
Aminatou Aboubacar, championne d’Afrique des -48kg en judo
Dans un pays où le judo peine encore à captiver les foules, surtout chez les jeunes filles, certains esprits courageux tracent leur propre voie sur les tatamis. C’est le cas de Aminatou Boubacar Ousmane, surnommée affectueusement « Mina », une jeune judoka née le 19 octobre 2009. Elle est en classe de 4è et fait déjà parler d’elle dans la catégorie Cadette des -48 kg. Athlète du Samouraï Club et membre de l’équipe nationale du Niger, elle attache fièrement sa ceinture violette. Mina a récemment fait la fierté de son club, de ses entraîneurs et de tout le Niger en remportant brillamment ses combats face à ses adversaires Algérienne, Tunisienne et Sénégalaise, devenant ainsi championne d’Afrique de judo des -48 kg lors du championnat d’Afrique tenu à Luanda, en Angola.
Mina a littéralement grandi dans l’univers du judo. Son père, feu Boubacar Ousmane, l’a inscrite au club dès l’âge de deux ans, une décision qui allait marquer à jamais le destin de sa fille. Son histoire, raconte-t-elle, a commencé un jour ordinaire en jouant avec son amie d’enfance. L’arrivée inattendue de Daouda, le grand frère de son amie et judoka, a tout changé. Il lui demanda si elle voulait essayer ce sport. Un simple hochement de tête, et l’histoire se mit en marche.
« Mon père, paix à son âme, a demandé si c’était possible de commencer à mon âge, je n’avais que 2 ans. Daouda lui a dit oui et tout de suite, il a payé le kimono et l’inscription. Le lendemain, papa m’a portée sur ses épaules jusqu’au club de judo de Dosso. Je ne savais pas ce que je faisais, mais j’aimais déjà ça. Aujourd’hui que je comprends, je rends grâce à Dieu », confie Aminatou, les yeux pleins d’émotion.
Fière d’être la seule judoka de sa famille, Aminatou porte haut les couleurs du Niger. Elle affiche déjà un palmarès prometteur, avec une dizaine de médailles à son actif, dont cinq en or. Elle veut prouver que les jeunes filles ont elles aussi leur place dans les arts martiaux et que le Niger peut briller à travers elles.
Lorsqu’une compétition importante approche, elle sait se surpasser car elle se rend chaque soir à l’Académie des Arts Martiaux pour intensifier sa préparation. « Lorsque j’ai une compétition importante, je donne tout et je suis heureuse quand je combats », déclare-t-elle. Son modèle est Djibo Abdoul Aziz, un athlète du même club, membre de l’équipe nationale, qu’elle admire pour sa sérénité, son courage et sa persévérance en compétition. Aminatou s’inspire de lui pour rester concentrée afin de progresser dans ce domaine du sport. Pour elle, le seul objectif en tête, est de devenir une grande championne d’envergure internationale.
Comme beaucoup de jeunes athlètes nigériens, elle fait face à des difficultés, notamment financières. Les frais de transport pour se rendre aux entraînements représentent parfois un véritable obstacle. Malgré cela, elle ne baisse jamais les bras. « Je fais tout pour ne pas manquer un entraînement. Parfois, des camarades de classe m’y amènent, sinon je me débrouille seule », confie-t-elle.
Mina reste une fille engagée et équilibrée, elle aide sa mère dans les tâches ménagères avant de rejoindre le stade pour ses séances d’entrainement. Pour Aminatou, le judo est bien plus qu’un sport, c’est une vocation, une discipline de vie et une source d’ambition profonde. Son vœu le plus cher, voir sa persévérance récompensée, entendre son nom et l’hymne national du Niger « l’honneur de la patrie » résonner à l’international à chaque compétition. « Cette médaille n’est qu’un début, in shaa Allah », dit-elle avec confiance. Pour le 1er responsable de son club formateur ‘’Samouraï Club’’ Me Soumaïla Bako, cette performance est le fruit du travail acharné de ses entraîneurs. « Me Moussa Souley et Me Illiassou Aboubacar s’investissent pleinement pour faire d’elle une athlète de haut niveau » ajoute-t-il. Il a indiqué que l’année 2025 est une année de bonheur pour elle et pour tous ses entraîneurs. À chaque championnat, elle brille en montrant de quoi elle est capable. Selon lui, Aminatou s’entraîne toujours avec sérieux, au point qu’aucune cadette de sa catégorie ne parvient à la faire tomber aux entraînements. « C’est pourquoi les entraineurs la font s’entraîner avec les garçons cadets » dit-il. « C’est une vraie guerrière, elle se bat avec le cœur, et ses coaches lui font pleinement confiance. Notre club est fier d’elle. Elle nous a honorés en remportant la médaille d’or dès sa première participation au championnat d’Afrique. Je ne peux que l’encourager. Elle se prépare à retourner sur les tatamis en Algérie pour les Jeux scolaires et nous espérons une nouvelle médaille d’or. Nous sollicitons les prières de tous les Nigériens pour qu’elle ramène une autre médaille », a déclaré Me Soumaïla Bako.
Assad Hamadou (ONEP)