Avec une superficie estimée à 52 000km2, le département d’Ingall est l’une des plus vastes entités de la région d’Agadez. Plus de 99% de cette superficie est destinée au pastoralisme, avec une petite portion réservée à l’agriculture et au maraichage. La pluviométrie est la seule source pour la réussite de la campagne pastorale et agricole dans ledit département. Elle varie d’une année à l’autre, avec des pluies souvent mal reparties dans l’espace et dans le temps. Une situation qui provoque des déficits fourragers et alimentaires entrainant parfois des crises pastorales et alimentaires dues à l’insuffisance du pâturage et aux résultats non satisfaisants de la campagne agricole. Ce qui amène l’Etat à se mobiliser pour apporter secours à la population et aux éleveurs pasteurs.
Contrairement à l’année dernière, cette année la saison a répondu aux attentes de tous, agriculteurs et éleveurs. Une importante pluviométrie a été enregistrée et bien repartie dans l’espace et dans le temps. La production attendue sera meilleure et même excellente, selon les responsables départementaux de l’agriculture et de l’Elevage ainsi que les populations elles-mêmes. En effet, l’année a été très abondante en termes de pluviométrie enregistrée. Et sur la base des évaluations faites, les perspectives pastorales et agricoles sont aussi prometteuses. Mais, un appel à la prudence et à la vigilance sera de mise afin d’éviter d’être surpris par les crises sanitaires animales et celles des ennemis des cultures. Toutefois, malgré les inondations enregistrées y compris sur des jardins, les perspectives restent bonnes, selon les services techniques.
L’espoir d’une bonne campagne pastorale 2024-2025
Au cours de la campagne pastorale 2023-2024, le département d’Ingall a, comme plusieurs autres localités du Niger, connu une situation critique caractérisée par un déficit fourrager sans précédent. Selon les explications du Directeur Départemental de l’Elevage, M. Abdou Salam Zakaye, l’année dernière les parcours pastoraux se sont très vite dégradés. « Cette précarité de pâturage a eu un impact négatif sur l’état nutritionnel des animaux qui se trouvent affaiblis », a-t-il expliqué. En début de la saison pluvieuse 2024, les premières pluies enregistrées, pendant le mois de juillet, dans le département, ont engendré des mortalités sur les animaux affaiblis à cause du manque de fourrage.
Très vite alerté, l’Etat et ses partenaires se sont mobilisés en vue d’apporter un soutien en aliments bétail. Ainsi, au courant de cette année 2024, le département d’Ingal a reçu 700 tonnes d’aliments pour bétail essentiellement composés du son de blé, dont 300 tonnes d’aliments pour bétail à travers le projet PRAPS qui est un projet sous-régional et 400 tonnes à travers la Cellule crise alimentaire. Au niveau départemental, les autorités se sont également mobilisées pour la répartition de ces aliments au niveau des différents points ou centre secondaires pour les opérations de vente à prix modérés au profit des éleveurs les plus vulnérables ou pour la distribution gratuite ciblée. « Ces aliments pour bétail ont été subventionnés et mis en place à temps au niveau du département. Le sac du son de blé de 50 kg se vend à 4 000 FCFA au niveau du service de l’élevage. Cette vente a constitué un ouf de soulagement car au moment où la direction départementale a commencé la vente, le sac de son de blé coûtait 12.000 FCFA sur le marché à Ingal et ses environs. Cette opération a entrainé directement une baisse notoire des prix des aliments pour bétail sur les différents marchés. Cela est dû aux efforts fournis par l’Etat du Niger », a souligné M. Abdou Salam Zakaye.
Par cet acte plein de patriotisme, les nouvelles autorités du Niger, en l’occurrence le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani et le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances M. Ali Mahaman Lamine Zeine, ont démontré aux populations Nigériennes en général et aux éleveurs pasteurs en particulier, leur attachement au Niger et à son peuple.
Appréciant la campagne pastorale 2024-2025 en cours, le Directeur départemental de l’Elevage a souligné que les perspectives sont bonnes. En effet, le cumul pluviométrique enregistré cette année à la date du 05 septembre 2024 est de 437,6 mm en 26 jours. Selon les prévisions de la météo, les précipitations se poursuivront dans la région en général et sur le département d’Ingall, ce qui renforce l’espoir pour une bonne campagne pastorale 2024-2025 réussie. « La campagne pastorale 2024, est vraiment exceptionnelle car les pluies sont importantes et bien reparties sur presque l’ensemble du département. Le pâturage naturel est présent sur l’ensemble du département, le cycle des herbacées est normal, aucune poche de sècheresse n’a été enregistrée cette année depuis l’installation de l’hivernage malgré un début lent de son installation vers le mois de juin et juillet. Ainsi vue l’allure de la situation, cette campagne pastorale répondra aux attentes de nos éleveurs car le pâturage herbacé est globalement au stade de maturité. Quant au pâturage aérien, on constate un bon développement », a expliqué M. Abdou Salam Zakaye.
