Depuis un certain temps, l’ananas importé inonde la capitale. Un peu partout sur les grandes artères et autres marchés de la place, on constate une abondance de ce fruit. Au marché Katako où nous nous sommes rendus, les vendeurs grossistes sont pour la plupart des béninois, aidés par des intermédiaires nigériens. C’est le cas de Mme Nouradine Céverine, assise sur un tabouret au milieu d’un important stock d’ananas, qui nous indique qu’elle « achète et transporte l’ananas depuis le Bénin, en cargaison d’environ 3000 voire 4000 ananas par voiture ». Ainsi, par semaine, Mme Nouradine peut décharger au moins quatre (04) véhicules dans le marché. Pour acheminer un seul véhicule sur Niamey, elle indique qu’il faut être stable financièrement car, le transporteur à lui seul est payé dans les 400.000 FCFA. « Nos clients favoris sont les commerçants qui viennent commander avec nous des anans pour ensuites les revendre en détail sur le marché nigérien. Néanmoins, nous vendons également en détail aux jeunes revendeurs qui ont des charrettes, aux femmes qui font le petit commerce à domicile et à quelques consommateurs » a-t-elle expliqué. Pour Mme Nouradine, l’ananas est cédé aux revendeurs, à 250 ou 350 FCFA l’unité. « J’arrive à m’en sortir malgré que quelques ananas se gâtent du fait de la chaleur excessive. Je vends un peu plus de deux cent (200) ananas par jour », souligne-t –elle. De son côté, Melle Dossou Gombelyou, âgée de 16 ans, et sa maman béninoise, ont elles pris leur quartier non loin de la pharmacie du Point D. Elles s’approvisionnent également depuis leur pays le Bénin à destination de Niamey. « Nous payons l’ananas au Bénin en gros. Là-bas, on le vend par tas, donc nous payons plus de 400 tas ce qui s’élève à plus de 500 000 FCFA. Il arrive des fois que nous payons moins d’ananas par peur que ça pourrisse avant l’acheminement » a-t-elle précisé. Dossou a indiqué qu’elles vendent l’ananas en gros et en détail. Le prix du gros revient, par tas de 3 à 4 fruits, à 1000 FCFA au client. Et, à l’unité, selon la taille du fruit, il peut être cédé à 400 ou 500 FCFA au client. « Les clients sont surtout les femmes, mais les hommes également. Nous arrivons à nous en sortir car nous avons d’autres points de vente. Nous arrivons a écoulé un tas ou un tas et demi par semaine » souligne-t-elle.
Pour sa part, un autre vendeur d’ananas au marché de Katako, Habibou Alassane a précisé qu’il achète toujours un petit camion (10 tonnes) remplis d’ananas auprès des béninois qu’il amène au marché pour ventre en gros et en détail. « Chaque camion contient 4000 unités d’ananas et par mois, on peut vendre 2 camions voire plus», a t il indiqué.
Habibou Alassane indique que le prix de l’ananas est à discuter au niveau de ce marché. « Actuellement, le prix d’une unité d’ananas, selon la taille du fruit, tourne autour de 250, 300 FCFA.», a-t-il souligné. Il nous fait remarquer que l’ananas qu’il commercialise lui provient du Bénin, il peut consacrer deux semaines pleines à écouler le volume d’une petite camionnette.
S’ils sont discrets sur leurs chiffres d’affaires, ils deviennent prolixes quand il s’agit d’évoquer les difficultés qu’ils rencontrent. La principale difficulté qu’ils disent rencontrer demeure les tracasseries douanières et policières le long du corridor Bénin Niger et cela malgré les textes d’intégration communautaire qui sont censés faciliter le commerce et la libre circulation des biens et services entre pays membres de l’UEMOA. Surtout à la frontière nigérienne. « A chaque barrière de contrôle, on donne de l’argent, pire même, au niveau des barrières douanières, on passe banalement des heures et des heures avant de rebrousser chemin et c’est ce qui fait que, des fois, nos produits se gâtent », déplorent ces vendeurs.
Par Yacine Hassane(onep) et Rachida Abdou Ibrahim(onep)