
Le CES Amarou Soumaila de Tera
À l’approche des examens nationaux, l’effervescence est palpable dans les établissements scolaires de la ville de Téra. Les épreuves écrites du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) sont prévues le 26 juin 2025, et celles du Baccalauréat débuteront le 8 juillet 2025 sur toute l’étendue du territoire national. À Téra, deux établissements se démarquent par leur forte affluence : le Centre d’Enseignement Secondaire (CES) Amarou Soumaïla et le Collège d’Enseignement Général (CEG2) Hama Kassa. Dans ces deux établissements, les préparatifs vont bon train et l’heure est aux dernières retouches pédagogiques. Entre défis quotidiens et espoirs d’une réussite collective, les responsables des deux établissements dressent un état des lieux optimiste et, selon plusieurs témoignages d’élèves, toutes les conditions sont réunies pour un bon déroulement des examens.

Le proviseur du CES de Téra, M. Amadou Boubacar, et le directeur du CEG2, M. Mahamadou Sadou Mossi, ont tous deux souligné l’engagement du corps enseignant et des élèves dans les préparatifs. Les programmes sont en grande partie achevés, et les enseignants s’attaquent à renforcer les efforts à travers des cours de remédiation, des exercices intensifs, la correction d’anciennes épreuves ainsi que l’organisation d’examens blancs.
État des lieux, situation pédagogique et préparatifs au sein du CES de Téra
À quelques semaines des examens de fin d’année, le proviseur du Collège d’Enseignement Secondaire (CES) Amarou Soumaïla de Téra, M. Amadou Boubacar, a dressé un état des lieux de la situation pédagogique et des préparatifs au sein de son établissement. Il a déclaré que son CES compte un effectif total de 1 555 élèves, dont 827 filles, et se compose de 679 collégiens et 876 lycéens. Pour les examens de cette année, 198 candidats, dont 132 filles, sont inscrits au BEPC ; tandis que 157 candidats, dont 77 filles, sont inscrits au baccalauréat série A ; et 71 candidats, dont 16 filles, inscrits en série D.

