
Firdaousse Yahaya Boubacar
Par définition et par étymologie, la caricature est un dessin exagéré mettant en évidence les traits d’une personne ou d’une situation, souvent avec une touche d’ironie. C’est dans ce registre que s’illustre Firdaousse Yahaya Boubacar, une jeune étudiante nigérienne de 24 ans, passionnée d’art depuis l’enfance.
Titulaire d’une licence en droit public obtenue à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal), Firdaousse n’a jamais abandonné sa fibre artistique. « Je dirais que je me suis adonnée à la peinture depuis toute petite, par pure conviction », confie-t-elle. Durant ses années au collège et au lycée, elle s’est un peu éloignée de la pratique artistique, tout en continuant à faire des croquis à ses heures perdues. Arrivée à l’université, elle profite des périodes de grève pour replonger dans son art. « Le contexte politique au Sénégal avait entraîné de longues interruptions des cours. Rester à la maison sans rien faire me stressait. J’ai donc repris la peinture et je passais mes journées à créer », témoigne-t-elle.
C’est en décembre 2021 que Firdaousse reprend sérieusement les pinceaux. En passant devant un peintre à Saly, elle cherche à se procurer des toiles blanches, mais il ne lui en restait que deux petites. « J’ai commencé à peindre dessus jusqu’en mai 2023. J’ai gardé l’un des tableaux pour l’offrir à une tante. C’est à ce moment que j’ai commencé à peindre régulièrement. » Encouragée par ses proches, elle reçoit plus tard un kit complet de peinture, à savoir toiles, pinceaux, peinture, tout ce qu’il lui fallait pour affiner sa technique et développer son art. Aujourd’hui, Firdaousse Yahaya Boubacar façonne des œuvres originales, entre sculpture et peinture, mêlant esthétique, message et passion.
En outre, pour subvenir à certains de ses besoins personnels et soutenir son activité artistique, Firdaousse Yahaya Boubacar a décidé de monétiser ses œuvres. « J’ai commencé à vendre mes tableaux en juillet 2023, uniquement sur commande. Les recettes restent variables car il y a des périodes où je ne peins presque pas. Pour l’instant, mon objectif principal n’est pas la commercialisation mais plutôt l’amélioration de mon travail. J’espère un jour pouvoir exposer mes toiles au grand public afin de gagner en visibilité », confie-t-elle.
Cependant, comme dans bien d’autres domaines, celui de l’art n’est pas exempt de difficultés. La jeune artiste évoque plusieurs obstacles qu’elle rencontre dans l’exercice de sa passion. Parmi eux, la rareté de certains matériaux essentiels, notamment la peinture acrylique qu’elle préfère pour sa faible toxicité et sa facilité de nettoyage. À cela s’ajoute le coût élevé de ces matériaux à Niamey, ce qui la pousse souvent à commander à l’extérieur, augmentant ainsi les charges.
Elle déplore également le manque de considération pour l’art au Niger, souvent perçu comme un simple loisir. « Pourtant, moi, je crois profondément au potentiel de l’art et je souhaite sensibiliser davantage les Nigériens sur sa valeur », affirme-t-elle.
Malgré l’absence de sponsors officiels, Firdaousse se dit chanceuse de pouvoir compter sur le soutien indéfectible de sa famille. « Avec mes ventes, j’achète une partie des matériaux, et mes proches complètent souvent en m’offrant d’autres fournitures en guise de cadeaux », conclut-elle avec reconnaissance. Pour promouvoir ce secteur, l’État du Niger gagnerait à recenser les jeunes artistes, à leur offrir des formations de qualité, et à faciliter l’accès aux matériaux, afin qu’ils puissent pleinement exploiter leurs talents et contribuer à l’émergence d’une véritable culture artistique nationale.
Mahamane Bachir Garba (Stagiaire)