La cheffe Kaltoum lors d’une démonstration culinaire
Passionnée de cuisine nigérienne, Mme Kaltoum Fassouma a su joindre tradition et modernité pour imposer le nom du Niger sur la scène culinaire internationale. Son amour pour la gastronomie et sa manière de transformer les produits locaux ont fait rayonner la cuisine du Niger à l’échelle mondiale.
À l’âge de 4 ans déjà, elle débutait son expérience en cuisine, mélangeant des petites choses, c’est-à-dire quelques ingrédients qu’elle forçait ses parents à manger. A l’âge de 8 et 9 ans, elle commençait à préparer les marmites de la famille. « A la descente de l’école, je prépare des plats simples comme le riz au gras, les spaghettis et autres. Je faisais la table de mon papa, c’était parti de là. Mon Papa, que son âme repose en paix, disait tout le temps que si je ne deviens pas mère, je serai un maître d’hôtel », se rappelle encore Mme Kaltoum Fassouma. Il voyait en elle cette réussite qu’elle n’a pas vue venir. « Je sais qu’il est très fier de moi de là où il est, parce que je suis en train de réaliser ce qu’il voyait en moi depuis encore très jeune », se réjouit-elle.

Habituée à la cuisine qui est devenue sa routine quotidienne, une fois à l’IPDR de Kollo, Mme Kaltoum Fassouma ne se contente pas de cuisiner pour elle seule. A la descente de l’école, elle fait le marché pour préparer le plat qu’elle partage avec ses amies. « Toutes mes camarades ont leur petite marmite, moi j’ai toujours une grande marmite, je prépare, tout le monde amène sa petite tasse, et je servais chacun. Et j’étais la plus jeune. On m’appelait ‘’Koda’’ de l’IPDR. J’étais la plus jeune à préparer dans une grosse marmite pour donner aux plus grands », se souvient-elle avec le sourire. Après ses études à l’IPDR dans la section Agriculture, elle est revenue à Niamey dans sa grande famille.
De la passion à l’entrepreneuriat culinaire
Il y avait sa tante qui vendait des galettes de Doum communément appelées ‘’Massa Bri’’ tout près de leur maison familiale. C’est ainsi que Mme Kaltoum Fassouma se lance avec la bénédiction de sa maman dans le commerce des têtes de mouton ‘’Malkou’’, pas par nécessité mais par plaisir. Ainsi, elle place une petite table tout près de sa tante qui vendait du ‘’Massa’’, chaque soir, elle prépare le malkou chez elle et vient le poser sur la table. « Les gens ont aimé et je commence à recevoir des commandes un peu partout. Quand mon grand frère qui, d’ailleurs prenait soin de moi depuis le décès de notre papa l’a vu, il a manifesté son mécontentement et il m’a demandé d’arrêter. Ce qui fut fait », raconte-t-elle. Mais, au fur et à mesure, sa passion pour la cuisine était renforcée et, du coup, elle a pris un local tout près du Centre Hospitalier Régional Poudrière pour ouvrir un petit restaurant. C’est ainsi qu’elle entre dans l’entrepreneuriat culinaire. « Je faisais la navette, je préparais et vendais de la nourriture sur place. Même si je ne vendais pas, ce n’est pas une perte pour moi parce que tous ceux qui sont autour de moi mangent. Ça ne m’a pas empêchée de continuer jusqu’à ce que les gens aient reconnu l’endroit », explique Mme Kaltoum Fassouma. Cependant, les péripéties de la vie et les charges financières ont fait qu’elle a fermé le restaurant pour se retourner vers le service traiteur. Je faisais à domicile parce que les charges devenaient plus lourdes. Aujourd’hui, Dieu merci, j’ai mon propre local où j’ai ouvert mon restaurant’’Rayan Prestige’’ à Lossogoungou il y a exactement un an. Nous fournissons à manger dans plusieurs sociétés », s’est-elle réjouie avec fierté.
L’un des plus grands succès de Mme Kaltoum Fassouma est sa participation au Salon International du Tourisme et de l’Hôtellerie de Ouagadougou (SITHO) 2024. Sa manière d’innover pour faire de chaque plat une œuvre d’art en transformant les produits nigériens en des véritables plats a épaté plus d’un visiteur. Ce qui lui a d’ailleurs valu plusieurs trophées dont : le premier, catégorie entrée avec du moringa, farci à la pintade pilée ; 1ère catégorie dessert (velouté de potiron) et 2ème trophée, catégorie boisson (jus de patate aux légumes). Elle a aussi reçu plusieurs distinctions.
Des reconnaissances régionales et internationales
A Ouagadougou, Mme Fassouma a fait la connaissance d’un chef cuisinier réputé qui, impressionné par son dynamisme et son travail, lui a proposé de participer au concours mondial de cuisine en Tunisie. Elle était au début un peu réticente, mais elle a fini par accepter l’offre. « Il y a un chef cuisinier qui m’observait en train de travailler bien avant le concours. Il me voit chaque jour en train de préparer. Il a attendu le 5è jour pour me parler. Il m’a demandé si je préparais pour vendre, et je lui ai répondu que je le fais pour notre délégation au lieu d’aller chaque jour chercher à manger dans les restaurants, alors que je suis là. Il dit, mais vous êtes très dynamique. Je le vois chaque jour. Il m’a proposé de participer au concours Gastro-tunisia en m’expliquant toutes les procédures. Il voyait vraiment quelque chose en moi que je n’ai pas vu venir », confie-t-elle.

Avec le soutien du Ministère du Tourisme et du Cabinet du Premier ministre, elle s’est lancée dans cette aventure couronnée de succès dans sa carrière. C’est ainsi qu’elle a remporté en février 2025 en Tunisie deux médailles d’or avec comme plats présentés : coucous de patate douce avec soupe de poisson ; Tapioca chuté ; copto farci à la pintade pilée et ‘’Brabusko accompagné de sauce Karasu’’. Au concours Gastro-tunisia de juin 2025, elle a proposé la purée de manioc au fromage avec poisson poêlé, la brochette traditionnelle de viande communément appelé ‘’Siré’’ et salade de haricots rouges d’Ayerou plus le jus de souchet. Là aussi, elle a remporté une médaille d’or et un tableau de prix d’excellence (le seul d’ailleurs convoité par tous les candidats). « Ma première fois, c’était certes un peu dur, il y avait la peur surtout que tous les grands chefs cuisiniers étaient là, les membres du jury. Généralement les chefs, les membres du jury, quand ils goûtent, ça ne dépasse pas une ou deux bouchées pour mieux sentir le goût. Mais, pour moi, ils ont fini l’assiette et c’était pareil pour le haricot rouge avec la viande. Ils ont bien mangé. Ils ont aimé », dit-telle souriante. Grâce à Fassouma, la cuisine du Niger est aujourd’hui connue au plan international. « À ma première participation, les membres du jury et les chefs cuisiniers confondaient le Niger avec le Nigéria. A un moment, ça me mettais hors de moi, mais à ma deuxième participation, ils ont déjà retenu le nom du Niger et c’est une fierté pour moi », se réjouit Mme Fassouma. Tout récemment à SITHO Ouaga 2025, elle a encore remporté le deuxième prix sur 20 candidats.
C’est en connaissance que la ministre en charge du Tourisme et de l’Artisanat lui a décerné un témoignage de satisfaction et la Médaille Saraounia Mangou du Président de la République, Chef de l’Etat, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani.
Aïchatou H. Wakasso (ONEP)
