De nos jours, les dépenses exorbitantes liées aux réjouissances et autres événements sociaux (mariage, baptême et décès) font l’objet de plaintes et de préoccupations largement partagées. Une situation qui a été perçue jusqu’au haut sommet de l’Etat. En effet, au cours du Conseil des ministres du vendredi 26 juin 2020, cette lancinante question était au centre d’une communication conjointe faite par les ministres en charge de l’Intérieur, de la Sécurité Publique, et des Affaires Coutumières et Religieuses ; de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale, ainsi que celle de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant. A cette occasion, les trois ministres ont attiré l’attention du gouvernement sur les dépenses ostentatoires engendrées par les cérémonies sociales. La situation est telle que le gouvernement a jugé utile d’agir en accentuant les actions de sensibilisation, avec à la clé l’organisation d’un forum national axée sur la question. Le jeu en vaut vraiment la chandelle !
Prenons seulement le cas des dépenses liées aux cérémonies de mariage. En dépit du fait que la situation est déjà très compliquée, les gens ne cessent de surcharger toujours davantage la barque des dépenses en créant des pratiques toujours plus ruineuses. Tant et si bien que par ces temps qui courent, les annonces de mariage, qui sont censées susciter un sentiment de joie profonde, éveillent plutôt chez certains des inquiétudes sur fond de crispation de mine. Car, désormais le mot ‘’mariage’’ résonne comme ‘’dépenses folles’’.
Pour les femmes, véritables artisanes des pratiques ruineuses, la partie ressemble à un cynique jeu de ‘’hara-kiri’’ : on avance, on s’enfonce, mais on avance quand même…Tant et si bien que chaque jour, l’on invente une autre pratique plus dépensière que les autres. Aujourd’hui, pour un mariage digne de ce nom, mine de rien, les amies et les sœurs de la jeune mariée sont appelées à se tailler au moins cinq tenues différentes : celles de la fête de la veille du mariage appelée ‘’party kwayawa’’, le bazin ultra-riche de la fathia, l’uniforme pour le ‘’tchamama’’ de la journée, le second uniforme pour l’accompagnement de la jeune mariée, la tenue du cocktail (généralement en lèche super-brillante). Il faudra y ajouter, dans certains cas, la tenue pour le mariage civil à la mairie. Si l’on s’exerce à évaluer le coût global, rien que des effets vestimentaires nécessaires liées à la participation aux réjouissances du mariage, ça va aller chercher dans la bagatelle de 100.000 francs CFA. Pour les plus nanties d’entre elles, ces dépenses vestimentaires s’évaluent en centaines de mille. Tout ça, rien que pour frimer !
Mais, alors où peut-on aller sur la voie du développement s’il faut continuer à s’endetter pour faire la java, le temps d’une réjouissance de mariage ou de baptême ? Il faut que ça change ! Et si malgré tout, les gens ne voudront pas changer par eux-mêmes, il faudra alors le leur imposer. D’une façon ou d’une autre…
Assane Soumana(onep)