Parmi les principales difficultés rencontrées, M. Boubacar pointe le manque criard de documentation. « Le CES ne dispose même pas d’une bibliothèque. Pourtant, un candidat devrait pouvoir approfondir ses connaissances en dehors des cours », a-t-il déploré. Il souligne que cette carence constitue un obstacle majeur à la réussite scolaire, en particulier pour les élèves désireux de s’instruire davantage. Autre problème récurrent, la désertion des élèves à l’approche des examens. Certains abandonnent les cours dès la fin du programme, notamment les redoublants ou ceux vivant dans des villages éloignés, souvent pour des raisons économiques ou sociales. « Malgré nos efforts pour les maintenir motivés, plusieurs quittent prématurément les classes. Cela a un impact direct sur les résultats aux examens », précise le proviseur. « Nous faisons tout notre possible pour encadrer les élèves et leur transmettre un maximum de savoir. Nous les accompagnons jusqu’à une semaine avant les examens. Certains enseignants n’hésitent pas à proposer des cours supplémentaires dans certaines matières », a-t-il ajouté.
Selon M. Boubacar, le personnel enseignant est suffisant et compétent pour assurer les cours et permettre de bons résultats aux examens. Il a également précisé que les élèves bénéficient de cours de renforcement et de préparations spécifiques aux examens. Dans le plan d’action élaboré par les professeurs, dit-il, les cours de remédiation figurent en priorité. En plus de ces cours internes, le CES reçoit l’appui de certains partenaires qui prennent en charge deux ou trois professeurs dans différentes matières pour dispenser des cours de soutien, notamment à l’intention des élèves récemment transférés, souvent en difficulté. Toutefois, l’absentéisme des élèves démotive parfois les professeurs. « Quand un enseignant se déplace pour une classe censée compter 60 élèves et n’en trouve qu’une vingtaine, il est découragé », explique-t-il.
Le proviseur a aussi évoqué les conséquences de l’insécurité dans certaines zones du département de Téra qui a eu un impact sur la fréquentation scolaire car, dit-il, de nombreux élèves déplacés ont dû intégrer les établissements de la ville, ce qui a entraîné un sureffectif dans les classes et un déséquilibre de niveau parmi les apprenants. « Pour mener à bien une activité scolaire, un environnement sécurisé est indispensable », a-t-il rappelé.
Face à toutes ces difficultés, le proviseur déploie des stratégies personnelles pour motiver les élèves. « Avec les surveillants, nous passons souvent dans les classes pour sensibiliser les élèves sur l’importance de l’éducation. Nous leur montrons, à travers des exemples concrets, ce que l’école peut leur apporter en donnant des exemples de personnes de la région qui ont réussi grâce à l’école », a-t-il confié.
Des besoins urgents au CES de Téra
M. Amadou Boubacar a dressé la liste des besoins prioritaires pour améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage de son établissement dont, entre autres, la construction ou la rénovation de salles de classe, dont certaines datent de 1964 ; l’électrification des salles, avec une installation de lampes et de ventilateurs pour améliorer les conditions d’apprentissage sous forte chaleur ; la création de deux bibliothèques, une pour le collège et une pour le lycée. En outre, vu l’évolution des méthodes pédagogiques, il estime qu’il est indispensable de doter l’établissement d’une salle informatique et d’un véritable laboratoire scientifique, des éléments essentiels pour une formation complète. « L’enseignant est un guide, mais c’est la documentation qui permet à l’élève de se construire. Or, nous n’avons aucune bibliothèque actuellement. Notre laboratoire actuel ne permet pas de véritables expériences scientifiques. Si toutes ces conditions sont réunies, nous ferons mieux encore », a-t-il souligné.
Le CES de Téra travaille en étroite collaboration avec les parents à travers l’Association des Mères Éducatrices (AME), l’Association des Parents d’Élèves (APE) et le Comité de Gestion (COGES) pour soutenir l’éducation des élèves. « Un chef d’établissement ne peut réussir sa mission sans l’appui des parents », affirme M. Boubacar. En ce qui concerne les autorités locales, préfet, maire, chef de quartier, chef de canton, ils sont également informés des réunions de l’école et reçoivent un compte rendu à la fin de chaque rencontre.
Motivation, inquiétudes et espoir des candidats dans les préparatifs du Bac
À l’approche des examens du baccalauréat session 2025, les élèves de la Terminale D au CES Amarou Soumaïla de Téra multiplient les exercices pratiques pour bien se préparer. En pleine séance de physique-chimie, concentrés et attentifs, deux d’entre eux ont été désignés par leur enseignant pour partager leurs impressions sur l’état d’avancement des préparatifs du Baccalauréat 2025 à Téra. La première à prendre la parole est Mlle Ousseini Issa Anifatou, élèves en Terminale D. Elle se montre globalement satisfaite de l’évolution des préparatifs. « Les préparatifs se déroulent très bien dans l’ensemble. Certes, le programme n’est pas totalement bouclé, mais on espère le finir avant les examens. Nous avons créé des groupes de travail, on s’exerce beaucoup. Mon conseil à mes camarades de la série D, exercez-vous le plus possible pour bien affronter les épreuves », a-t-elle déclaré.
Le second, M. Moussa Alhousseini Mohamed, également en Terminale D, partage un sentiment d’inquiétude. « Les préparatifs se passent bien dans l’ensemble, mais la fin de l’année a été marquée par une grève des enseignants, ce qui a perturbé notre progression. Je ne sais pas si nous sommes vraiment prêts, mais si chacun maîtrise ce qu’on a fait, c’est bien. Chers candidats, préparez-vous, même si on ne finit pas tout le programme. Il faut être prêt à affronter les examens. Bonne chance à nous tous » a-t-il souhaité.

Mlle Maman Brah Hafsatou, élève d’un autre établissement, venue étudier dans une salle vide du CES Amarou Soumaïla, pense que « les préparatifs se passent bien malgré le stress et la pression du temps qui s’approche à grands pas. Bien qu’on n’ait pas fini tout le programme, s’il faut comparer par rapport aux années précédentes, on a beaucoup avancé. Je me sens un peu prête ». Elle a conclu en adressant un message fort à l’ensemble des candidats : « Redoublez d’efforts dans ces derniers jours, ne vous laissez pas submerger par le stress et surtout, bonne chance à tous pour cette session 2025 »
Le directeur du CEG2 de Téra rassure par rapport aux préparatifs des examens
Le CEG2 de Téra est l’un des établissements les plus fréquentés de la ville. Son directeur, M. Mahamadou Sadou Mossi, a indiqué que son établissement compte cette année 169 candidats. Il a affirmé que les préparatifs des examens au sein de l’établissement se déroulent dans les meilleures conditions. La plupart des enseignants ont terminé le programme et le CEG2 est désormais dans les dernières retouches, entre autres, cours de remédiation, exercices, correction d’anciennes épreuves et organisation d’examens blancs pour bien préparer les élèves à l’examen proprement dit. « À l’approche des examens, pour garantir un bon déroulement, nous sécurisons les lieux, nous veillons à ce que le président du centre trouve un dispositif déjà en place, les salles prêtes, les tables installées, la cour propre. Du côté des élèves, nous les encadrons pour assurer une bonne préparation », a-t-il expliqué.

