A l’entrée ouest du village artisanal de Wadata, dans le 3ème arrondissement de Niamey, des étalages des pots en terre cuite sont visibles sous des hangars. Ce sont des œuvres artisanales à la fois esthétiques. On y trouve des pots de fleur, des woks, des crêpières, des canaris, des gargoulettes et des cassolettes (encensoirs).
Gajé Mani est l’une des fabricantes de ces chefs-d’œuvre. Habitante de Mirriah (région de Zinder) où elle dispose de son propre atelier, la vaillante dame de 48 ans parcourt des centaines de km pour joindre le carrefour de référence qu’est le village artisanal de Niamey, afin d’écouler à juste valeur ses articles qu’elle confectionne à base de l’argile rouge et noir qu’elle se procure à 7 km de Mirriah.
Héritière du métier de la poterie auquel elle a été initiée depuis ses 8ans, Gajé Mani passe souvent un mois entier à Niamey, à vendre ses pots. Une fois le gros lot fini ou presque, elle retourne à Mirriah pour fabriquer d’autres pots qu’elle revient commercialiser au village artisanal de Niamey. Depuis plusieurs années,elle passe sa vie entre son atelier (Mirriah) et le village artisanal. Et c’est cela aussi le business de Mme Gajé. «Pour les transporter j’achète des cartons, de la corde qui servent à protéger les pots lors du transport. Les pots sont acheminés de Zinder à Niamey par les bus en raison de 1500FCFA à 3000FCFA, selon la taille des emballages. Une fois ici, on cherche les matières pour les décorer», explique-t-elle. Gajé Mani utilise de la peinture blanche, rouge brique, noire, cendre, du vernis, du pinceau et du pétrole pour la décoration des pots.
Une fois prêts, le complet de petits pots de fleur se vend à 15.000FCFA sans fleur et à 20000FCFA avec fleur, les moyens à 20.000FCFA sans fleur et 25.000FCFA avec fleur et les plus grands à 35.000FCFA avec fleur. Gajé Mani fabrique, aussi à base d’argile des woks, des crêpières qu’elle vend à 1.000 FCFA, des canaris, des gargoulettes à 2.500FCFA et des cassolettes (encensoirs) de 500 à 1.250 FCFA. Elle répare aussi les pots cassés dont les prix varient en fonction du niveau de la fissure. Comment fabrique-t-on un pot?
La fabrication des pots commence avec de l’argile noire submergée dans un bassin d’eau pendant toute une nuit, apprend-on. La matière dévient ferme et gluante. Elle est ensuite pétrie avec de l’argile rouge bien pilée et tamisée. Une fois l’argile solidifiée, on taille le fond du pot en utilisant de spatule en bois pour l’étaler et doubler. Puis à l’aide d’un moule on enroule la pate d’argile de façon à former la paroi. Progressivement la base de l’argile est tirée vers le haut en appliquant une pression régulière jusqu’à ce que le pot soit de la hauteur souhaitée. La forme finale obtenue est d’abord séchée, elle est essuyée avec de l’argile rouge afin de la rendre lisse et brillante. C’est là qu’intervient la phase de mise au feu qui dure du coucher au lever du soleil. Ce faisant, Gajé Mani fabrique deux (2) pots par jour.
Cependant, face au risque élevé de voir parvenir ses pots à Niamey en morceaux du fait de l’état de dégradation de la route sur l’itinéraire à certains niveaux, l’artisane s’y prend avec sa propre méthode. C’est ainsi qu’elle confectionne ses pots en deux pièces. Elle les assemble à Niamey à l’aide de colle et de la poudre de plâtre mélangées, avant de procéder à la décoration et à la peinture.
Les difficultés qu’elle rencontre sont entre autres celles liées au marché et au transport. En effet, malgré sa méthode Gajé Mani qui se retrouve souvent avec des articles fissurés fait aussi face à une rareté de la clientèle de fois. Néanmoins, elle affirme bénéficier du soutien de son mari et se dit fière de son métier qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille et même de payer la scolarité de ses enfants.
Chérifatou Adamou H. Dourbi (stagiaire)