cette activité, j’arrive à subvenir à mes besoins et ceux de ma famille. Je suis autonome et je ne tends la main à personne », déclare M. Mahamadou Kabirou, avec un air souriant. C’est pourquoi, il a appelé les jeunes à se débrouiller dans la vie. « Plus rien dans ce monde ne se gagne facilement », dit-il. Il faut toujours mouiller le maillot pour réussir car, comme on le dit, la réussite est toujours au bout de l’effort. Les périodes de vacances sont propices pour se lancer dans un petit commerce qui rapporte de l’argent.
Pour sa part, M. Alidou Moussa, un vendeur de manioc bouilli précise qu’il exerce cette activité depuis cinq ans. Il lui arrive de vendre deux paniers par jours. « Je fais bouillir le manioc le matin, pour le vendre avec du piment le soir. Les gens l’apprécient beaucoup. Je circule presque partout dans la ville de Niamey », a-t-il confié.
En définitive, il faut dire que le manioc est un aliment qu’on peut transformer pour faire d’autres spécialités culinaires. Il peut être transformé pour produire du gari, du tapioca ou alors faire de l’attiéké, un aliment très prisé surtout dans les pays côtiers et même ici au Sahel.
Salima H. Mounkaila (ONEP)