Suite aux dispositions prises pour la lutte contre la pandémie du Covid 19 et à l’approche du début du mois de Ramadan, le Ministère du Commerce et de la Promotion du Secteur Privé (MC/PSP) a pris un arrêté, le 3 avril 2020, fixant les prix plafonds des produits de grande consommation et de première nécessité. Selon ledit Ministère, ces mesures sont prises pour faciliter aux consommateurs l’accès aux produits de première nécessité, ajoutant que ces prix sont fixés, de manière consensuelle, en partenariat avec tous les acteurs intervenants dans le secteur. Cependant, en dépit de la disponibilité de ces produits de première nécessité, il est constaté une hausse inexpliquée des prix de certains produits, figurant parmi les produits listés et cela malgré les sanctions qu’encourent les contrevenants. Les consommateurs accusent les boutiquiers, qui a leur tour renvoient la balle aux grossistes, qui se débinent derrière la situation actuelle de restriction due à la pandémie du coronavirus. Les autorités quant à elles rappellent les dispositions de la loi et mettent en garde les contrevenants.
«Nous avons pris un engagement avec notre Ministère de tutelle, à savoir, celui du Commerce, par lequel, nous nous engageons à respecter ces prix plafond. Nous comptons tout faire pour que ces prix ne dépassent pas les seuils fixés par les autorités. Même si certains vendeurs n’ont pas appris ou encore non pas compris ces mesures », indique, d’entrée de jeu, Elh Abdou, le président de l’Association des vendeurs des céréales. Déclinant les différents prix fixé, Elh. Abdou a indiqué que, désormais, le sac de mil de 50 kg va se vendre à 11.500 FCFA, à 23.000 FCFA pour celui de 100 kg et à 225.000 FCFA la tonne. Pour le maïs, les 50 kg se vendront à 10.000 FCFA, les 100 kg à 20.000 FCFA et la tonne est à 200.000 FCFA, les mêmes prix sont retenus pour le sorgho. Quant au Niébé, les 50 kg coûtent 13.000 FCFA, les 100 kg, 26.000 FCFA et la tonne revient à 260.000 FCFA. Les prix du riz importé, 5% de brisure, sont fixés ainsi qu’il suit : pour les 25 kg, c’est 11.000 FCFA et 21.500 FCFA pour les 50 kg et 450.000 FCFA la tonne. Ceux du riz importé, avec brisure de 25 %, ils sont les suivants : 10.000 FCFA pour les 25 kg, 20.000 FCFA pour les 50 kg et 400.000 FCFA pour la tonne. Au niveau des bouchers, selon certains témoignages les prix fixés restent inchangés. «Nous vendons le kilogramme de viande de mouton à 3.000 FCFA le kg, 2.400 FCFA le kg de celle de bœuf et à 3.000 FCFA le Kg de la viande de bœuf sans os. Nous n’avons rien augmenté. Nos prix sont alignés sur ceux fixés par les autorités», indique Sahabi Maman, un boucher du nouveau marché. En effet, en dépit de cette décision de fixation des prix plafond et malgré la disponibilité des produits, on constate une augmentation des prix, injustifiée, chez des commerçants, de certains produits de première nécessité, c’est le cas du riz, l’huile, les épices, les pâtes alimentaires, le lait, la tomate concentrée en boite. « Depuis l’annonce de cette nouvelle maladie, les prix de plusieurs produits ont subitement grimpé. Ces prix ont connu ces hausses auprès des grossistes, auprès desquels nous nous approvisionnons. Donc nous ne pouvons que les répercuter sur nos étalages », se justifie Abdou Hamadou, un boutiquier du quartier Boukoki. Les clients tout en dénonçant le non-respect des décisions prises sur les prix plafond par les commerçants, déplorent cet état de fait.