Il faut noter qu’en termes de potentiel animal, l’effectif du cheptel du département d’Ingall en 2023 est de 13 481 têtes de bovins ; 205 351 têtes d’ovins ; 205 524 têtes de caprins ; 55 786 têtes de camelins ; 65 000 têtes d’équins ; 31 887 têtes d’asins. Au regard de la taille de ce potentiel d’importants défis sont à relever. Il s’agit de garantir l’état sanitaire de ce cheptel et de lui assurer une bonne alimentation.
Quelques inquiétudes dues aux dégâts provoqués par les inondations
Selon les explications du Directeur départemental de l’Agriculture M. Chaibou Moussa, la campagne agricole 2024-2025 s’est annoncée précocement par rapport à la campagne précédente, avec les premières pluies de 9 mm à la Mairie d’Ingall et 9,5 mm au poste de la Gendarmerie d’Ingall enregistrées le 02 juin 2024. M. Chaibou Moussa a souligné qu’à la 2ème décade du mois de juin, le département n’a reçu aucune goutte de pluie comparé à l’année 2023 où 27,3 mm et 22 mm ont été respectivement enregistrées au poste pluviométrique de la mairie et celui de la Gendarmerie à Ingall.
« Par la suite de très faibles hauteurs pluviométriques ont été enregistrées jusqu’ à la 2ème décade du mois de juillet où 47 % des villages agricoles ont effectué les semis en tenant compte du tout premier écoulement annuel des koris. Les hauteurs pluviométriques enregistrées à cette période étaient respectivement 18 mm en 2 jours à la Mairie et 19,8 mm en 2 jours à la gendarmerie, à Ingall. Ce qui donne un cumul pluviométrique annuel de 42,3 mm en 6 jours reparties au niveau des deux postes pluviométriques. A cette 2ème décade, 47 % des villages agricoles ont effectué les semis, soit 9 villages (Tiguindé, Injitan, Tiguidan Tagueit, Amantadante, Inwazab, Tchiwikirwi, Dabla, Akadandan, Tendé) sur les 19 villages agricoles que compte le département. Les cultures installées étaient principalement le maïs, le sorgho, le niébé, la corète, les cucurbitacées (pastèque, melon, courge, courgette, concombre, etc) », a souligné M. Chaibou Moussa.
A la 3ème décade du mois de juillet, dit-il, avec un cumul pluviométrique de 37,7 mm en 2 jours à la Mairie et 30 mm en 2 jours à la Gendarmerie, les 10 villages restants, représentant 53 % des 19 villages agricoles du département, ont effectué les semis. Il a précisé qu’à l’époque, le cumul pluviométrique de l’année 2024 était à 80 mm à la Mairie et 69,3 mm à la Gendarmerie. Selon le rapport décadaire à cette période toutes les cultures ont été installées, à savoir l’ail, l’oignon, la luzerne, le gombo, la tomate, les piments.
Sur le plan phytosanitaire, le Directeur départemental de l’Agriculture d’Ingall a souligné que la situation est calme. Ainsi, il est constaté avec satisfaction que, sur le terrain, les cultures se développent normalement et les pluies se font progressivement enregistrer. « La situation générale de la campagne reflète une tendance très favorable parce que les écoulements des koris qui occasionnent le rechargement des nappes alimentant les sources d’eau d’irrigation d’appoint se réalisent régulièrement », a déclaré M. Chaibou Moussa.
Parlant de la situation globale des fortes précipitations, M. Chaibou Moussa a précisé que les plus importantes hauteurs des pluies ont commencé à se faire enregistrer au début du mois d’Août 2024, avec à une 1ère décade du mois caractérisée par une pluie extraordinaire dans la zone d’Ingall.
Par rapport à l’évaluation des dégâts, le Directeur Départemental de l’Agriculture d’Ingall a précisé qu’au total, 165 jardins sur 19 sites irrigués totalisant 1 716 personnes sont touchés par les inondations. Des pertes des cultures de 313 Ha de superficie en pastèque, melon, oignon, ail, piment, gombo, maïs, sorgho ont été enregistrées. Cette situation n’a pas épargné les équipements d’irrigation, où 25 motopompes, 12 puits maraichers, 26 bouteilles à gaz, 1 000 ml de réseau californien ont été endommagés. Au 31 août 2024, a confié le Directeur départemental de l’Agriculture d’Ingall, il a été dénombré 11 villages à risque d’insécurité alimentaire sur 19 villages agricoles que compte le Département d’Ingall, soit 57,89 %. Et pour cause, le retard de semis et les inondations qui ont dévasté les cultures. La population concernée est estimée à 21 002 habitants.
Ali Maman, ONEP-Agadez