
El Polo Loco au cours de l’entretien avec notre reporter
Né et grandi à Niamey au quartier Maourey, Al Moctar a fait ses études primaires à l’école Wright, puis au CEG Centre où il obtint son BEPC. Avant même d’atteindre le niveau du bac, la musique avait pris une grande place dans sa vie. Une passion qui a fini par entraver ses études, avant que le jeune ne se découvre enfin un talent fou d’humoriste.
Il a d’abord commencé par la musique, notamment le Rap sous le nom de Dasket. Puis, il a continué dans les sketchs avec DKN, son équipe composée de Bman, Lamoney et d’autres visages connus aujourd’hui sur les réseaux sociaux. « Nous avons commencé à créer des web vidéos. C’est à ce moment-là qu’est né mon amour pour l’humour », explique-t-il.
Ainsi, sa passion pour le « stand-up » l’avait naturellement orienté vers l’humour. Bien avant de faire ses premiers pas sur scène, il suivait déjà de nombreux humoristes avec attention. Il racontait que cette transition avait une histoire assez amusante : à l’époque où il faisait du rap, il se faisait appeler Dasket. Lorsqu’il décida de changer le rap pour l’humour, son meilleur ami d’enfance, inspiré par un film ‘’Al Pacino’’ dans lequel apparaissait un personnage dénommé El Pecos, commença à le surnommer «El Polo Loco».
« Au début, je ne savais même pas ce que ça signifiait. Plus tard, j’ai fait une recherche et j’ai découvert que «El Pollo Loco» voulait dire «le poulet fou». J’ai rigolé, mais bon, c’était trop tard pour changer. Le nom avait déjà pris », a-t-il dit.
El Polo Loco a déjà plusieurs réalisations à son actif, notamment trois spectacles organisés et réalisés avec succès. Il fait partie aussi des humoristes nigériens qui ont le plus de « one-man shows ». Avec son collègue Wanouski, ils ont lancé le festival «Kokowa du Rire», un concours national d’humour qu’ils organisent chaque année en prélude à la lutte traditionnelle, où des humoristes de toutes les régions se réunissent à Niamey pour montrer leurs talents et le grand gagnant repart avec une enveloppe de 500 000 FCFA et l’opportunité de participer au Parlement du Rire.
El Polo Loco a également eu l’occasion de représenter le Niger à l’étranger où il a remporté des trophées. Il était le premier lauréat humoriste Tarmamun mu et a aussi participé deux fois au Parlement du Rire, trois fois au Festival du Rire à Lomé, et joué dans plusieurs comédies clubs, notamment à Abidjan et en Tanzanie.
Il a en effet réussi à se faire une place à Abidjan, un lieu très compétitif
où l’humour a quelque chose de magique. « Ce qui ne fait pas rire ici peut être hilarant ailleurs. Moi, je fais toujours de mon mieux pour proposer des sujets simples, des choses dans lesquelles les gens peuvent se reconnaître. Je parle de leur quotidien, de leur jeunesse, des réalités africaines. Je n’ai pas besoin d’aller chercher loin : j’observe et je raconte ce que je vois », a-t-il fait savoir.
Au Niger, déplore El Polo Loco, les gens ont tendance à confondre les humoristes avec les web-comédiens. ‘Un humoriste de scène a besoin d’un public, d’une scène, de réactions en direct. Un web-comédien, lui, fait des vidéos, parfois sans jamais monter sur scène. Il faut qu’on comprenne cette différence et qu’on valorise chaque métier pour ce qu’il est », a-t-il expliqué.
Aïchatou H. Wakasso (ONEP)