Les travaux de la première session ordinaire de l’Assemblée nationale au titre de l’année 2022, dite session des lois se poursuivent à l’hémicycle Place de la Concertation. La plénière du vendredi 22 avril 2022 a été consacrée à l’examen et au vote du texte modifiant et complétant l’axe 1 de la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement défendu par le Premier ministre, Chef du Gouvernement, M. Ouhoumoudou Mahamadou. A l’issue des débats, les parlementaires ont par une très large majorité, adopté le texte ainsi soumis par le Gouvernement, donnant par la même occasion, le feu vert au redéploiement, au Niger, des forces Barkhane et Takuba en cours de retrait du Mali. La plénière a été dirigée par le président de l’Assemblée nationale, M. Seini Oumarou en présence des membres du Gouvernement.
Après un long et vif débat d’une journée autour de la proposition de modification de texte présentée par le Premier ministre, M. Ouhoumoudou Mahamadou concernant la révision de l’axe 1 de sa Déclaration de Politique Générale relatif à la sécurité pour intégrer l’accueil des forces étrangères au Niger, les députés nationaux ont voté le texte en examen par 131 voix pour, 31 voix contre et Zéro (0) abstention.
Pour rappel, la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement était approuvée par l’Assemblée nationale le 26 Mai 2021. Le document comporte sept (7) grands axes d’orientation de l’action gouvernementale. Il s’agit respectivement de la sécurité et la quiétude sociale ; la bonne gouvernance et la consolidation des Institutions républicaines ; le développement du capital humain ; la modernisation du monde rural ; le développement des infrastructures économiques ; l’exploitation des potentialités économiques ; la solidarité et l’inclusion socioéconomique des catégories en situation de vulnérabilité.
Selon le Premier ministre nigérien, un des défis majeurs auxquels fait face le pays, à l’instar des autres nations du monde, est la recherche de la sécurité et de la quiétude sociale qui constitue fort justement le premier axe. Pour M. Ouhoumoudou Mahamadou, la paix, la sécurité et la coexistence pacifique entre les nations et à l’intérieur d’une même nation, est l’objectif ultime que visent les nations du monde réunies au sein de l’Organisation des Nations Unies (ONU) créée en 1945 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les Nations prises individuellement et collectivement, à travers les organisations sous régionales, régionales et à travers l’ONU, déploient des efforts intenses pour l’atteinte de cet objectif. Malgré tout, a-t-il poursuivi, des foyers de tension, plus ou moins intenses, émergent, se développent et deviennent des sources de préoccupation. C’est le cas pour les pays du Sahel central, dont le Niger, qui vivent une situation d’insécurité sévère depuis 2011, suite à la crise qui sévit en Libye.
S’agissant du Niger en particulier, M. Ouhoumoudou Mahamadou a indiqué que, l’évolution négative de l’environnement géostratégique rend particulièrement compliquée la réalisation de cet objectif de paix et de sécurité malgré les efforts incommensurables déployés par le gouvernement et ses forces de défense et de sécurité, auxquelles il a rendu un hommage bien mérité. Le Niger est enclavé, partageant des frontières avec seps (7) autres pays. Le pays se trouve au centre des soubresauts qui affectent malheureusement plusieurs d’entre eux. C’est le cas de la Libye, du Mali, du Burkina Faso, du Tchad et du Nigeria. «De ce fait, nous devons gérer de façon concomitante quatre foyers actifs de tension sécuritaire : la frontière avec la Libye au nord-Est, le bassin du Lac Tchad à l’est, la frontière avec le Nigeria au sud, la zone des trois frontières Burkina-Mali- Niger à l’ouest. Cette situation amène notre pays à fournir d’énormes efforts pour préserver son immense territoire malgré ses ressources limitées», a-t-il expliqué.
Dans son intervention peu avant le vote, le Premier ministre a largement édifié les députés sur la configuration des menaces qui planent sur le pays avec des facteurs aggravants. Ainsi selon lui, les opérations menées par Barkhane et Takuba au Mali et en particulier non loin des frontières du Niger ont permis de réduire l’ampleur de la menace en neutralisant les principaux leaders des groupes terroristes. C’est donc face à cette situation et aux perspectives de son évolution, en accord avec le Président de la République, chef de l’Etat, chef suprême des armées, soucieux d’assurer la paix et la quiétude aux populations, que le gouvernement a pris l’initiative de réviser le premier axe de la déclaration de politique Générale, de l’adapter au nouveau contexte et de soumettre le texte y relatif à l’adoption de l’Assemblée Nationale. Le Chef du gouvernement a aussi dit que, la communauté internationale est disposée à repenser son appui aux Etats du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest face au défi du terrorisme.
C’est pourquoi il y a lieu d’accueillir favorablement la décision de l’Union Européenne de lever les restrictions qui pèsent sur l’achat des armes et équipements militaires sur les fonds d’aide de la communauté. «Je voudrais vous remercier pour ce vote favorable qui a permis à mon gouvernement de dérouler progressivement les engagements du Président de la République, chef de l’Etat, SE. Mohamed Bazoum contenus dans le Programme de Renaissance III et dans les orientations pertinentes déclinées dans son discours d’investiture du 2 avril 2021», a déclaré le Premier ministre peu après le vote du texte.
M. Ouhoumoudou Mahamadou a en outre notifié aux parlementaires que cette modification majeure de la déclaration de Politique Générale du Gouvernement a besoin d’une forte approbation du peuple nigérien à travers ses représentants légitimes que sont les députés nationaux. C’est pour cela qu’un débat, suivi d’un vote de la représentation nationale sur ce texte modificatif de l’axe l de la Déclaration de Politique Générale, apparait comme la voie la mieux indiquée. Cela prouve que l’attachement du Gouvernement à la paix et à la sécurité des concitoyens est si profond que pour l’adoption de ce texte le gouvernement n’a pas hésité à engager sa responsabilité conformément à l’article 107 de la constitution qui dispose, que : «le Premier Ministre peut, après délibération du conseil des ministres, engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée Nationale sur le vote d’un texte. Le texte est considéré comme adopté s’il recueille la majorité absolue des votes».
Dans les débats, la majorité des députés ont affirmé que face à cette situation, le Niger seul ne peut mener cette guerre, la recherche des partenaires s’impose nécessairement. Le Premier ministre a enfin salué la compréhension du souci du gouvernement face à l’insécurité dans le pays. «J’avais retenu de ce bel exercice de démocratie votre volonté de faire droit aux profondes aspirations de nos concitoyens qui ont placé leur confiance en vous par le mandat qu’ils vous ont donné de les représenter», a conclu M. Ouhoumoudou Mahamadou.
Seini Seydou Zakaria(onep)