Monsieur l’Administrateur délégué, vous êtes à la tête de la commune urbaine de Kollo, depuis quelques mois. Quelle était la situation de cette collectivité à votre arrivée et où en êtes-vous aujourd’hui ?
Je suis arrivé en fin avril dernier, après la réunion de débriefing qui a rassemblé l’ensemble des administrateurs délégués autour du ministre d’Etat, ministre en charge de l’intérieur et de l’administration territoire. Nous avons pris des engagements pour assumer en toute intégrité les responsabilités, la mission qui nous ont été confiée par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie.
Pour le cas de la commune urbaine de Kollo, je ne suis pas passé par mille chemins pour expliquer à la population et aux acteurs du développement communautaire que tout doit et va désormais se faire dans le respect strict du code des collectivités territoriales. Ni plus, ni moins ! Et le gros souci c’était la mobilisation des ressources de la collectivité. J’ai trouvé, à mon arrivé un déficit de recouvrement de l’ordre de 80% sur les 31 villages de la commune. Il n’y a qu’un seul village qui a mobilisé, exceptionnellement 90%.
En dehors des taxes d’impôts, Kollo dispose de deux importants marchés : le marché principal et celui de Kollo-zongo. Alors pour comprendre ce qui se passait au niveau du marché principal qui est une référence en termes de commerce de bétail dans la région, j’ai demandé des rapports des trois derniers marchés de la période qui précèdent la fête de Tabaski, des années 2022 et 2023, afin d’analyser la situation et envisager des solutions. Et le tout n’a pas dépassé 1.000.000 de FCFA. Mais, nous ce que nous avons entrepris avec l’appui des agents de la mairie et de la jeunesse de Kollo qui est décidée à accompagner le CNSP, nous sommes arrivés à mobiliser presque 3.000.000 FCFA pour la même période seulement en 2024.
Pour asseoir une culture de civisme fiscal chez la population, nous donnons la priorité à ceux et celles qui s’en acquittent régulièrement, dans la délivrance de nos services. C’est le cas pour la carte bleu par exemple, dans le cadre du recrutement militaire. Par ce que nous pensons que le patriotisme et le civisme sont liés, et tout citoyen doit naturellement aimer voir prospérer sa commune, son pays. Qui aime son pays, doit aimer sa commune, c’est elle qui lui fournit les services sociaux de base. Et ces services proviennent des impôts payés par le citoyen.
La commune de Kollo est une référence en matière de potentialités agro-sylvo-pastorales. Quelles sont les actions que vous entreprenez pour la valorisation de ces ressources au profit de la résilience et du développement communautaire ?
Kollo, c’est une zone d’abord agricole et pastorale. Et la commune est largement traversée, sur une trentaine de kilomètre, par le fleuve Niger, permettant ainsi diverses activités piscicoles. Nous avons l’agriculture irriguée et l’agriculture hivernale. Nous avoisinons la commune de Ndounga et celle de Kirtachi avec de vastes périmètres d’irrigation aménagés. Et avec la vision des autorités actuelles du pays, d’importants travaux seront bientôt mis en œuvre pour réhabiliter et étendre les sites afin de booster la production du riz.
Un peu loin des rives du fleuve, nous avons des terres propices aussi où l’on cultive du mil, du sorgho, du maïs, du haricot, et du sésame, un peu partout dans les 31 villages de la commune. L’agriculture est donc la principale activité, suivie de l’élevage et de la pêche. Dans notre action, nous sommes à l’offensive vers les partenaires, nous les attirons et les mobilisons afin qu’ils participent au développement communautaire. Nous accompagnons les structures paysannes à acquérir du matériel, à maîtriser des techniques à travers la formation, l’encadrement et la sensibilisation.
Depuis une décennie, le département de Kollo est impacté par l’insécurité, ce qui à un moment a fortement perturbé le développement économique. Quand est-il aujourd’hui ?
