L’hémorragie post-partum prend de plus en plus d’ampleur dans notre pays au point où elle est pointée du doigt comme étant à l’origine de plusieurs décès ou de séquelles chez les femmes. La problématique est d’autant plus grave que l’omerta n’a plus droit de cité et les témoignages sont facilement accessibles. C’est le cas de ces personnes qui ont accepté volontiers de partager avec nous les peines qu’elles ont enduré. Des souvenirs extrêmement difficiles et qui restent gravés dans leurs mémoires.
Mme Amina, 44 ans, ménagère et mère de 6 enfants, a souffert d’une hémorragie du post-partum immédiate lors de son dernier accouchement. « Mes grossesses étaient rapprochées. Je voulais avoir plus d’enfants étant dans un foyer polygame, mais cette idée a failli me coûter la vie. J’ai passé plusieurs semaines à l’hôpital car victime d’une anémie sévère. Je suis encore alitée mais j’espère m’en sortir », explique-elle.
Les préjugés sociaux, la négligence de certaines femmes ou de leurs accompagnatrices après accouchement concernant le flux sanguin, aggravent les cas d’hémorragie. Certaines femmes négligent par ignorance, tandis que d’autres préfèrent subir par peur des jugements de la société. Hassana, 29 ans, femme mariée explique son combat et son parcours périlleux. « J’ai eu un travail très lent, mon accouchement était très compliqué. Finalement, j’ai accouché par césarienne après 48h de travail. Quelques heures après mon opération, j’ai été reconduite au bloc. J’ai été hospitalisée et quelques semaines plus tard, j’ai pu quitter l’hôpital », confie-t-elle avec beaucoup de peine.
M. Abdoulaye explique quant à lui comment il a perdu à jamais la mère de ses enfants suite à une hémorragie du post-partum tardive. « Son accouchement était compliqué et avait pris plusieurs heures, mais on a quitté l’hôpital quelques jours plus tard. Elle a commencé à avoir des pertes importantes de sang les jours qui ont suivi. Elle était chez ses parents et la dame qui s’occupait d’elle me rassurait qu’il s’agît d’un écoulement de sang normal. Ce sang ne s’est jamais arrêté plusieurs semaines après l’accouchement. Elle perdait de plus en plus de force et souffrait énormément. Inquiet, je l’ai conduite à la clinique sans faire attention aux dires de la société car, cela m’était interdit d’après elle. Malheureusement, elle était victime d’une anémie sévère et la quantité de sang était insuffisante. Elle a succombé à cette hémorragie sous mes yeux », a-t-il relaté avec peine.
« Je n’avais pas connaissance des hémorragies après plusieurs semaines. J’avais un hématome et ce dernier me consumait à petit feu. J’avais perdu énormément de sang. Le transport vers un centre de santé a compliqué ma situation et les méthodes utilisées pour me sauver étaient sans succès. Le retrait de mon utérus était la seule solution pour me sauver la vie et j’ai accepté car, je devais m’occuper de mes enfants et vivre avec l’idée d’être une femme incomplète », déclare S.I, 45 ans, commerçante de son état.
Massaouda Abdou Ibrahim (ONEP)