Les consommateurs se plaignent du non-respect des prix plafond par certains vendeurs
Halima Guéro, une ménagère rencontrée au nouveau marché témoigne : «Nous ne comprenons rien, hier à la télévision et à la radio, nous avons appris que les prix des aliments de premiers besoins ont été fixés, pour faire face à la nouvelle maladie et au mois de jeun, qui débute dans quelques jours. Par exemple, le kg de riz importé avec 5% de brisure devait être vendu à 450 FCFA le kg, je viens d’acheter 5 kg à 500 FCFA le Kg, d’où une augmentation de 50 FCFA par kilogramme. Par ailleurs, j’ai eu la tiya de niébé à 1.000 FCFA au lieu de 900 FCFA comme fixé, il y a là aussi une augmentation de 100 FCFA par kg. Ce qu’on a l’habitude de payer à 1.000 FCFA avant, nous revient aujourd’hui avec 50, 100 voire 250 FCFA de plus. Même le paquet de sucre qu’on achetait à 900 FCFA est aujourd’hui vendu à 1.100 ou 1.200 FCFA. Tout est cher maintenant». Fonctionnaire de son état, Souleymana Insa est père de 5 enfants, suivi par une brouette chargée d’un sac de mil et de maïs de 50 kgs chacun, que pousse péniblement un doker, il se plaint aussi du non-respect des prix plafonds fixés par le Ministère de commerce. «Voyez ces deux sacs, celui du mil m’a coûté 13.500 FCFA et l’autre qui contient du maïs m’est revenu à 11.500 FCFA. Alors que selon les prix plafonds fixé, je ne devais débourser que 11.500 pour les 50 Kgs de mil et 10.000 pour celui du maïs. Cela veut dire qu’il n’y a pas eu respect de ces décisions au contraire les prix ont même été rehaussés, par ces commerçants véreux. Respectivement de 2.000 FCFA pour le sac de mil et de 1.500 FCFA pour celui du maïs ». M. Insa se demande si les services qui ont fixé les prix plafond possèdent de moyens de vérification et de suivi du respect des mesures prises dans le cadre de la fixation des prix plafond. «Je pense que comme, j’ai les numéros de téléphone à contacter dans une pareille situation, je n’ai plus qu’à appeler ces numéros et leur signaler ces pratiques, surtout que j’ai retenu l’emplacement de ce commerçant véreux. Vous-vous imaginez si ce dernier continue comme ça, d’autres commerçants vont suivre son mauvais exemple», lâche Souleymana Issa, remonté. En effet, dans le cadre du suivi et du respect desdites mesures le Ministère du Commerce a mis à la disposition des consommateurs plusieurs numéros de téléphone à contacter, en cas de constat de non-respect, par les commerçants des prix plafonds. Ces numéros sont les suivants : 96.47.20.34 – 99.66.23.00 – 93.94.71.28 et 99.51.17.76. Des séances de sensibilisations et même des sanctions sont prévues.
Hassane Mounkaïla, Directeur National du Commerce, au MC/PSP indique que pour le moment l’accent est mis sur la sensibilisation et l’information, sur ces prix plafonds, pour une durée de 3 mois. «Nous avons des inspecteurs et des contrôleurs des prix qui vont sillonner les différents marchés, boutiques, alimentations générales et autres étalages, pour constater la pratique et le respect de ces prix. Les contrevenants s’exposent à des pénalités et des amendes qui varient de 100.000 FCFA à 8.000.000 FCFA. Quant aux vendeurs des quartiers, qui seront coupables de non-respect des prix plafond, les amendes seront fixées sur la base des bénéfices illicites. C’est-à-dire le montant qu’ils ont rajouté sur le prix plafond, officiellement fixé, qui sera multiplié par 1.000 et multiplié par la quantité vendue ou supposée à vendre. Mais pour le moment, nous privilégions l’information et la sensibilisation», a expliqué M. Mounkaîla.
Notons, par ailleurs, qu’en plus des produits cités ci-haut, d’autres produits alimentaires de première nécessité figurent sur la liste des prix plafonds dont : sucre granulé à 450 FCFA le KG ; farine de blé 350 FCFA le KG ; Lipton/carton de 48 sachets 375 le paquet ; lait en poudre paquet de 500 g 1.600 FCFA le paquet. Lait concentré sucré 1 kg 900 la boîte ; huile 25 L, 4.000 FCFA la bouteille ; huile 5 L, 850 FCFA la bouteille ; tomate concentrée 400 g 500 la boîte ; tomate concentrée 70 g, 100 FCFA la boîte. Les prix des pâtes alimentaires sont fixés à 350 FCFA le paquet ; le Poulet 2.750 FCFA l’unité ; la pintade 4.000 FCFA l’unité ; la pomme de terre 500 FCFA le Kg ; le poisson carpe locale 2.500 FCFA le Kg ; le poisson capitaine 3.000 FCFA le KG ; la banane 700 FCFA le KG ; les dattes sucrées 650 FCFA le KG et les Dattes tergales 900 FCFA le KG. Ces différents prix ont été fixé par Arrêté N° : 037/MC/PSP /SG/DGC/DCI/LCVC/DL, du 03 avril 2020, portant fixation des prix de certains produits de grande consommation et de première nécessité.
Des dispositions similaires, de fixation des prix plafonds, seront prises par les Gouverneurs, au niveau de chaque région, en collaboration avec les différents acteurs. Selon Elh Abdou, le président de l’Association des vendeurs des céréales, ces prix plafond arrêtés avec les autorités ne doivent pas être dépassés.
Mahamadou Diallo(onep)