Effectivement, mais la commune de Kollo n’est pas tellement touchée ces derniers temps, c’est plutôt le département dans la zone de Kouré. Tout récemment vous étiez au courant de l’incursion de ses terroristes dans le village de Kirtachi avec lequel nous faisons frontières. Ce qui nous a amené, avec l’appui de nos autorités et de bons partenaires, à mener des actions de sensibilisation vis-à-vis de la population et surtout de la jeunesse de ces villages riverains du fleuve Niger qui est un endroit proche du Park national W. Avec une mission des éléments des FDS venus de Niamey, une caravane nous a conduits dans tous les villages du département de Kollo. Il est arrivé un moment où le bidon d’essence se vendait à onze mille, douze mille, mais ces gens sont capables de l’acheter à cinquante mille voire soixante mille et au-delà pour un bidon de vingt cinq litres. Cette question de trafic de carburant à destination des groupes terroristes a fait l’objet de notre campagne de sensibilisation. Nous expliquons à la jeunesse surtout que s’engager avec ces gens c’est contribuer au massacre qu’ils perpétuent. Il faut que les gens soient soudés, il faut qu’ils s’aiment et qu’ils soient vigilants tout en informant les responsables locaux des situations suspectes. Voyez-vous la sensibilisation est une arme pour endiguer ces actions des groupes terroristes.
Vous avez parlé de votre démarche de recherche de partenaires. Êtes-vous véritablement dans la continuité par rapport à la mise en œuvre des projets de développement communautaire de la ville de Kollo ?
Il n’y a aucune rupture, mais plutôt une augmentation des partenaires. A notre arrivée à la tête de la commune, nous avons trouvé des partenaires qui ont quitté, mais qui sont aujourd’hui revenus. Compte tenu d’une certaines stabilité sociale qui s’installe dans la commune. Nous exigeons cependant que chaque partenaire qui doit nous accompagner ne le fasse sans l’intervention de l’administration. C’est elle qui gère la population parce qu’il faut que l’administration sache quelle est l’intention du partenaire, qu’est-ce qu’il est venu faire ou apporter. Mais malgré cela, nous avons des partenaires. J’avais reçu ce matin des partenaires. Il s’agit de AREN qui appuie les jeunes dans la filière lait. Ils ont fait un premier pas en appuyant les jeunes avec des matériels de transformation de lait. De l’autre côté certains ont reçu des vaches laitières.
Le problème crucial aujourd’hui qui nous préoccupe dans la commune de Kollo, c’est le problème d’eau. Il y a des quartiers où pour avoir de l’eau pour faire les ablutions, c’est tout un problème. L’eau n’est disponible qu’à 1h ou 4h du matin. Aujourd’hui l’offensive de l’administrateur délégué, c’est la recherche de ces partenaires qui peuvent permettre de décongestionner ce problème d’eau au niveau de la commune de Kollo. C’est un problème que j’ai trouvé. La commune cherche et la population élabore des dossiers de recherche de forage ou de puits. Avant-hier nous étions avec des partenaires qui nous ont promis de nous construire une grande mosquée, un forage, deux classes, clôturées, un bloc de latrines. Cela nous l’avons envoyé dans un village de la commune de Kollo en accord avec les cadres de la mairie et le chef de canton. Les travaux vont incessamment commencer.
Nous avons aussi le concours du projet PIDUREM qui est au niveau de la direction régionale de Tillaberi qui est en train de nous construire un centre de santé intégré, de clôturer le service des sapeurs-pompiers et de construire un bloc de trois classes dans un village à dix kilomètres qui s’appelle Wandunga.
N’empêche, l’État n’est pas resté en marge. A travers lui, les travaux de la construction de la direction départementale de l’état civil sont en cours. Un autre CSI de type II sera construit au niveau de notre dernier village avant de rentrer dans la commune rurale de Kirtachi puisque dans la zone il y a plusieurs villages dépourvus de centre de santé.
Le gouvernement a lancé il y a quelques mois le programme grande irrigation qui touchera presque l’ensemble des régions du Niger. La commune de Kollo est-elle concernée ?
Tout le long du fleuve est concerné. C’est dans ce cadre que le Directeur général du riz du Niger a effectué une mission dans le département de Kollo. L’usine de transformation de riz de Kollo ne répond pas à l’engagement de la grande irrigation. C’est pourquoi il faut faire une extension de cette usine, ce qui nous a permis de trouver un espace approprié que nous avons attribué à la direction départementale de Kollo du riz du Niger. Nous avons à peu près trente kilomètres de périmètre. Cela m’a permis d’ailleurs dès le passage de cette mission d’effectuer une visite au niveau de la coopérative rizicole de Séberi, qui est la plus grande de la commune urbaine de Kollo pour sensibiliser les exploitants de ces parcelles rizicoles afin qu’ils apportent leur contribution dans le développement de cette usine qui est en train d’être agrandi. Nous avons passé des heures avec cette population et nous avons convenu que dorénavant les redevances ne seront plus payées en espèces, mais plutôt en riz. Cela permettra à l’usine d’avoir de quoi fonctionner à tout moment.
Réalisé par Ismaël Chékaré et Hamissou Yahaya (ONEP)