Le directeur a également souligné que tout le personnel pédagogique est pleinement mobilisé pour accompagner les élèves à tous les niveaux. Les professeurs restent disponibles, notamment pour les classes de troisième et organisent des groupes de travail dans les après-midis pour des exercices de remédiation. Il précise que c’est une pratique habituelle au CEG2. Les trois dernières semaines avant les examens sont consacrées à la correction d’anciennes épreuves et aux derniers ajustements.
M. Mahamadou Sadou Mossi se réjouit également de l’évolution du niveau général des élèves cette année par rapport aux années précédentes. « Nous avons constaté que les élèves venus cette année en sixième ont un niveau assez bon car, à la rentrée, nous avons organisé quelques tests pour évaluer leur niveau, plus de 90% d’entre eux avaient un niveau acceptable. Cela pourrait être lié à la réforme du CFEPD. Par le passé, certains élèves ne savaient même pas écrire leur nom à la rentrée », a-t-il indiqué.
Concernant l’organisation des examens, le directeur affirme ne rencontrer aucune difficulté grâce aux préparatifs entamés à l’avance. Il reconnaît toutefois qu’il faut sans cesse motiver les élèves, surtout vers la fin de l’année où certains deviennent moins assidus. « Certains élèves s’organisent en groupe et vont jusqu’au barrage, avec des théières, des marmites, des thermos, soi-disant pour étudier. Nous essayons de limiter cela. Nous les gardons à l’école jusqu’à la dernière minute avant les examens », a-t-il dit.
Il a aussi insisté sur les mesures prises pour lutter contre la tricherie et garantir l’intégrité des examens. L’accent est mis sur la sensibilisation, notamment concernant l’interdiction des téléphones portables et l’usage de documents non autorisés.
« Nous menons un travail à la fois de sensibilisation et de contrôle. Pour bien préparer les élèves, nous organisons des examens blancs et multiplions les interventions de sensibilisation dans les classes. À chaque occasion, nous leur rappelons que tout ce qui leur sera demandé à l’examen figure déjà dans leurs cahiers. Il leur suffit donc de bien réviser et de mobiliser leurs connaissances. Nous leur prodiguons également des conseils pratiques pour aborder sereinement les épreuves, tout en insistant sur le fait que la tricherie ne mène à rien. Un diplôme obtenu sans mérite finit toujours par se retourner contre son détenteur. Notre mot d’ordre : persévérer jusqu’à la dernière minute. C’est pourquoi nous ne libérons les élèves qu’à la veille des examens », a-t-il déclaré.

Le directeur du CEG2 se montre optimiste quant aux résultats à venir, affirmant que l’année s’est déroulée sans perturbations majeures. « Je ne dirai pas que nous sommes les meilleurs, mais nous faisons partie des meilleurs. Nous avons toujours été classés deuxièmes ou troisièmes au niveau régional. Nous espérons donc obtenir de très bons résultats », a-t-il affirmé avec fierté.
Créé en 1980, le CEG2 de Téra n’est toujours pas clôturé, ce qui, selon lui, constitue un grave handicap. « Il arrive que des troupeaux d’animaux passent quand des enfants jouent, que des taxis-motos traversent l’établissement pendant les cours, perturbant la tranquillité des élèves en classes. Nous voulons vraiment que l’établissement soit clôturé », a-t-il souhaité.
Il a également souligné le manque évident d’infrastructures scolaires. « Depuis plusieurs décennies, le nombre de classe est resté le même, 11 salles. Qu’il y ait 1 000 ou 2 000 élèves, on les entasse dans ces mêmes salles. L’an dernier, les classes de sixième A, B et C comptaient entre 101 et 104 élèves chacune, faute d’infrastructures. Les quatrièmes, à ce jour, comptent 92 à 93 élèves par salle. Un nouveau bloc est en construction, ce qui permettra de créer un lycée l’année prochaine, mais ce n’est pas suffisant. Il nous faut davantage d’infrastructures pour améliorer les conditions d’apprentissage », a-t-il conclu.
Assad Hamadou (ONEP), Envoyé spécial