
Après les grosses pluies la mobilité devient un casse-tête ...
Chaque saison des pluies, Niamey fait face à de fortes précipitations qui perturbent la circulation et affectent la vie quotidienne des habitants. Entre insuffisance des caniveaux, accumulation d’ordures et mesures de protection improvisées, les quartiers comme Saga, Tallagué Est et Bassora illustrent les défis de gestion des eaux pluviales auxquels la capitale est confrontée.
Les pluies qui s’abattent chaque année sur Niamey mettent à rude épreuve les infrastructures urbaines et les riverains. Les conséquences sont visibles dans plusieurs quartiers où les voies deviennent rapidement impraticables et certaines concessions difficilement habitables. Si les précipitations intenses expliquent en grande partie ces situations, d’autres facteurs comme l’insuffisance des caniveaux, leur entretien irrégulier ou encore les pratiques locales de protection des habitations viennent amplifier la vulnérabilité de la ville.
Selon le Comité National de Prévention et de Gestion des Inondations (CNPGI), à la date du 19 août 2025, les inondations ont touché 320 quartiers et villages répartis dans 75 communes, affectant 7 229 ménages, soit un total de 52 655 personnes à travers le pays. Ces chiffres témoignent de l’ampleur du phénomène qui dépasse largement la capitale et touche de nombreuses communautés rurales et urbaines.
Une saison toujours redoutée
Le 18 août 2025, après une pluie particulièrement forte, les rues de Saga ont été submergées par les eaux. Dans ce quartier situé en périphérie de la capitale, de nombreux habitants ont passé la journée à dégager l’eau stagnante de leurs concessions. Aïssa, rencontrée devant sa maison, tente à l’aide d’une pelle en plastique de vider l’eau qui a envahi sa cour. « C’est devenu une habitude après chaque pluie », témoigne-t-elle. Non loin, Ousmane Idrissa, 72 ans, installé depuis 1988, s’active autour de sa moto-pompe. « Les caniveaux manquent de profondeur et nécessitent un meilleur entretien », souligne-t-il. Comme d’autres habitants, il constate que certaines initiatives individuelles de protection, remblais de sable ou petites digues, détournent l’eau vers d’autres concessions, compliquant encore la situation.

À Tallagué Est, la pluie du même jour a laissé des traces visibles. Le long de la voie principale, de petits murets et remblais entourent les maisons et les boutiques. Ces aménagements sont réalisés par les habitants pour empêcher l’eau d’entrer dans leurs concessions. « Chacun développe sa stratégie, selon ses moyens », explique Moumouni Abdou, résident du quartier. Mais ces mesures, souvent improvisées, déplacent parfois le problème vers les habitations voisines ou vers la voie publique. Ce quartier illustre bien les efforts individuels qui, faute de coordination collective, ne suffisent pas à régler durablement la question des inondations.
Quant au quartier Bassora, le pavé menant au camp de la Garde Nationale du Niger a été fortement touché par les pluies. L’eau y a stagné, rendant la circulation difficile pour les automobilistes et les motocyclistes. Certains véhicules se trouvent ralentis, voire bloqués, tandis que les piétons sont contraints de traverser des zones inondées. Comme ailleurs, les riverains s’organisent pour protéger leurs concessions à l’aide de sacs de sable, de remblais de latérite ou de petites digues. Ces solutions immédiates soulagent les familles, mais contribuent parfois à gêner l’écoulement normal des eaux sur la voie publique.
Des défis à relever collectivement
Les constats réalisés à Saga, Tallagué Est et Bassora rappellent que les inondations à Niamey ne sont pas seulement liées aux fortes pluies, mais aussi à la fragilité des infrastructures d’évacuation et à l’absence de solutions collectives durables. Les initiatives des riverains, bien qui indispensables à court terme, montrent leurs limites lorsqu’elles s’opposent les unes aux autres.
La gestion des eaux pluviales demeure donc un défi majeur pour la capitale. Elle appelle à la fois à un meilleur entretien des caniveaux, des investissements dans les infrastructures de drainage et une sensibilisation accrue des populations à l’importance de préserver les voies d’écoulement naturelles.

Vers une meilleure résilience urbaine
Face à ces défis, la mobilisation doit être collective. Autorités locales, services techniques et populations ont un rôle complémentaire à jouer pour réduire l’impact des inondations récurrentes. Avec une meilleure coordination et des aménagements adaptés, Niamey pourra progressivement transformer cette vulnérabilité en une résilience urbaine renforcée, afin que chaque saison des pluies ne soit plus synonyme de désarroi pour les habitants.
Oumar Issoufou (ONEP)