Bulletin d’information n°5, juin 2025
Le jeudi 26 juin 2025, l’Institut de Recherches en Sciences Humaines (IRSH) et l’Université du Bien Commun (UBC), en collaboration avec NEXUS Emilia Romagna ont organisé dans le cadre du projet : « Promotion de la coexistence pacifique, de la protection, et de dialogue interreligieux au Niger » (AID 012970/01/4), financé par l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement (AICS), une conférence publique sur le thème « Citoyenneté et civisme dans l’espace AES ».
C’est un public composé d’universitaires, d’étudiants et de membres de diverses associations qui est venu très nombreux pour écouter les trois conférenciers qui sont : Pr YACOUBA Halidou, enseignant-chercheur en Philosophie, Dr ABDOU KOINI Abdoul Kader, enseignant-chercheur en Droit Public et LALO KEITA Omar, journaliste-activiste membre fondateur de SOS Civisme. Cette publication a été réalisée avec la contribution de l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement. Le contenu de cette publication est exclusif responsabilité de Nexus ER ETS et ne représente pas nécessairement le point de vue de l’Agence.
Ce bulletin d’information retrace d’abord la substance des allocutions des représentants des organisations partenaires avant de présenter respectivement la teneur des interventions des trois conférenciers et celle du public.
La substance des discours des représentants des organismes partenaires
Comme à l’accoutumée, la conférence a débuté avec les mots de bienvenue du Directeur de l’IRSH Dr Hamadou ISSAKA, de Monsieur Mauro ARMANINO représentant de l’UBC et Madame ISSAKA Nana Hadiza MOUSSA représentante de NEXUS. Pour cette conférence qui est la dernière organisée pour cette année, ils ont rappelé les thématiques développées dont l’intérêt n’est plus à démontrer. De ce fait, il est nécessaire de poursuivre ce bel exemple de collaboration pour la promotion de la coexistence pacifique, de la protection des migrants, et de dialogue interreligieux au Niger. Ces échanges ne seront pas que des mots mais seront pris comme des idées pour développer de nouveaux projets a annoncé Madame ISSAKA Nana Hadiza MOUSSA.
Après les allocutions des organisateurs, Pr BONTIANTI Abdou, Directeur de recherche au Département de Géographie et Aménagement de l’Espace (GAME) de l’IRSH, modérateur de la conférence a pris la parole pour rappeler et justifier brièvement les thématiques tout comme ses prédécesseurs en lien avec la dynamique sécuritaire en cours dans le Sahel avant de présenter les trois conférenciers.
Que faut-il faut retenir des interventions des trois conférenciers ?
Axée sur 8 points, la première communication a été présentée par Pr YACOUBA Halidou qui a fait d’abord une analyse étymologique des concepts « citoyenneté » et « civisme » avant de les mettre en contexte avec la dynamique en cours dans les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Ainsi, après avoir parcouru les contours de ces deux concepts, il a démontré que la citoyenneté et le civisme ne sont pas des concepts creux dans un État démocratique. Poursuivant son analyse, Pr YACOUBA Halidou a défriché des pistes pouvant permettre à l’AES de faire de son espace un havre de paix et de prospérité. Pour cela, un engagement citoyen et une mobilisation citoyenne doivent s’appuyer sur une société civile qui n’est ni à la solide du pouvoir ni à celle de l’opposition ou des hommes de Dieu qui cultivent la paix et la tolérance. Trois défis majeurs ont été identifiés par Pr YACOUBA Halidou pour l’AES : il s’agit de l’égalité des sexes et la lutte contre l’exclusion des femmes sous toutes ses formes, la protection de la nature par les citoyens et la formation des jeunes. Relever ces défis requière une mobilisation des ONG féminines, une égalité écologique et une politique juste de lutte contre la pauvreté donnant une place de choix aux jeunes. Il conclut en appelant à un engagement citoyen pour le respect des lois qui empêche à la cité de sombrer dans l’anarchie et à faire de l’AES une citoyenneté mondiale viable régie par des lois avant de citer Seydou Badian Kouyaté qui dit que l’homme n’est rien sans les hommes.

La deuxième communication a été présentée par Dr ABDOU KOINI Abdoul Kader qui, de prime à bord, fait remarquer que la citoyenneté est au cœur des débats ces derniers temps avant de définir de manière synthétique citoyenneté et civisme. Dr ABDOU KOINI Abdoul Kader a égrené les conditions qui permettent d’obtenir la citoyenneté d’un Etat. Pour le cas des pays pauvres a-t-il remarqué, la première condition qui est liée à la naissance biologique n’est pas garantie du fait que de nombreuses naissances ne sont pas déclarées. Après avoir parcouru les contours de la citoyenneté en lien avec la société et l’État, il est revenu sur le civisme en donnant des pistes qui rendent effectif le civisme. Il s’agit de la participation indéniable des citoyens dans la gestion des affaires publiques et la nécessité de rompre avec les comportements inciviques. Pour chaque cas, Dr ABDOU KOINI Abdoul Kader a donné des exemples précis et des propositions qui peuvent contribuer au développement social, économique et politique dans l’AES.
La troisième communication a été présentée par Monsieur LALO KEITA Omar qui a remercié vivement les organisateurs de la conférence avant de faire un rappel du discours du Directeur de l’IRSH qui disait que tout est à reconstruire au Sahel. Ainsi, Monsieur LALO KEITA Omar note que trois défis entravent citoyenneté et civisme avec des exemples tirés de sa longue expérience de vie associative à savoir le terrorisme, les migrations et l’extrémisme religieux. Le public a été émerveillé par les actions menées par Monsieur LALO KEITA Omar à travers SOS Civisme sur le dialogue interreligieux à Zinder et à Maradi où toutes les religions étaient réunies dans une seule salle. Depuis, des cellules ont été mises en place dans les régions et le dialogue interreligieux se fait désormais dans l’espace avec des sensibilisations visant les scolaires pour des manifestations pacifiques.

En guise de conclusion, Monsieur LALO KEITA Omar est revenu sur deux points qui sont nécessaires à travailler à savoir les effets pervers des réseaux sociaux sur la société qu’il a développés dans son intervention et le communautarisme car le repli identitaire est un frein à la citoyenneté.
Le modérateur Pr BONTIANTI Abdou a fait un résumé des interventions avant de donner la parole au public.
Intervention du public
Les participants, très enthousiastes, ont salué l’initiative d’organiser ces genres de rencontres scientifiques qui permettent le dialogue entre la science et la société.
Des contributions très nombreuses ont enrichi la conférence en ajoutant des définitions pour compléter celles données par les conférenciers ou pour éclairer les participants sur des zones d’ombre négligées lors des présentations. De l’extrême violence à l’injustice en passant par la mal-gouvernance et l’insécurité, le public a passé au peigne fin les freins à la citoyenneté et au civisme dans les pays sahéliens. Ces contributions ont donné lieu aussi à des recommandations diverses pour une citoyenneté responsable et pour un développement en harmonie avec les aspirations des peuples du Sahel.
Pour clore ce bulletin, il convient d’informer que ces communications feront l’objet d’une publication qui peut être consultée dans un numéro spécial de la revue Mu Kara Sani de l’Institut de Recherches en Sciences Humaines (IRSH).
Professeur Abdou Bontianti
Directeur de Recherches
Institut de Recherches en Sciences Humaines
Université Abdou Moumouni (UAM)
