Le Premier ministre avec le comité ad-hoc chargé d’écrire l’histoire du Niger
Le Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, M. Ali Mahaman Lamine Zeine a procédé, le vendredi 26 décembre 2025 à Niamey, à l’installation officielle du comité ad-hoc chargé de l’écriture de l’histoire générale du Niger. Il s’agit pour ce comité de restituer aux Nigériens la version la mieux renseignée de leur passé. La cérémonie a été marquée par la présence des membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), ceux du gouvernement et bien d’autres officiels.
Dans ses propos, le Premier ministre a souligné que cette cérémonie consacre un acte fondateur pour le Niger dans sa quête de la pleine souveraineté. Enseigner aux hommes l’histoire, a-t-il dit, leur permet de comprendre leur patrimoine commun. « La connaissance de cette mémoire collective renforce le sentiment unitaire, légitime, et ravive l’ardeur de la lutte pour la souveraineté », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que le Niger, de par sa position géographique médiane, constitue un lieu de brassages, d’échanges et de spiritualités.
L’espace nigérien a été, selon M. Ali Mahaman Lamine Zeine, aussi le berceau d’empires et royaumes célèbres entre le Kanem-Bornou, le Songhaï, le sultanat de Damagaram et des Etats Hausa. « Cette riche histoire multiséculaire, faite de brassages, de résistances, de civilisations, de savoirs divers, mais également de douleurs parfois, reste, hélas, peu connue, voire méconnue, du large public, particulièrement sa frange la plus jeune qui constitue pourtant l’avenir de la nation. Pire, c’est que notre histoire est absente de nos manuels scolaires, et au cas où elle existe, elle est relatée par les autres », a-t-il remarqué.
Toutefois, le Premier ministre a reconnu que depuis près d’une quarantaine d’années, des travaux de recherche signés par des universitaires nigériens existent. Néanmoins ces écrits restent très peu connus du large public par manque de leur vulgarisation. Il a comparé l’image d’un peuple sans histoire comme à un individu qui a perdu sa mémoire ou un corps sans âme. « C’est précisément pour combler ce déficit que le Président Tiani a décidé que ce projet soit mis en place. Il est donc grand temps de recueillir vite les données des sources orales, de transmettre les trésors de mémoire que détiennent les anciens, les généalogistes, les griots », a estimé M. Ali Mahaman Lamine Zeine.
Le Premier ministre a également exhorté les membres du comité à consulter les autorités coutumières, les chefs traditionnels, les leaders religieux, les artistes, les confronter aux données des sources écrites et archéologiques et à en ressortir un récit historique fédérateur, plus proche de la vérité et de la réalité vécue. « C’est un travail scientifique qui sera conduit pour qu’à la fin, nous ayons un produit inattaquable », a-t-il assuré.
M. Ali Mahaman Lamine Zeine a également rassuré que ce projet est une œuvre nationale qui, par une approche scientifique inclusive, fournira au peuple nigérien des outils solides pour comprendre son passé. À travers cette œuvre d’écriture de l’histoire générale du Niger, le pays affirme, selon le Premier ministre, sa volonté de connaître et comprendre son passé, de revivifier le patriotisme et de préparer son avenir. «Le gouvernement s’engage à soutenir pleinement cette initiative d’une utilité hautement patriotique », a-t-il rassuré.
Fédérer les compétences dans cette quête d’objectivité
Abondant dans le même sens, le président du comité ad-hoc chargé de l’écriture de l’histoire générale du Niger, Pr Maikoréma Zakari, a rappelé que depuis sa mise en place le 3 octobre 2024, le comité a mené plusieurs activités qui vont de la tenue de plusieurs réunions préparatoires au niveau des membres du bureau de coordination du comité, à la tenue d’au moins cinq assemblées générales des historiens pour aider à cerner les contours du projet et s’accorder sur la méthodologie à suivre pour mener cette mission.
Selon les explications fournies par cet enseignant-chercheur, l’histoire générale que ce comité envisage d’écrire est une œuvre globale qui embrasse tous les pans de la vie des Nigériens. « Il ne s’agit donc pas d’écrire une histoire revanche, encore moins de livrer un récit à forte consonance laudatrice, ce qui correspondrait à un autre travestissement de l’histoire, mais bel et bien d’élaborer une synthèse guidée par la seule quête de l’objectivité, une synthèse bâtie sur la rigueur méthodologique de l’histoire-discipline scientifique », a-t-il prévenu.
Le président du comité ad-hoc a souligné que ce travail sera multidisciplinaire, car le comité va recourir à toutes les autres compétences et spécialités des sciences sociales, ainsi que les dépositaires du savoir. Selon lui, ce travail prendra en compte les acquis puis l’enrichir. « Il n’y a pas de vide absolu, car il y a eu des travaux effectués, certains très anciens, d’autres dépassés, souvent à titre individuel, parfois partiel. Même les régions qui ont été touchées, certaines l’ont été insuffisamment », a-t-il ajouté. En définitive, Pr Maikoréma Zakari, a souligné que ce travail de recherche, de fouille, de documentation et d’investigation touchera de la préhistoire jusqu’à nos jours. « C’est une histoire qui concerne l’ensemble du territoire et même au-delà, parce que les frontières actuelles sont artificielles. Nous avons fixé comme objectif de finaliser ce projet dans deux ou trois ans, mais la réalité du terrain peut nous amener à revoir ce délai », a-t-il annoncé.
Abdoulaye Mamane (ONEP)
