
La table de séance à l’ouverture des assises
Zinder, la capitale du Damagaram, abrite depuis hier lundi 23 juin 2025, la 11è édition des Journées des Communes du Niger. Un rendez-vous de haute portée politique et institutionnelle, réunissant les autorités administratives, les élus locaux, les partenaires techniques et financiers ainsi que les délégations des pays frères du Burkina Faso et du Mali, membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette édition, placée sous le signe de la gouvernance locale dans le contexte de la refondation nationale, a été officiellement lancée par le ministre d’État, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire, le Général de Division Mohamed Toumba.
Pendant trois jours, les participants auront à débattre des thématiques cruciales tels que la transparence budgétaire, les mécanismes de mobilisation des ressources propres, l’amélioration de la gouvernance locale et les opportunités économiques pour les jeunes. Des experts et panélistes seront mobilisés pour enrichir les réflexions et accompagner les communes dans leur processus de transformation.
Dans son allocution d’ouverture, le ministre d’État a salué la symbolique forte qu’incarne Zinder, « cité légendaire du Damagaram, terre de résistance à la domination », en évoquant notamment la mémoire du Sultan Amadou Kouran Daga. Il a justifié le choix de Zinder pour abriter cette édition non seulement par la rotation entre les villes, mais aussi par « la tradition d’hospitalité de cette ville ». S’adressant aux participants, notamment aux administrateurs délégués, le ministre d’Etat a salué la régularité de cette rencontre, symbole d’un engagement constant en faveur d’une gouvernance locale responsable. Il a mis en exergue l’importance du thème retenu, « Gouvernance locale dans le contexte de la Refondation », en parfaite adéquation avec la vision du Président de la République, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani.
Le Général de Division Mohamed Toumba a particulièrement salué l’élaboration du premier Rapport général des communes du Niger, qu’il a qualifié de tournant majeur dans l’histoire de la décentralisation. Ce rapport met en lumière des dysfonctionnements, dont l’irrégularité dans la tenue des commissions consultatives locales, un organe essentiel pour garantir la participation citoyenne à la gestion des affaires locales. Le ministre d’Etat a annoncé à ce propos une révision prochaine de l’arrêté encadrant ces commissions.

Abordant la question des finances locales, le ministre d’Etat en charge de l’Administration du Territoire a noté une hausse encourageante des ressources internes de plus de 12 milliards de FCFA mobilisés en 2024, tout en appelant à renforcer ces efforts. Il a dénoncé la faible collecte de la taxe municipale, due notamment à l’usage de carnets contrefaits et à la prolifération de réseaux parallèles de percepteurs. Pour ce faire, le ministre a annoncé l’introduction prochaine de carnets infalsifiables et de mécanismes rigoureux de contrôle. Autre point critique soulevé : la méconnaissance des rôles par certains acteurs des collectivités. Le ministre d’Etat a insisté sur la nécessité pour chaque acteur de respecter strictement ses prérogatives. Le Général de Division Mohamed Toumba a annoncé la mise en place de cellules d’appui-conseil et de contrôle de légalité dans toutes les régions, sous la responsabilité des Gouverneurs et Préfets. « Cette mission de contrôle de légalité doit être assumée sans faiblesse. J’y veillerai personnellement », a-t-il martelé. Il a par ailleurs, appelé les participants à faire preuve de responsabilité et de perspicacité, en soulignant que des « recommandations à la hauteur des attentes » sont attendues de leurs travaux. Il a également salué la présence des délégations de la Confédération des États du Sahel (AES), soulignant leur engagement commun en faveur d’une décentralisation ancrée dans les réalités africaines.
Pour sa part, le Gouverneur de la région de Zinder, hôte de l’événement, a exprimé sa fierté d’accueillir cette importante rencontre. « Ce moment de retrouvailles et de convivialité dans notre région est plus qu’historique car, au-delà des possibilités d’échange entre les acteurs de développement à la base, il se déroule à un moment particulier, où notre pays amorce son processus de refondation », a souligné le Colonel Massallatchi Mahaman Sani.
Il a salué la participation massive des délégations venues du Burkina Faso et du Mali, pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), ainsi que la présence des partenaires techniques et financiers engagés aux côtés des communes nigériennes. Le Gouverneur a encouragé les administrateurs délégués à tirer le meilleur parti de ces deux jours d’échanges. « J’ose espérer que pendant ces deux jours d’échange, et au vu de la qualité des participants, des solutions appropriées seront trouvées à toutes les questions qui minent le développement de nos communes », a indiqué le gouverneur de la région de Zinder.

Quant au président de l’AMN, le Colonel Soumana Garanké, par ailleurs Administrateur Délégué de la Ville de Niamey, il a d’entrée de jeu observé un moment de recueillement en mémoire des soldats civils et militaires tombés pour la défense de la souveraineté du Niger, ainsi qu’en l’honneur d’administrateurs locaux récemment disparus. Le Colonel Soumana Garanké a aussi saisi l’occasion pour rendre un vibrant hommage au ministre d’État, en charge de l’Administration du Territoire. Selon le président de l’AMN, le thème de cette édition, résolument tourné vers les défis des communes en matière de financement, de formation, de numérisation et d’accès aux services de base, a suscité de nombreuses interventions. La gouvernance locale nigérienne, poursuit-il, malgré son potentiel, reste confrontée à des faiblesses structurelles : manque de ressources humaines qualifiées ; insuffisance de financement pour des compétences transférées ; dysfonctionnements dans la coordination du développement local et absence de documents de planification ou des chevauchements de missions.
Ces constats préoccupants n’ont cependant pas entamé la volonté des administrateurs à faire front. « La gouvernance locale doit changer, et elle est déjà en train de changer », a-t-il martelé, insistant sur la nécessité d’un accompagnement renforcé de l’État pour réussir cette transformation. Cette journée vise à renforcer la gouvernance locale, aborder la sécurité, la cohésion sociale, la croissance économique, l’emploi, la souveraineté alimentaire et l’innovation pour soutenir le développement local nigérien.
En marge des panels, l’événement a également accueilli un forum sur la production locale et la souveraineté alimentaire, une priorité nationale. L’objectif est d’encourager les communes à valoriser leurs ressources agricoles et artisanales, tout en sensibilisant les populations à consommer nigérien.
La présence remarquée des présidents des associations des municipalités du Burkina Faso et du Mali a souligné la dimension ouest-africaine de l’initiative. M. Konate Maurice a, au nom des pays de l’AES, exprimé leur satisfaction et réitéré leur volonté de renforcer les échanges d’expériences pour faire des collectivités locales des leviers puissants du développement durable dans l’espace AES.
Rabiou Dogo, ONEP Zinder