
Colonel Major Bana Alhassane
Monsieur le Gouverneur, le CNSP a deux ans au pouvoir, quel est l’état général de votre entité administrative en particulier sur le plan sécuritaire ?
Zone agro-pastorale par excellence, la région de Dosso est souvent secouée par des conflits sociaux entre agriculteurs et éleveurs, et parfois intracommunautaires. A cela s’est ajouté depuis quelques temps, un climat d’insécurité né du terrorisme importé que traversent un certain nombre de nos régions. Il est important de souligner que, pendant une longue période, la région de Dosso qui débouche sur deux frontières notamment celles du Nigeria et du Bénin, ne subissait pas directement des attaques terroristes contrairement à certaines régions fortement touchées par le phénomène. Elle a longtemps servi de zone de passage pour les différents groupes terroristes qui traversaient en direction du nord du pays où ils opéraient. Mais depuis pratiquement deux ans, la situation a complètement changé avec des attaques perpétrées sur des populations civiles qui se multiplient et souvent sur nos FDS qui sont prises pour cibles. Pour tenter d’expliquer cette ampleur subite du phénomène, il est important de souligner que ces forces du mal, fortement concentrées au nord, ont essuyé d’importantes défaites qui les ont affaiblies. Cela les a sans doute contraintes à se rabattre sur les populations riveraines des deux frontières. Dans l’ensemble, la situation sécuritaire est globalement sous contrôle dans la région de Dosso, bien qu’elle fasse frontière avec deux pays de la CEDEAO hostiles à notre pays.
Quel changement avez-vous relevé dans la vie de la population de votre Région et dans son état d’esprit par rapport à la marche du pays ?
Le changement que nous avons relevé dans la vie de la population est celui du regain de patriotisme ainsi que son aspiration à la souveraineté du pays. C’est dans cette optique qu’elle salue l’expulsion des forces armées étrangères de notre pays ainsi que la nationalisation de certaines sociétés étrangères. Il est important ici de rappeler que sur toute l’étendue du territoire national, les populations de la région de Dosso ont été les premières à sortir soutenir le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie CNSP, et cela dès les premières heures de sa prise de pouvoir. Cela témoigne, si besoin est, que l’avènement du CNSP à la tête du pays a été pour elles, un acte patriotique très salutaire. C’est pourquoi en dépit de maintes difficultés liées au climat d’insécurité qui sévit, elles continuent de faire preuve de résilience et d’engagement dans le combat pour une totale souveraineté de notre pays. S’il faut parler de changement notoire, c’est bien la prise de conscience collective de ces dernières par rapport à leurs devoirs patriotiques dans ce combat que mène le CNSP en vue de l’avènement d’une nouvelle ère sécuritaire, sociopolitique et économique dans notre pays. Cela se traduit par de nombreux efforts et sacrifices déployés au quotidien par ces populations à travers leur participation active au Fonds de solidarité, les séances de sensibilisation, les prières collectives, etc.
Pour conclure, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que les vaillantes populations sont prêtes à tous les sacrifices en vue d’accompagner nos FDS dans l’accomplissement de leur noble et exaltante mission.
Quels sont les principaux acquis à capitaliser notamment dans le cadre du Programme Grande Irrigation ?
Parmi les grands axes issus de la vision du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, l’urgence alimentaire fait partie des points saillants du programme de Refondation de notre pays. C’est pourquoi, la création du Programme Grande Irrigation (PGI) s’offre comme une opportunité pour les Nigériens, d’accéder à une véritable autosuffisance alimentaire tant prônée depuis plusieurs décennies. Cette initiative porteuse d’espoir, a pris plain pied dans la région de Dosso, grâce aux efforts du CNSP et du gouvernement, à travers l’Office National des Aménagements Hydro-Agricoles (ONAHA) et les partenaires au développement.
Ainsi, en termes de travaux de réhabilitation, on peut citer ceux effectués sur la digue piste de Gaya-Dolé. Sur un linéaire de 32 km, les travaux de cette digue ont permis la remise en exploitation de plusieurs périmètres en riziculture notamment plus de 298 ha en 2024, à l’intérieur de 4 périmètres et 600 ha hors périmètre. Comme effets induits, ces travaux ont permis de mobiliser 480 employés en main d’œuvre locale, recrutés par l’ONAHA durant dix (10) mois. Il s’agit d’une enveloppe de 1.507.952.330 F CFA.
Il y a les travaux sur le périmètre de l’Aménagement Hydro-Agricole de Sokondji. Sur une superficie de 58 ha, les travaux ont permis de mobiliser 75 employés temporaires pendant 3 mois, en plus des 17 agents permanents de l’ONAHA.
Nous avons aussi la réhabilitation de 25 ha et l’extension de 75 ha du périmètre pilote de Bossadjé, commune urbaine de Birni Ngaouré, dans le cadre du PIDAGRES, à travers le financement PNUD pour une enveloppe de 915.311.110 F CFA. Il y a en outre la réhabilitation complète, sur financement du PACIPA, des Aménagements Hydro-Agricoles de Kessa (110 ha) Gatawani Lux-Dev (50) ha et Gatawani UEMOA (80 ha) pour un total de 240 ha, dont les travaux sont en instance de démarrage.
Dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme ambitieux de grande irrigation au niveau de la région de Dosso, l’ONAHA a encadré la mise en valeur de 14 AHA en double campagne par an, pour une superficie cumulée de1450,91 ha exploités par 2316 ménages dont 157 femmes pour une production totale de14.610,52 tonnes toutes spéculations confondues.
Quels sont les défis et surtout les espoirs de la population ?
Il faut reconnaître que l’insécurité constitue le défi majeur auquel font face en ce moment les populations. Il est un truisme de dire que toute action de développement reste intimement liée à un climat de paix. La situation sécuritaire a considérablement contribué à la dégradation du tissu économique au niveau de la région, avec comme corollaire une flambée incontrôlable des prix de certaines denrées de première nécessité. Quant aux espoirs que nourrissent les populations, il faudrait parler de la tenue des Assises Nationales de la Refondation ayant permis à notre pays de tracer de nouvelles orientations dans le processus de la Refondation en cours. Enfin, la population de la région de Dosso fonde énormément d’espoir sur la concrétisation du complexe pétrochimique prévu à Dosso.
Propos recueillis par
ONEP