
Un journaliste mis sur écoute et dont les communications (téléphoniques, mailing, réseaux sociaux, et peut-être même les déplacements, etc) sont épiées par les services de renseignement. Des opposants intimidés avec l’inéligibilité d’un candidat obtenue par une procédure judiciaire pour le moins curieuse, des perquisitions effectuées au niveau du siège du principal parti d’opposition.
Cela ne se passe pas dans les démocraties tropicalisées d’Afrique au Sud du Sahara ou sous les régimes militaires d’exception au Sahel, mais en France. Vous ne rêvez pas ! Cela se passe en France ‘’Patrie des Droits de l’Homme’’ (c’est du moins l’illusion qu’on a vendu au monde).
Ces persécutions sont exercées contre un journaliste et pas n’importe lequel, notre compatriote Seidik Abba. Ce journaliste rigoureux dans ses analyses, intransigeant quant au respect de l’éthique et de la déontologie et sans concessions du point de vue de l’objectivité est harcelé par les services français, certainement pour ses opinions. En effet, Seidik Abba a refusé d’être dans les rangs de ces chroniqueurs de la Françafrique qui pullulent dans l’environnement médiatique hexagonal, passant de plateau en plateau ou rivalisant d’écrits propagandistes pour discréditer les dirigeants du Sahel ou décrédibiliser les processus de souveraineté et de libération du joug néocolonial français qui pèse encore sur les pays francophones d’Afrique. Sans être anti-français, pro-russe ou pro-régimes militaires sahéliens, Seidik Abba a choisi le camp de l’information véridique. Et, c’est ce qui lui vaut le courroux du régime français.
L’autre persécution est dirigée contre le Rassemblement National (RN), principal parti d’opposition en France. Il y a eu d’abord, l’élimination politique de la très charismatique Marine Le Pen par un ‘’tour de justice’’ qui la déclara inéligible pour la prochaine élection présidentielle alors que la procédure judiciaire contre elle n’est pas totalement achevée. Comme si cela ne suffit pas, le régime français déclenche une cabale contre le RN, en l’accusant de ‘’financement illicite’’. Pour beaucoup d’observateurs avertis, cette procédure ne vise ni plus ni moins qu’à handicaper le parti, à empêcher à ses principaux cadres dont le dauphin de Marine Le Pen, Jordan Bardela de se présenter aux futures échéances électorales.
Cette stratégie ultime d’instrumentalisation de la justice à des fins politiciennes fait suite à l’échec de la première stratégie, celle de la diabolisation du RN entretenue durant tout le mandat du président Macron. Une stratégie qui a même contribué, contre toute attente du régime macronnique, à asseoir l’ancrage du RN, son assise sociale et électorale. En effet, le parti de Marine Le Pen s’est qualifié deux fois au second tour de la Présidentielle et a même obtenu le plus grand nombre de député au parlement français. Il a fallu à chaque fois une coalition des incompatibles pour battre le RN.
A première vue, ces persécutions contre le journaliste nigérien Seidik Abba et contre le RN n’ont aucun lien, est-on tenté de dire. Et pourtant, ces deux situations convergent vers et traduisent une réalité : un régime aux abois, dépassé par les événements tant au plan intérieur qu’à l’échelle internationale, à cause de l’incompétence, du manque de jugeote et de l’arrogance de ses dirigeants.
Mais, le plus intriguant dans cette situation, c’est le silence des organisations comme Reporters Sans Frontières ou Amnesty International, pourtant promptes à monter sur leurs grands chevaux pour dénoncer des atteintes réelles ou imaginaires à la liberté d’expression ou aux libertés politiques lorsqu’il s’agit des pays africains. En France ne voient, ni n’entendent rien. Silence, on persécute au ‘’pays des Droits de l’Homme’’ !
Siradji Sanda (ONEP)